Expendables de Sylvester Stallone
Action, USA, 2010, 1H45
Avec Sylvester Stallone, Jason Statham, Jet Li
Sortie le 18 août 2010
L'objectif : Ce ne sont ni des mercenaires, ni des agents secrets. Ils choisissent eux-mêmes leurs missions et n'obéissent à aucun gouvernement. Ils ne le font ni pour l'argent, ni pour la gloire, mais parce qu'ils aident les cas désespérés. Depuis dix ans, Izzy Hands, de la CIA, est sur les traces du chef de ces hommes, Barney Ross. Parce qu'ils ne sont aux ordres de personne, il devient urgent de les empêcher d'agir. Eliminer un général sud-américain n'est pas le genre de job que Barney Ross accepte, mais lorsqu'il découvre les atrocités commises sur des enfants, il ne peut refuser. Avec son équipe d'experts, Ross débarque sur l'île paradisiaque où sévit le tyran. Lorsque l'embuscade se referme sur eux, il comprend que dans son équipe, il y a un traître. Après avoir échappé de justesse à la mort, ils reviennent aux Etats-Unis, où chaque membre de l'équipe est attendu. Il faudra que chacun atteigne les sommets de son art pour en sortir et démasquer celui qui a trahi...
Le subjectif : Pour reprendre une expression chère à un ami, ce film promettait de la « bagarre » à tour de bras. Et quels bras ! Une dizaine de paires, tous plus rutilants les uns que les autres. Car depuis deux ou trois ans que le projet est lancé, c'est bien le casting qui fait rêver les aficionados de films d'action. Le retour de Sylvester « Sly » Stallone derrière la caméra, après les derniers épisodes de SES sagas Rambo et Rocky, et surtout une avalanche de noms aussi ronflants et imposants que la moustache de Chuck Norris (absent du casting, pour le plus grand malheur de la Terre entière). Jason Statham, Jet Li, Mickey Rourke ou Bruce Willis pour les plus connus du grand public. Mais également des habitués de la castagne : Dolph Lundgren, Randy Couture, Steve Austin... Un bon gros casting d'actionmen, le spectateur est prévenu. Et bien gâté.
Les noms, l'affiche racoleuse jouait d'ailleurs là dessus. La disposition des uns et des autres semblait vouloir dire qu'il n'y aurait pas de « second couteau ». Tous au même niveau, ils sont réunis aux côtés de l'emblème de revival de l'actioner 80's du troisième millénaire : Sly. A 64 ans, papi fait de la résistance. Et ses docteurs font sûrement un peu de chimie expérimentale, comme en témoigne son corps encore bien bodybuildé. Mais Stallone est pudique, ou bien conscient de la différence d'âge avec les autres acteurs. Les scènes « topless » ne sont pas légion. Une seule marque l'esprit, lorsque son ami Mickey Rourke vient terminer son tatouage dorsal. La musculature est imposante, mais le bonhomme semble néanmoins fatigué. Ses traits sont tirés, son visage est défiguré de rictus. Exemples ? La lèvre supérieure qui se soulève avec autant d'élégance que celle d'un poisson fraîchement hameçonné. Les sourcils qui s'affichent en forme d'accent circonflexe. Et le jeu de l'acteur Sly, obligé malgré lui de se trimbaler son corps de sexagénaire. La démarche est saccadée, les répliques ne fusent plus aussi vite, et la course est chaotique.
Et pourtant, le spectateur sent bien l'envie de Stallone de vouloir créer quelque chose de beau, de frais, de drôle. Et de bourrin, bien entendu. Mais la sauce ne prend pas toujours, hormis lorsque le chef se nomme Jason Statham. Consacré actionman européen, depuis le succès de ses Transporteurs et Hyper-tensions, l'Anglais dégage cette fougue et cette énergie qui manquent fatalement au vieux Rocky. Il est le principal, si ce n'est le seul acteur à faire du très bon boulot dans Expendables. A cela, on peut facilement ajouter le comique de Jet Li et la poignante interprétation de Mickey Rourke. Pour le reste, c'est assez moyen. Les catcheur Steve Austin et lutteur Randy Couture font ce qu'on leur demande : de la castagne à mains nues. Les autres déclinent leurs rôles habituels : Dolph Lundgren en barbare arien ou encore Eric Roberts (le grand frère de) en méchant américain. Les rôles féminins ne servent, eux, que de faire-valoir. Charisma Carpenter (la copine de Buffy et Angel) met en valeur un focus-vie privée sur le personnage joué par Jason Statham. Elle se fait « violenter » par son nouveau boy-friend, lequel va être mis en pièce par l'Anglais aux gros bras, mais surtout au grand cœur. Pour Stallone, c'est une histoire moins évidente mais plus présente sur la longueur du film. En mission de reconnaissance, il s'éprend de la jeune Sandra, jouée par l'inconnue Gisele Itié. Elle est la fille du dictateur que Sly et ses mercenaires doivent éliminer, et va devenir sa croix et sa bannière, celle pour qui devra intervenir son salut. Autrement dit, cette Sandra matérialise clairement l'ambition même du film vis-à-vis de Stallone, acteur. L'un comme l'autre peuvent sauver Sly, devant comme derrière la caméra.
Alors, que reste-t-il à sauver, me direz-vous ? Beaucoup et pas grand chose à la fois. Les fans de Rocky pourront être autant déçus que ravis par son interprétation, qui tente de redonner une âme aux productions des eighties. Les fans d'action pure pourront eux aussi être aux anges, tant les effets spéciaux et les cascades sonnent vrai et impriment la rétine. Les scènes de baston sont très bien réussies (grâce notamment au talent et à l'expérience de leurs auteurs, Austin, Couture et Jet Li en tête), et celles de pyrotechnie sont très... enflammées. La scène de l'avion, vers le début du film, est tout simplement à couper le souffle de vérité. Et c'est d'ailleurs cela qui rend ce film attachant, la sincérité de Sly vis-à-vis du spectateur. Il nous donne un pur spectacle, et tant pis pour les faux pas. Tant pis pour le scénario bancal, et les incohérences – de toute manière propres à ce genre de film.
Il reste donc un film-KO-choral, où les acteurs s'en donnent à cœur joie et où tous les personnages sont jugés sur un même piédestal. Mis à part, peut-être, l'horrible Arnold S., gouvernator de Californie, qui livre ici une interprétation minable guère convaincante, qui ne dépasse d'ailleurs pas les trois minutes. Vieux et fatigué, il symbolise ce que personne ne souhaite à Stallone. N'exister plus que sous la forme d'un simple clin d'œil à une icône effacée, une carrière qui touche au crépuscule. Pour le reste, donc, Expendables s'affiche comme un spectacle explosif, jouissif mais tout à fait dispensable. Jean-Claude Van Damme ne s'y est d'ailleurs pas trompé. Qui lui en voudra ? Dans un sens comme dans l'autre, absolument personne. Et, au moins, il reste du monde pour faire cracher le carnet de chèques de tonton Rambo, et pour nous pondre un casting digne de ce nom pour une éventuelle suite. Que certaines rumeurs voient déjà en préparation. En route pour une troisième saga culte ?
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