vendredi 24 mars 2017

| Interview ¦ 2/2 ¦ Patrick Mille : Monsieur Hervé, le casting et Motörhead

Sorti le mercredi 22 mars, Going to Brazil raconte la folle aventure de trois copines invitées au mariage de leur meilleure amie au Brésil, mais qui, à peine arrivées à Rio, vont tuer accidentellement un jeune homme trop insistant, et s'embarquer dans un périple trépidant à travers tout le pays, et entre drame et comédie.

 

Après un premier jet de questions/réponses, voici la seconde partie de l'interview de Patrick Mille, rencontré à l'occasion des Rencontres cinématographiques de Cannes en décembre dernier, consacrée à son personnage décalé de Monsieur Hervé, au casting féminin et à ses inspirations et modèles. Rencontre !






 Toxinémane : Le seul personnage qui ne vit pas de drame finalement, c’est celui que vous interprétez, Monsieur Hervé, l’agent consulaire...
 Patrick Mille : Oui, il dit d’ailleurs à un moment « j’adore les conneries ! » Pour le coup Monsieur Hervé c’est vraiment ce qu’on pourrait appeler un personnage de comédie à la française, c’est-à-dire qu’il véhicule une sorte de décalage. Il a envie de se marrer, il aime les bons mots, c’est d’ailleurs le personnage le plus français. Mais en même temps il a un truc complètement pas français, c’est qu’en fait le gars est un grand déjanté. Quand il se déguise en espèce de Birdman, en Ney Mato Grosso, en glamrock brésilien, à faire la chanson de Pierre Barouh, on est quand même dans une certaine démesure et du fantasque.

Quelle est sa place dans Going to Brazil ?
Monsieur Hervé fait partie de ces seconds rôles que Francis Weber appelle les "accélérateurs de comédie", et qu'on retrouve dans ses films ou ceux de De Broca ou Lautner. Chez Weber, par exemple, Depardieu et Richard ne font pas les malins : ils ont un truc à régler, ils ne se supportent pas et ce qu’ils vivent est un enfer. Et c’est ça qui est drôle, c'est ça que j’aime ! Et là-dessus, il y a souvent des accélérateurs de comédie, c’est-à-dire des personnages secondaires qui viennent donner un coup de pouce à l’action, la faire avancer - parce qu’un personnage qui ne fait pas avancer l’action il ne sert à rien, donc faut même l’enlever à l’écriture - mais en même temps qui l'accélèrent. C’est-à-dire que "paf !", d’un coup, le public aime les voir, sait que quand il les retrouve dans le film il va passer un chouette moment, il va se marrer, et ça c’est important parce que les personnages principaux, même si on rit d’eux, c’est pas forcément leur but. Leur but, c’est qu’on y croit et qu’on les accompagne dans leur aventure, qu’elle soit triste ou gaie, d’ailleurs.

Vous vous êtes beaucoup amusé à le jouer ?
Oui je me suis beaucoup amusé avec lui, et dès l’écriture. L’avantage c’est que je m’écrivais le rôle pour moi, du coup avec mon complice et coscénariste Julien Lambroschini on s’est beaucoup amusé en imaginant ce qu’il pourrait dire. Et après, sur le tournage, ça a vraiment été une récréation, parce que le tournage était compliqué, assez dense, c’était pas un film facile. Et du coup c’était une façon de souffler quand je me mettais dedans. C’était d'ailleurs assez facile, parce que quand on a écrit ce personnage, Julien s’est beaucoup inspiré de choses que je pouvais dire ou faire ! (rires)

mercredi 22 mars 2017

| Avis ¦ Going to Brazil, Patrick Mille et ses drôles de d(r)ames


Going to Brazil de Patrick Mille

  

Comédie, aventure, France, 2017, 1H34
Avec Vanessa Guide, Alison Wheeler, Margot Bancilhon
Sortie le 22 mars 2017



L'objectif : La folle aventure de trois copines invitées au mariage de leur meilleure amie au Brésil. À peine arrivées à Rio, elles tuent accidentellement un jeune homme trop insistant. Dès lors, tout s'emballe !



