samedi 2 juillet 2016

| Le Film du samedi soir ¦ Blackfish (L'orque tueuse)

Le Film du samedi soir, c'est une petite comédie sans prétention, une série B bien barrée, un film d'horreur poussiéreux, une aventure de gosses oubliée, une sortie directe en DVD... Voire aussi, et c'est pas incompatible avec le reste, un long-métrage dispo sur Netflix. Bref, un film que je vous conseille et vous recommande chaudement. Aujourd'hui, on est samedi, et le film de ce samedi soir est :

 

 

Blackfish (L'orque tueuse) de Gabriela Cowperthwaite


Documentaire, USA, 2013, 1H23
Avec Tilikum, Kasatka, Takara
Sortie le 1er juillet 2014 en DVD, et dispo sur Netflix.


 
L'histoire : À partir d'un fait divers tragique - l'attaque mortelle de "l'orque tueuse" Tilikum contre sa dresseuse en 2010 -, une enquête édifiante montrant comment l'animal peut se venger de l'homme lorsque celui-ci contrarie sa nature sauvage...



Diffusion du documentaire sur Arte mardi 5 juillet à 9h25, à vos agendas !


Blackfish est l'histoire d'un drame. Un drame vécu par une "orque tueuse", permis et provoqué par la cupidité de quelques hommes. C'est aussi un document qui m'a marqué comme rarement, une œuvre profondément engagée et militante, qui est également un formidable morceau de cinéma, fait de superbes images, de passion et d'émotion. Sincère, révolté et révoltant, le documentaire de Gabriela Cowperthwaite, sélectionné en 2013 au Festival de Sundance, dévoile un tableau peu reluisant de ces parcs d'attraction aquatiques - et en particulier SeaWorld - qui maintiennent en captivité des animaux sauvages, comme les orques, dauphins et autres otaries. Son point de départ est le décès, en 2010, de la dresseuse Dawn Brancheau, au SeaWorld de San Diego. L'animal incriminé est Tilikum, une orque mâle capturée près de trente ans auparavant au large de l'Islande. Premier problème : Tilikum, immense cétacé de plus de 7 mètres, a déjà été impliqué dans l'accident mortel de deux autres personnes. Second problème : SeaWorld minimise son implication, et l'année suivante, l'orque est même autorisé à continuer les spectacles.


La force de Blackfish est de retracer avec une extrême habileté et précision toute la suite d'événements qui a conduit à ce tragique "accident". En s'appuyant sur le témoignage de nombreux ex-dresseurs, mais aussi de dirigeants actuels de SeaWorld, ainsi que d'autres témoins clés (les proches de dresseurs décédés, de simples spectateurs, les premiers hommes à avoir approché Tilikum : ses chasseurs), mais également des spécialistes de l'espèce, Gabriela Cowperthwaite apporte du poids à son propos : révéler l'ignominie d'une telle "industrie". Qu'on tolère ou non la captivité d'animaux sauvages, qu'on accepte ou pas l'idée de payer pour voir un spectacle misant sur l'entraînement (ou l'esclavage) d'orques, le documentaire nous montre une suite de faits, d'actes (souvent cruels), et de décisions toujours prises en fonction d'un seul et unique critère : le profit. Tout n'est que question d'argent, et de manque à gagner pour les décideurs. Du manque de sécurité au manque d'espace pour "loger" les animaux, du manque d'humanité quand il s'agit de traiter les orques, au manque de responsabilité quand il s'agit de les remettre à l'eau après les accidents, l'entièreté des agissements de SeaWorld - aux répercussions tragiques qu'on connaît - est dicté par ces foutus billets verts. Peu importe le prix à payer.

