jeudi 28 octobre 2010

| Avis ¦ Karaté Kid, une histoire de famille


Karaté Kid de Harald Zwart


Arts martiaux des familles, USA-Chine, 2010, 2H19
Avec Jaden Smith, Jackie Chan, Taraji P. Hanson
Sortie le 18 août 2010


L'objectif : Lorsque la carrière de sa mère l'entraîne à Benjing en Chine, le jeune Dre Parker doit faire face à des changements radicaux. Au bout de quelques jours, il se retrouve mêlé à une altercation au sein de son école, impliquant Cheng, l'un des garçons les plus doués en Kung Fu et qui lui fait définitivement perdre le respect de ses camarades de classe. Témoin de cet affrontement, Mr Han, professeur de Karaté à la retraite, embauché par les Parker comme chauffeur et assistant, décide d'aider Dre à regagner le respect de son entourage.


Le subjectif : Karaté Kid, c'est - avant cette mouture 2010 - une trilogie qui a vu le jour au beau milieu des années 80. Soit en plein dans l'apogée du film d'action musclé, porté par la saga des Rocky. Le premier Karaté Kid, intitulé Le moment de vérité, a d'ailleurs éclairé les salles obscures entre les opus 3 et 4 des aventures du boxeur le plus connu de l'univers. Hormis le fait que le rôle du méchant, Kreese, avait été initialement écrit pour Chuck Norris, la trilogie des Karaté Kid (1984, 86 et 89) racontait l'histoire d'un adolescent (Ralph Maccio, interprété par Daniel LaRusso, aucun lien de parenté avec la chanteuse à notre connaissance) décidé à apprendre le karaté auprès de son vieux maître. Pat Morita, nommé aux Oscars en 1984 pour ce rôle, incarne ce professeur amical, sympathique et débonnaire : le vieux Miyagi. Culte pour toute une génération, tout comme la Trilogie. Alors Karaté Kid, version 2010, peut-il rattraper le temps perdu ? Peut-il, avec l'aide des Smith père et fils, retrouver les sommets du box-office atteints par les premiers volets il y a plus de vingt ans ?


La réponse est OUI. Et je dirais même plus, bien évidemment. Comme souvent dès que Will Smith met son nez dans un projet, celui-ci rapporte irrémédiablement. Et là, on ne va parler que de gros chiffres – important quand il s'agit de films familiaux et estivaux : Karaté Kid, doté d'un budget de 40 millions de $, a raflé 56 millions dès son premier week-end aux États-Unis. Trois mois plus tard, il rapportait déjà plus de 176 millions, soit plus de quatre fois son poids originel. La faute à qui ? Au flair de papa Smith, d'une part. Les acteurs Will et Jada Pinkett Smith ont enfanté là un beau bébé. Et je ne parle pas uniquement de ce Karaté Kid. Déjà convainquant dans le film A la recherche du Bonheur, qui l'était moins, le petit Jaden Smith rayonne dans ce long-métrage, où il tient, à 12 ans à peine, la vedette. Même son papa ne peut se targuer d'avoir crevé l'écran aussi tôt. On se rappelle tous de ses premiers pas, et c'était plutôt du côté de la TV, avec le Prince de Bel-Air. Mais ceci explique sans doute cela, l'amour pour le cinéma a des pistons, que la raison n'explique pas...

Une histoire modernisée et actualisée

Dans le film réalisé par Harald Zwart (à créditer des médiocres Divine mais dangereuse, Cody Banks ou encore La panthère rose 2), Jaden Smith interprète Dre Parker, jeune « afro-américain » obligé de quitter les States pour rejoindre la Chine, à cause de la mutation (rien de chimique, paniquez pas, on est pas dans du Marvel) de sa chère et tendre môman. Ladite Madame Parker est jouée par Taraji P. Hanson (à vos souhaits), vue récemment dans Crazy Night ou Mise à Prix, mais surtout à la TV (Urgences, Les Experts, Boston Justice, etc.). La mère et son fils quittent donc leur paisible vie de banlieusards à Détroit, pour partir découvrir la Chine. Si la mère compare son fils et elle à « des pionniers en quête d'une nouvelle vie dans un nouveau monde magique », il n'en est rien pour Dre. Lui perd surtout ses repères, les enracinements de sa ville natale, son meilleur ami et sa maison. Par rapport au film de 84 dont celui-ci est le remake, le schéma est donc inversé : le premier racontait l'histoire de Japonais sur le sol américain, là on va parler de l'exode d'Américains au pays du Soleil levant.