Le subjectif : En décembre dernier, grâce à l'association Cannes Cinéma et à la 29e édition des Rencontres cinématographiques, j'ai eu l'immense privilège de m'entretenir avec Patrick Mille - l'interview en deux parties est à retrouver par ici et puis par là - mais également la chance de découvrir en avant-première son dernier film, Going to Brazil. Fan de l'acteur, que j'ai notamment adoré dans 99 Francs ou La Jungle, je ne savais pas vraiment quoi attendre de son deuxième long-métrage, cinq ans après le drame intimiste Mauvaise fille, très bonne adaptation du livre du même nom de son épouse Justine Lévy. Très rapidement, pourtant, j'ai été conquis par la fraîcheur, l'énergie communicative et la force humoristique de cette comédie à nulle autre pareille. Et pour cause ! Sous ses airs noirs de virée chaotique où les dangers et les drames s'accumulent dans le voyage de trois jeunes Françaises invitées au mariage d'une quatrième amie au Brésil, Going to Brazil invite à rire. Non pas par accident, mais par maîtrise d'un genre. Un genre généralement propre à nos voisins anglo-saxons et auquel la France rechigne à se risquer, préférant les bons mots et autres vannes faciles.

mardi 21 mars 2017

| Interview ¦ 1/2 ¦ Patrick Mille, de la comédie et du Brésil

A l'occasion des Rencontres cinématographiques de Cannes en décembre 2016*, j'ai eu l'occasion de voir le dernier film de Patrick Mille, Going to Brazil. Mieux, j'ai eu l'immense privilège de m'entretenir avec celui qui m'avait fait hurler de rire dans 99 Francs et surtout La Jungle, comédie française à laquelle j'avais réservé un "Film du samedi soir" il y a cinq ans déjà

 

En salles mercredi 22 mars, Going to Brazil raconte la folle aventure de trois copines invitées au mariage de leur meilleure amie au Brésil, mais qui, à peine arrivées à Rio, vont tuer accidentellement un jeune homme trop insistant, et s'embarquer dans un périple trépidant à travers tout le pays, et entre drame et comédie.

 

En attendant la sortie du long-métrage, et la critique qui suivra, voici la première partie de l'interview, consacrée au réalisateur, à ses goûts, à sa définition d'une bonne comédie, mais aussi au Brésil, protagoniste important de son deuxième film, cinq ans après Mauvaise Fille. Rencontre !


© Vincent Rosenblatt




▷ Toxinémane : Patrick Mille, quel cinéphile êtes-vous ?
Patrick Mille : Je vais tout voir, du film turc de 3h de Nuri Bilge Ceylan, jusqu'au cinéma de Rodriguez ou Tarantino… Bon, je vous avoue qu’il y a certains films que je vais moins voir, en l’occurrence les comédies françaises formatées, ça c’est pas trop ma tasse de thé. Sinon les comédies américaines j’adore, le cinéma italien aussi, et puis il y a des cinéastes français dont je vais forcément voir les films, comme Lioret, ou Audiard évidemment. C’est intéressant de voir des gens comme ça. Donc oui je suis un spectateur très éclectique finalement, je vais tout voir, à part un genre qui ne me passionne pas, mais je comprends que les gens aiment. Et tant mieux si ça marche !

▷ Et comme réalisateur ?
On peut dire que je suis aussi éclectique ! Mon premier film Mauvaise Fille était un drame adapté d’un livre, avec une histoire très intime. Là avec Going to Brazil on est dans quelque chose que je qualifierais d’assez operating, d’assez dingue, d’assez tropical. C’est une vraie comédie !