Plus majestueuses que tueuses

Parallèlement au discours édifiant tenu par des personnes ayant côtoyé de près Tilikum et ses congénères, Blackfish doit également sa force aux images accablantes et déchirantes qu'il diffuse. Le choc de ces photos, et vidéos, complète le travail d'enquête et de reconstitution de la réalisatrice - digne des meilleurs Faîtes entrer l'accusé - en nous dévoilant des scènes incroyables qui termineront de convaincre, je l'espère, les derniers amateurs de Marineland et compagnie. Des archives de la capture de Tilikum à l'âge de 2 ans, dans les eaux islandaises de 1983, à l'enregistrement hallucinant d'un accident mortel évité de justesse entre une orque et son dresseur, les images sont implacables. Et accablantes. On découvre les conditions de maintien en captivité et d'entraînement subies par les cétacés, et on comprend ainsi ce qu'ils ressentent, ce qu'ils subissent au quotidien, et l'absolue inhumanité de telles pratiques. Des pratiques que certains parviennent néanmoins à justifier sous le prétexte de la sauvegarde et de la protection des espèces, et de la biodiversité : une honte ! D'autant plus révoltant quand les défenseurs de ce genre de parcs obtiennent du temps d'antenne, comme récemment en France avec le documentaire Au cœur de Marineland, diffusé le 10 juin sur D8. Un film qui s'explique par les dégâts enregistrés par le parc antibois en octobre dernier, suite aux fortes intempéries de la Côte d'Azur. Un nouvel exemple de la victoire de l'argent sur le bon sens, l'humanité et la nature.

Ce scandale moral et écologique devrait apparaître encore plus grand et révoltant à qui regardera ce Blackfish. Outre les maltraitances que l'homme leur fait injustement subir, outre le fait qu'ils n'ont rien à faire en captivité et que leur agressivité fantasmée (merci le cinéma !) envers les hommes, en pleine nature, n'a jamais été prouvée, le documentaire nous en apprend plus sur ces orques, définitivement plus majestueuses que tueuses. Dotées d'un cerveau beaucoup plus développé que le nôtre, ces créatures sont sans aucun doute immensément plus intelligentes et sensibles que nous. Il n'y a qu'à écouter les cris poussés par les membres d'un groupe d'orques quand l'un des leurs est capturé, ou admirer les stratagèmes établis pour que ces derniers ne le soient justement pas : ce que l'homme fait à ces animaux est cruel et injuste. Lorsque les dresseurs ou "animateurs" de ces parcs d'attraction affirment que ces animaux vivent mieux et plus longtemps en captivité (maximum 30 ans), alors qu'on découvre que les femelles peuvent dépasser le siècle de vie, lorsqu'on apprend que ces animaux vivent TOUTE LEUR VIE en famille auprès de leur mère, et que leur destin en captivité ne sera synonyme que de séparations, de privations, de frustrations et de jeux abjects qu'ils s'évertueront à réaliser pour quelques poissons et un peu de reconnaissance... Lorsqu'on découvre toute l'enquête menée dans Blackfish, on ne peut plus rester insensible, indécis ou inactif face à ce silencieux massacre...

Fin de l'élevage en captivité et des spectacles d'orques !

Heureusement, et presque contre toute attente, la diffusion du film outre-Atlantique a eu énormément de retombées positives. Répondant d'abord par la langue de bois et le déni, SeaWorld (classée 3e entreprise américaine la plus détestée en 2014, juste derrière Monsanto), devant la baisse de fréquentation de ses parcs et la chute de ses actions en bourse (je vous ai parlé du pouvoir de l'argent ?), a fini par agir. La société d'attractions aquatiques américaine a assuré qu'elle cesserait toutes les représentations d'orques d'ici 2017 et 2019. Mieux, elle a annoncé en mars dernier renoncer à tout élevage de cette espèce en captivité dans les années à venir, revendiquant être à l'écoute et évoluant au même rythme que la société... Une belle victoire, qui je l'espère en entraînera d'autres, et qui ne doit pas vous empêcher de voir ce merveilleux et très important film... du samedi soir !


1 commentaire:

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