Battle Los Angeles de Jonathan Liebesman
SF - Action, USA, 2011, 1H56
Avec Aaron Eckhart, Michelle Rodriguez, Michael Pena
Sortie le 16 mars 2011
L'objectif : Au camp Pendleton, base militaire située à proximité de Los Angeles, un groupe de Marines, dirigé par le sergent Michael Nantz, est appelé à riposter immédiatement à l'une des nombreuses attaques qui touchent les littoraux à travers le monde. Le sergent Nantz et ses hommes vont mener une bataille acharnée contre un ennemi mystérieux qui est déterminé à s'emparer de l'approvisionnement en eau et à détruire tout sur son passage.
Le subjectif : Il y a des moments comme ça, où des sujets « bankables » envahissent par vagues les écrans de cinéma. Et les films de genre et d'action s'en tirent plutôt bien ces dernières années, ayant vu le retour en force des zombies puis des vampires au début de ce siècle, et voyant ces temps-ci renaître le mythe de l'invasion extra-terrestre. Jusque là un peu boudés par Hollywood, les aliens sont en train de refaire parler d'eux. Après une renaissance « next gen » et finalement assez low-cost (Cloverfield, District 9, Monsters, Skyline), les petits hommes verts s'attaquent de nouveau à leur plus bel adversaire : les Marines américains.
C'est d'ailleurs le principal intérêt, le meilleur atout et LA revendication des créateurs de World Invasion : Battle Los Angeles : être un film de guerre. Avec des Marines donc. Exit le point de vue du survivant (Monsters), voire de l'extra-terrien (District 9). Ici, le spectateur suit la « résistance » américaine, sur le front californien, et plus particulièrement à Los Angeles. La BA le fait d'ailleurs bien comprendre : la Cité des anges est le dernier bastion à sauvegarder pour préserver les chances de victoire sur la Côte ouest, sur le continent américain... et donc sur Terre. Les Américains sont partout, et on ne voit d'ailleurs personne d'autre. C'est à peine si on mentionne, le temps de flashes télévisés, les autres invasions extra-terrestres un peu partout sur le Globe (on nous parle de 20 « PC aliens » en tout et pour tout).
« Puissant dans le genre John Wayne »
Concernant la manière de filmer, là encore tout oppose Battle LA aux films d'aliens abordants nos écrans ciné ces derniers temps. On est plus proches des films de guerre du siècle dernier que de l'esthétique d'un Cloverfield ou de l'ahurissante démonstration de force des Transformers et autres Star Trek. Caméra à l'épaule, refusant la 3D et même le numérique (il opte pour la pellicule), privilégiant les effets pyrotechniques réels aux effets spéciaux made in PC, le style de Jonathan Liebesman se rapprocherait finalement presque de celui de Nimrod Antal dans le très moyen Predators (c'est un euphémisme pléonasmique). Battle LA se regarde plus comme un film de « guerre rangée » sale, à la manière de La Chute du Faucon noir de Ridley Scott, qu'un film « nouvelle génération avec tout plein d'effets spéciaux » que l'on serait en droit d'attendre en matant un film d'alien.
Film de guerre avec des aliens, pas film d'aliens avec des Marines... Je tourne en rond ? Peut-être, mais l'objectif affiché par le papa de l'épisode « razzié » de Massacre à la Tronçonneuse (pas celui avec Jessica Biel, l'autre : la préquelle) est celui-ci : filmer, à la manière d'un documentaire, la réaction des soldats américains. Ici, pas d'empathie pour les envahisseurs. Un seul personnage, le fils d'un des civils secourus par la bande à Nantz, incarné par Aaron Eckhart (on reparlera du casting plus bas), s'émeut de leur sort. Mais ce cas de conscience est vite balayé par la réalité de leur quotidien, et plus simplement par une tirade cinglante du père, qui sonne un peu comme ça : « des amis ne viennent pas en nous tirant dessus avec leurs armes. » Efficace. Mais lourd. Un peu comme quand un des soldats commente un énième acte d'héroïsme altruiste du personnage qu'incarne Aaron Eckhart en lâchant un : « c'était puissant dans le genre John Wayne ».
Le gamin, pour revenir à lui, est peut-être la seule fausse note d'un casting plutôt convaincant, qui voit se cotoyer la bande de Marines (Eckhart, Rodriguez, Ne-Yo, etc.) et quelques civils (Pena, Moynahan). Aaron Eckhart en sergent-Marine-proche-de-la-retraite-et-torturé-par-un-passé-trouble qui est appelé à devenir LE héros du film, de Los Angeles et, bien entendu, du Monde libre, est utilisé – peut-être à contre-emploi (lui qui est plus habitué aux rôles moins vitaminés) – en tout cas à bon escient. L'implication de l'acteur a semble-t-il été de tous les instants, et l'envergure qu'il prend tout au long du film fait plaisir à voir. Michelle Rodriguez, Michael Pena et le reste des Marines semblent eux aussi bien dans leurs pompes, même si parfois trop pataudes, de sauveurs de l'Humanité.
Fini avec les pieds
Alors où pêche Battle LA ? Là où il pourrait convaincre. Les images saccadées, le point de vue docu-fiction, le réalisme poussé sont autant d'aspects qui ne facilitent pas l'immersion des spectateurs. Le sentiment de patriotisme est (trop) fort, même si son réalisateur n'est pas américain. La frontière entre réalisme et film de propagande est elle, trop mince. Comment expliquer d'un côté la dévastation de toute une US Army par un nombre incroyablement important d'aliens, et de l'autre le balayage de cette même escouade gigantesque d'aliens par une poignée de Marines ? Alors, d'accord, dans un film de guerre il faut toujours des héros, des braves, des durs. Mais ici, personne n'y croit. Surtout pas quand, après avoir reçu une attaque au corps d'un alien, Michelle Rodriguez lui rétorque une réplique bas de gamme et le finit, au sol, à coups de pieds rageurs.
A trop vouloir compter sur le réalisme et le ressenti de ses personnages, il faut savoir leur insuffler un fond de cohérence. Liebesman a volontairement pris le parti de filmer UNIQUEMENT les Marines, mais ce faisant il rend son film opaque et dénué d'attrait psychologique. Un choix qui ne paye pas. L'ensemble du film semblant trop souvent baigner dans un « n'importe quoi » ambiant. Un coup la situation est désespérée, tout le monde pleure sur tout le monde. Un coup les ennemis tombent comme des mouches, et on ne s'apitoie plus sur la mort de ses camarades. Et puis franchement, on ne vient pas à bout d'une invasion alien avec cinq soldats qui aiment leur métier (ce film se résume bien souvent à une campagne de pub pour l'engagement dans la marine), et quelques coups de godasses. Demandez à Spielberg.
c'est bon ça on retrouve le toxinémane, toujours plus croustillant en 2011, prend garde à toi le navet cinématographique et délecte toi de ta critique le chef d'oeuvre!!!
RépondreSupprimerhé hé hé merci bien !
RépondreSupprimerje sais pas pourquoi, mais je la sens bien cette année...
Toujours le même plaisir de retrouver ces critiques cinglantes; Les 2 dernières phrases sont justes énorme . C'est drôle, mais c'est triste. C'est DRiste ! hé hé hé ...
RépondreSupprimerBref, on en veux encore et toujours plus !