Pourtant le film contient des ingrédients dramatiques...
Il y a un mort, donc il y a un drame, ou en tout cas quelqu’un qui vit un drame. Et puis sans trop en dévoiler, les héroïnes du film vont vivre un vrai thriller, elles sont poursuivies par des gens qui n’ont pas vraiment conscience de la justice normale. Donc oui, pour moi elles se retrouvent dans un drame.

samedi 18 mars 2017

| Avis ¦ T2 Trainspotting, retour vers l'imparfait


T2 Trainspotting de Danny Boyle

 

Comédie dramatique, policier, USA, 2017, 1H57
Avec Ewan McGregor, Ewen Bremner, Robert Carlyle
Sortie le 1er mars 2017


L'objectif : D’abord, une bonne occasion s’est présentée. Puis vint la trahison. Vingt ans plus tard, certaines choses ont changé, d’autres non. Mark Renton revient au seul endroit qu’il ait jamais considéré comme son foyer. Spud, Sick Boy et Begbie l’attendent. Mais d’autres vieilles connaissances le guettent elles aussi : la tristesse, le deuil, la joie, la vengeance, la haine, l’amitié, le désir, la peur, les regrets, l’héroïne, l’autodestruction, le danger et la mort. Toutes sont là pour l’accueillir, prêtes à entrer dans la danse...



Le subjectif : Comme un symbole, T2 Trainspotting débute par une chute. Celle de Mark Renton, joué par Ewan McGregor et héros du premier film sorti en 1996. Visiblement plus affûté qu'il y a vingt ans, "Rent-Boy" (littéralement "jeune prostitué") se prend pourtant les pieds dans un tapis de course rutilant dans une salle de sport qui l'est tout autant, avant de s'effondrer lamentablement. Si ma première réflexion a été d'y voir une petite "vengeance" de Danny Boyle à l'égard d'un acteur qui a longtemps refusé de tourner la suite de Trainspotting - à cause notamment du film La Plage et du choix du réalisateur de lui préférer DiCaprio -, il ne fait aucun doute que la culbute avait plus valeur de métaphore. D'autant que quelques minutes plus tard, c'est un autre personnage principal de l'histoire, le terrible Begbie (Robert Carlyle), qui choit à son tour. Deux chutes, l'une accidentelle et ridicule, l'autre volontaire et causée par de mauvaises intentions, qui font office d'entrée en matière savoureuse et pleine de sens. Deux chutes qui précèdent la présentation de deux autres membres du premier long-métrage, Spud (Ewen Bremner) et Sick Boy (Johnny Lee Miller). Deux chutes qui introduisent, enfin, la suite tant attendue d'un film qui a marqué toute une génération autant qu'il a lancé la carrière de son réalisateur. Un film auquel on ne croyait plus, la faute à la brouille Boyle-McGregor, mais qui a fini par se relever et se présenter devant nos yeux. Heureux.

jeudi 16 mars 2017

| Avis ¦ Patients, l'espoir adapté



Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir

  

Comédie dramatique, biopic, France, 2017, 1H50
Avec Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly
Sortie le 1er mars 2017



L'objectif : Se laver, s'habiller, marcher, jouer au basket, voici ce que Ben ne peut plus faire à son arrivée dans un centre de rééducation suite à un grave accident. Ses nouveaux amis sont tétras, paras, traumas crâniens.... Bref, toute la crème du handicap. Ensemble ils vont apprendre la patience. Ils vont résister, se vanner, s'engueuler, se séduire mais surtout trouver l'énergie pour réapprendre à vivre. Patients est l'histoire d'une renaissance, d'un voyage chaotique fait de victoires et de défaites, de larmes et d’éclats de rire, mais surtout de rencontres : on ne guérit pas seul.