C'est un sujet clairement moderne et actualisé, et on sent que le réalisateur et les producteur ont cherché à rompre avec l'histoire du premier Karaté Kid. Cette fois, le jeune karatéka va devoir apprendre les techniques du combat pour s'intégrer dans une société qui le rejette pas uniquement socialement, mais physiquement. Très vite, le jeune Dre se retrouve confronté au choc des cultures. Rigueurs vestimentaires et scolaires, règles familiales sont autant de valeurs qui vont venir bousculer le jeune Américain. Il va entrer littéralement en collision avec Cheng, un petit Pékinois, frère de la fille que Dre convoite, qui va vite devenir son pire cauchemar. On a le contexte, le gentil, et le méchant. Mais où est le mentor karatéka, me direz-vous ? Il arrive... En réalité, Dre le rencontre avant même de savoir qui il est. Le remplaçant de Miyagi, qui s'appelle sobrement Monsieur Han, est concierge de l'immeuble des Parker. Homme à tout faire, il impressionne autant Dre par son agilité (il attrape une mouche avec ses baguettes) qu'il ne le dégoute (il mange ensuite avec ces mêmes baguettes). Et Monsieur Han n'est autre que Jackie Chan.

Jackie Chan rules

Là aussi, avec un tel acteur, l'entreprise était gagnée d'avance. Quoique... Récemment, Jackie Chan nous avait plutôt habitué au pire et aux pitreries (la saga des Rush Hour passe encore), mais sa dernière prestation aux côtés de Jet Li dans Le royaume interdit avait quelque peu redoré son blason (il interprète un ivrogne, malgré tout). Est-il prêt pour le rôle d'un sage maître karatéka ? Oui et non. Oui, car Jackie Chan rules, et au même titre que Will Smith il sait attirer les millions de $. Non, car en 2010 il ne s'agit plus de karaté, mais clairement de kung-fu. Hormis ce petit détail technique, la relation entre Jackie Chan et Jaden Smith fonctionne parfaitement. Le film se déroule sans aucun temps mort, on ne s'ennuie pas une seconde devant l'évolution de Dre. D'un enfant désobéissant et pas tendre avec sa mère, le héros va progresser tant sur le plan de l'art martial que sur celui de la vie, tout simplement. En satellite, on suit avec tendresse son histoire d'amour avec la petite Chinoise violoniste, et, plus dure, l'histoire de Monsieur Han.

Si l'émotion est bien présente – c'est primordial dans un film familial – l'action n'est pas en reste. En plus de nous proposer des paysages hallucinants, Harold Zwart se fait pardonner de cet affreux patronyme en nous offrant des scènes de baston spectaculaires. Le tournoi auquel Dre participe sonne vrai, même si l'avalanche de moyens étonne (l'écran géant qui retransmet les ralentis du combat qui se déroule en direct, sérieux ?). Pour le reste, tout est bon. De la mise en scène propre et appliquée, à la musique « dans le ton ». Outre The Roots, Gorillaz, AC/DC, Red Hot, Lady Gaga ou K'naan, la BO a rajeunie. Car qui dit Karaté Kid nouvelle génération, dit bande-son nouvelle génération. Histoire de faire plaisir à son fiston – et à bons nombres de gamins sur Terre – papa Smith a demandé au phénomène pré-pubère actuel, Justin Bieber, de composer la chanson-générique. Et il a même insisté pour que son fils chante avec lui (si si). Cela donne « Never say never », sympathique chanson qui clôt un film plus que sympathique, qui appellera peut-être, dans quelques années, lui aussi d'autres séquelles. Après tout, si « J.B. » le dit, never say never...

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