Le subjectif : En 2006, j'avais 20 piges, et comme beaucoup de monde, j'écoutais la radio. Comme beaucoup de monde toujours, cette année-là je découvrais la voix rauque et envoûtante d'un artiste sans nom - de ceux que l'on entend et écoute pour la première fois. Ce chanteur, ou plutôt ce "slameur", c'était Grand Corps Malade. Sa chanson, 6e sens. Première plongée dans son univers, dans sa musique, dans ses textes, ce "single" m'a tout de suite conquis, parlé, bouleversé. Il racontait justement l'histoire d'un bouleversement, l'histoire d'une nouvelle façon d'appréhender la vie : celle des handicapés. Celle d'un handicapé, la sienne, Fabien Marsaud. Texte personnel et puissant, 6e sens cherchait plus à tirer des réflexions que des larmes de ceux qui l'écoutaient. Il parlait d'un monde fragile mais de courage où la faiblesse physique devenait force mentale, d'un sixième sens qu'était l'envie de vivre. C'est ce titre qui a le premier parcouru les ondes et diffusé la voix de son auteur. Plus de dix ans et cinq albums plus tard, Grand Corps Malade joint les actes à la parole et illustre d'images animées les puissants textes qu'il a écrit, réalisant avec Patients un premier film aussi fort et drôle qu'intelligent. Poignant.

vendredi 10 mars 2017

| Avis ¦ Logan, le vieil homme et la der


Logan de James Mangold

  

Action, aventure, univers Marvel, USA, 2016, 2H17
Avec Hugh Jackman, Patrick Stewart, Dafne Keen
Sortie le 1er mars 2017



L'objectif : Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière Mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui.



Le subjectif : La bande-annonce (ci-dessus) ne laissait guère place au doute : le film Logan incarne la "dernière heure" de Wolverine au cinéma. Si on peut toutefois et sans risque avancer qu'il renaîtra de ses cendres d'une manière ou d'une autre, dans un nouvel univers/film (avec ou sans la Fox, avec ou sans les Avengers) et sous les traits d'un nouvel acteur, la romance qui lie le personnage Marvel le plus vu sur nos écrans ces dernières années et son interprète a (bel et bien) vécu. "Son heure est venue", Hugh Jackman dépose (enfin) les lames, après pas moins de neuf films dans la peau du plus teigneux et emblématique des X-Men : James "Logan" Howlett, plus connu sous les sobriquets de Wolverine ou Serval. Après un travail d'équipe dans X-Men, X-Men 2 (le meilleur) et L'Affrontement final (le pire), puis dans la nouvelle trilogie X-Men : Le Commencement, Days of Future Past et Apocalypse, et après une expérience solo (plus que) mitigée dans X-Men : Origins et Wolverine : Le Combat de l'immortel, le plus barbu des mutants porte donc ses derniers coups de griffes sous les traits de l'acteur australien dans Logan de James Mangold. Adapté du très bon comics de Mark Millar Old Man Logan, ce dernier film se voulait crépusculaire, sombre et beaucoup plus adulte qu'aucune autre histoire de la maison des idées portée au ciné. Mission réussie ? Oh que oui !

lundi 6 mars 2017

| Avis ¦ Split, la personne aux 24 personnes


Split de M. Night Shyamalan

 

Thriller, fantastique, épouvante-horreur, USA, 2016, 1H57
Avec James McAvoy, James McAvoy, James McAvoy   
Sortie le 22 février 2017


L'objectif : Kevin a déjà révélé 23 personnalités, avec des attributs physiques différents pour chacune, à sa psychiatre dévouée, le docteur Fletcher, mais l’une d’elles reste enfouie au plus profond de lui. Elle va bientôt se manifester et prendre le pas sur toutes les autres. Poussé à kidnapper trois adolescentes, dont la jeune Casey, aussi déterminée que perspicace, Kevin devient dans son âme et sa chair, le foyer d’une guerre que se livrent ses multiples personnalités, alors que les divisions qui régnaient jusqu’alors dans son subconscient volent en éclats.



Le subjectif : Son retour sur le devant de la scène, M. Night Shyamalan l'a amorcé fin 2015 avec le remarquable The Visit, aussi surprenant par sa qualité que par son côté dérangeant. Ce film d'épouvante ne ressemblait à aucun autre, et c'était une excellente nouvelle tant cette caractéristique définit (en partie) le cinéma du réalisateur. Qui n'a pas tressailli devant Sixième Sens et son implacable "twist" final, ou ne s'est pas extasié devant l'histoire totalement novatrice de super-héros servie dans Incassable ? Leur singularité, au-delà de leur capacité à créer la surprise et/ou l'effroi chez le spectateur, était de mêler les genres, d'inviter le surnaturel dans notre quotidien, de brouiller les pistes tout au long du film afin de mieux saisir lors de son dénouement. Certes, le cinéaste né en Inde s'est quelque peu perdu après ses (deux) premiers succès. Pas forcément en proposant de mauvais films (j'ai beaucoup d'affection pour toute sa filmo, hormis pour l'indigent After Earth, le seul qu'il n'ait pas scénarisé et cela ne peut pas être une coïncidence), mais en déclinant une idée et un format qui a fini par lasser. Le concept de "révélation ahurissante" avait ses limites. Tout comme - a-t-on pensé à tort - le cinéma de M. Night Shyamalan. Avec The Visit, donc, et surtout Split qui nous intéresse aujourd'hui, le réalisateur nous prouve - et paradoxalement c'est là aussi une vraie et réjouissante révélation - qu'on s'était bel et bien planté. Twist !

samedi 4 mars 2017

| Avis ¦ John Wick 2, la vengeance dans la peau


John Wick 2 de Chad Stahelski

 

Action, policier, thriller, USA, 2017, 2H03
Avec Keanu Reeves, Riccardo Scamarcio, Ruby Rose 
Sortie le 22 février 2017



L'objectif : John Wick est forcé de sortir de sa retraite volontaire par un de ses ex-associés qui cherche à prendre le contrôle d’une mystérieuse confrérie de tueurs internationaux. Parce qu’il est lié à cet homme par un serment, John se rend à Rome, où il va devoir affronter certains des tueurs les plus dangereux du monde.



Le subjectif : C'est vraiment peu dire que j'ai découvert John Wick sur le tard. Environ une douzaine d'heures avant de savourer sa suite au cinéma. Autant dire que j'avais le premier "chapitre" bien en tête au moment de me laisser choir dans les bras ensanglantés de notre ami en costard-cravate, archétype du vigilante classe à se damner. Car c'est l'image que j'avais eu le temps de me faire du personnage mis en scène par Chad Stahelski et David Leitch (non crédité au générique, mais réalisateur du prochain Deadpool), et habité avec grâce et crasse par le surprenant Keanu Reeves. Nerveux, passionné, poisseux, stylisé à l'extrême (cette fusillade au flingue dans sa villa !!!), John Wick premier du nom était une belle surprise, doté d'un charme suranné, presque anachronique. Avec peu, ce film donnait beaucoup. Un peu comme "la" ligne de son scénario : un tueur à gages à la retraite honore la mémoire de sa femme en pourchassant et exterminant tous ceux à l'origine du vol de sa voiture et de la mort de son chiot, cadeau posthume de sa défunte compagne. Pourtant, malgré les moqueries liés à ce dernier point - "tout ça pour un chien !" -, la quête frénétique et vengeresse de cet homme anéanti était à ce point hantée par l'amour et la mort, qu'elle n'en était que plus crédible. Et jouissive. Bizarrement, c'était dans son dénouement, après ladite vengeance, que John Wick perdait de son sel et, donc, de son intérêt. Peu importe, revoilà notre chevelu-barbu-en colère préféré pour la suite de sa "remontada" mortelle.

jeudi 2 mars 2017

| Avis ¦ Loving, au nom de l'amour


Loving de Jeff Nichols

 

Drame, romance, USA-UK, 2016, 2H03
Avec Joel Edgerton, Ruth Negga, Marton Csokas 
Sortie le 15 février 2017


L'objectif : Mildred et Richard Loving s'aiment et décident de se marier. Rien de plus naturel – sauf qu'il est blanc et qu'elle est noire dans l'Amérique ségrégationniste de 1958. L'État de Virginie où les Loving ont décidé de s'installer les poursuit en justice : le couple est condamné à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu'il quitte l'État. Considérant qu'il s'agit d'une violation de leurs droits civiques, Richard et Mildred portent leur affaire devant les tribunaux. Ils iront jusqu'à la Cour Suprême qui, en 1967, casse la décision de la Virginie. Désormais, l'arrêt "Loving v. Virginia" symbolise le droit de s'aimer pour tous, sans aucune distinction d'origine.



Le subjectif : Jeff Nichols est en train de se forger une solide carrière. Après Shotgun Stories (2007), Take Shelter (2011) et Mud (2012), et moins d'un an après la sortie de son excellent film d'aventure/SF Midnight Special, qui avait fini de révéler une filiation évidente avec Steven Spielberg, le revoilà prêt à embraser nos cœurs de cinéphiles et à éclairer nos salles obscures avec Loving. Ce cinquième long-métrage, qui a déjà enthousiasmé critiques et spectateurs du 69e Festival de Cannes en mai dernier, est tiré d'une histoire vraie : celle de Mildred et Richard Loving. En 1958, ce couple est sur le point de déclencher une bataille juridique qui marquera à jamais l'histoire des États-Unis et de leur Constitution. Leur crime ? Vouloir s'aimer, et se marier. Leur tort ? Être un couple interracial sur le sol d'un État ségrégationniste, la Virginie. Démarre alors un combat quotidien et douloureux où leurs sentiments et leur liberté d'être et d'aimer seront sans cesse bafoués et remis en question. Un combat qui va durer plusieurs années, et durant lequel le couple et ses enfants ne sera jamais libre de vivre comme ils l'entendent.

mardi 28 février 2017

| Avis en vrac ¦ Your Name, Tous en scène, Lego Batman, Lion

Par manque de temps, de motivation et/ou d'envie, j'ai repoussé, mis de côté, laissé traîner la rédaction de certains "avis". Voici le dépoussiérage de ces oublis volontaires, à travers des critiques synthétiques, concises et sans fioriture. Voici les avis en vrac des films :


Your Name de Makoto Shinkai

 


Animation, drame, romance, Japon, 2016, 1H46
Avec les voix de Ryûnosuke Kamiki, Mone Kamishiraishi, Masami Nagasawa
Sortie le 28 décembre 2016






Le subjectif : Comme souvent, c'est en en ayant entendu énormément de bien que je suis allé voir en salle Your Name en janvier dernier, environ deux semaines après sa sortie française. Fan d'animation et toujours très attentif quand elle vient du pays du soleil levant, je n'avais aucune raison de douter. D'autant plus qu'outre le bouche à oreilles euphorique et le succès critique, ce long-métrage avait déjà battu tous les records au Japon, devenant par exemple le premier film hors Studio Ghibli à dépasser les 10 milliards de Yen de recettes. Et je n'ai pas encore parlé de l'histoire. L'histoire de Mitsuha, adolescente "coincée" dans ses montagnes et ses traditions ancestrales, mais également l'histoire de Taki, jeune lycéen vivant à Tokyo et partagé entre son boulot de serveur et ses amis. L'histoire, enfin, de leurs "rencontres", fantastiques ou oniriques, au beau milieu de leurs rêves respectifs. Bref, l'œuvre de Makato Shinkai, dont je ne connaissais absolument pas le travail jusque-là, avait tout pour me plaire. Je n'ai pas été déçu.

La première réussite du film d'animation de Shinkai est... l'animation. Visuellement, c'est magnifique. Les lumières et événements naturels (sans trop spoiler, il est question d'une chute de météorite) sont superbement mise en images. Les paysages sont eux aussi splendides, qu'ils s'agisse de ceux de Tokyo ou du village de montagne. Même chose pour les personnages, au "chara-design" très shojo/shonen (mangas pour jeunes filles/garçons) - ce qui est normal puisqu'on parle d'une idylle adolescente. Autre point (très très très) fort : la musique. La bande originale est tout simplement géniale, très pop et rythmée quand il le faut, pour accompagner les séquences énergiques et drôles qui émaillent les aventures de Mitsuha et Taki, mais également douce et enlevée quand le film cherche à nous émouvoir. Ce qui, soyons clair, arrive souvent. La faute à une romance originale et touchante, qui se teint de fantastique et de féerie pour mieux nous transporter et nous surprendre. Il y a l'humour, il y a l'amour, il y a l'émotion, et puis tous les thèmes abordés (le spectre de l'oubli, la force des sentiments, la fin de l'enfance, etc). Il y a le suspens aussi, l'inquiétude également, que l'on ressent en même temps que nos deux héros. Deux héros singuliers à l'histoire exaltante que je ne suis pas prêt d'oublier, comme Your Name, premier coup de cœur animé de 2017.

vendredi 24 février 2017

| Avis ¦ La La Land, un hymne à la vie, à l'amour et au cinéma


La La Land de Damien Chazelle

 

Comédie musicale, romance, USA, 2016, 2H08
Avec Ryan Gosling, Emma Stone, John Legend
Sortie le 25 janvier 2017


L'objectif : Au cœur de Los Angeles, une actrice en devenir prénommée Mia sert des cafés entre deux auditions. De son côté, Sebastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance. Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent… Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ? ?



Le subjectif : Nous sommes début 2014. La carrière du jeune réalisateur Damien Chazelle s'envole à Sundance, au rythme des percussions du personnage principal de son second film Whiplash, qui vient d'y être présenté. Adapté d'un court-métrage du même nom déjà plébiscité l'année précédente au même festival de Sundance, le film décroche le Grand Prix du jury et le Prix du public. Quelques mois plus tard, rebelote à Deauville. Parallèlement au succès critique et public qui suit cet état de grâce festivalier, l'interprète J.K. Simmons rafle à son tour plusieurs récompenses, et pas des moindres : Oscar, Golden Globe et BAFTA du meilleur acteur dans un second rôle. Bref, Whiplash, son casting (on n'oublie pas l'excellent premier rôle Miles Teller), sa musique (composée par Justin Hurwitz, ami de Chazelle depuis leurs études de ciné à Harvard) et son réalisateur marquent les esprits. Forcément, le retour de ce dernier derrière une caméra était donc attendu. Et c'est un euphémisme. Depuis les premières images et les premières projections, La La Land est accompagné d'un enthousiasme rarement vu auparavant. Une auréole de superlatifs et de commentaires dithyrambiques qui pouvait laisser dubitatif voire sceptique. C'était mon cas, je l'avoue, étant un amateur prudent de comédies musicales et romantiques. On va pas se mentir : le film mérite tout ce qui a été dit sur lui. Et là encore, c'est un euphémisme.

jeudi 2 février 2017

| Avis ¦ Il a déjà tes yeux, les couleurs des sentiments


Il a déjà tes yeux de Lucien Jean-Baptiste

 

Comédie, France, 2016, 1H35
Avec Aïssa Maïga, Lucien Jean-Baptiste, Zabou Breitman
Sortie le 18 janvier 2017


L'objectif : Paul est marié à Sali. Tout irait pour le mieux s’ils arrivaient à avoir un enfant. Jusqu'au jour où Sali reçoit l'appel qu'ils attendent depuis si longtemps : leur dossier d'adoption est approuvé. Il est adorable, il a 6 mois, il s'appelle Benjamin. Il est blond aux yeux bleus et il est blanc. Eux… sont noirs !


Le subjectif : Longtemps, très longtemps même, Lucien Jean-Baptiste n'a été, pour moi en tout cas, qu'une voix. Il était le docteur Christopher "Turk", c'est-à-dire la doublure française du personnage incarné par l'acteur Donald Faison dans la (meilleure) série (humoristique) hospitalière de tous les temps, j'ai nommé Scrubs (2001-2008). Je sais, la VO c'est mieux, et patati, et patata. Mais à l'heure où le travail de doublage est bafoué sur l'autel du "starsystem" (Hanouna qui double Sausage Party, les YouTubeurs Wartek et Natoo et les footballeurs Griezmann et Matuidi - oui, oui - embauchés pour Lego Batman, etc.), il est important de rappeler et de révéler le nom de ceux dont c'est le métier. Lucien Jean-Baptiste, au même titre qu'Alexis Tomassian qui doublait JD, le comparse de Turk dans Scrubs, en fait partie. Mais ce n'est plus son seul "atout". Car comme nous l'avions vu l'an dernier avec DieuMerci!, Lucien Jean-Baptiste est également un comédien et un réalisateur de (grand) talent. Il le prouve une fois de plus avec Il a déjà tes yeux : un troisième long-métrage, sans conteste moins autobiographique que le précédent, mais toujours aussi maîtrisé et euphorisant.

lundi 16 janvier 2017

| Avis ¦ Quelques minutes après minuit, monstrueux chef-d'œuvre


Quelques minutes après minuit de Juan Antonio Bayona

 

Fantastique, drame, USA, 2016, 1H48
Avec Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones   
Sortie le 4 janvier 2017


L'objectif : Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…



Le subjectif : "Fantastique, drame". C'est idiot, et futile, sans doute, mais il me semble que le genre d'un film n'a jamais aussi bien défini ce qu'il caractérise que celui de Quelques minutes après minuit. C'est vrai, c'est indubitablement vrai, le troisième long-métrage du Barcelonais Juan Antonio Bayona est un fantastique drame. Un fantastique, merveilleux et extraordinaire drame. Quelques minutes après les douze coups de minuit qui ont sonné le glas de 2016, quelques minutes après m'être confortablement installé dans ma salle obscure préférée, Quelques minutes après minuit est venu émerveillé ma journée, et magnifiquement lancer la nouvelle année. Sous ses airs de conte "enfantin", de portage ciné d'un roman à succès, ou encore d'histoire de monstre ; sous l'étiquette aussi du dernier film d'un réalisateur de génie (L'Orphelinat, The Impossible) qui prend son temps pour démontrer qu'il a le talent, l'âme et le souffle onirique d'un Spielberg auquel beaucoup le comparent déjà, ce fantastique drame ne m'avait pourtant pas préparé au choc que j'allais vivre, quelques minutes après. Et pourtant, quel choc ce fut.

dimanche 8 janvier 2017

| Extra ¦ Mon Menu Best Of Ciné 2016, part II : LE CASTING, LA MUSIQUE, ETC.

Histoire de bien finir l'année, et parce que c'est de saison, j'ai décidé modestement de vous proposer un petit top. Et puis de film en aiguilles (de seringues, vous suivez ??), je me suis laissé dépasser. Et d'un top, je suis arrivé à une sorte de Menu Best Of de mon année ciné. Alors voilà, on continue avec les actrices, acteurs et musiques qui m'ont marqué en 2016 !

Best actrice !


Brie Larson dans Room


Les autres prétendantes :
Hayley Squires (Moi, Daniel Blake), Kristen Stewart (Personnal Shopper) et Isabelle Huppert (Elle)




 

Best acteur !


Tom Hanks dans Sully


Les autres prétendants :
Leonardo DiCaprio (The Revenant), Taron Egerton (Eddie The Eagle) et Adam Driver (Paterson)


 

 

 

Best kid !


Jacob Tremblay dans Room


Les autres prétendants :
Jaeden Lieberher (Midnight Special), Neel Sethi (Le Livre de la jungle) et Gaspard Schlatter (Ma vie de courgette)


 

Best side-kick non humain !


K-2SO (Rogue One : A Star Wars Story)


Les autres prétendants :
Flash (Zootopie), La mouette (Instinct de survie) et Hey-hey (Vaïana, La Légende du bout du monde


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