Django Unchained de Quentin Tarantino
Western, USA, 2013, 2H44
Avec Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo DiCaprio
Sortie le 16 janvier 2013
L'objectif : Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle – morts ou vifs. Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves… Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche… Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie…
Le subjectif : Trois ans après Inglorious Basterds, en compétition officielle à Cannes, et récompensé dans de nombreux festivals, Quentin Tarantino revient avec une nouvelle histoire de vengeance. Et cette fois, la victime du réalisateur de Pulp Fiction est rien de moins que l'esclavage. Le scénario de ce western prend place en 1858, à deux ans de la Guerre de Sécession. Une guerre civile américaine qui a opposé, pendant près de cinq ans, pour faire simple, les opposants et les défenseurs de l'esclavage. Comme dans son précédent film, Quentin Tarantino joue avec les faits historiques, pour mieux les tordre et mettre en relief la violence et l'horreur diligentées par certains hommes... Même si, pour cela, le réalisateur met en scène d'autres actes horribles et d'autres personnages violents.
Django Unchained suit l'épopée vengeresse d'un esclave, Django (Jamie Foxx), bien décidé à retrouver et tuer ses anciens tortionnaires, et à sauver sa dulcinée. Pour y parvenir, il est aidé par le Dr Schultz (Christoph Waltz), dentiste et chasseur de primes. Le duo est d'abord régi par le rapport de maître à esclave - le "Doctor" utilisant la servilité de Django pour qu'il le mène à ses "primes" - avant qu'ils ne deviennent partenaires. Sur leur route, western oblige, les deux hommes vont trouver bon nombre de "méchants" à dessouder. Parmi eux, le spectateur retiendra la (courte) performance de Don Johnson en chef d'une bande d'ersatz de Ku Klux Klan, mais, surtout, celle, admirable, de Leonardo DiCaprio, dans la peau du propriétaire d'esclaves Calvin Candie.
Tarantino plus déchaîné que jamais
Même si l'on connaissait le talent de la coqueluche de Martin Scorsese, on reste bouche bée devant la force et le magnétisme de son interprétation. A l'instar de Christoph Waltz, qui distribue les répliques cinglantes comme Django les peines de mort, l'acteur californien joue dans une autre catégorie. Pas simplement cruel ou sadique, son personnage est aussi complexe, torturé, malsain et crédule qu'auraient pu l'être certains blancs n'ayant connu que l'esclavage... Calvin Candie va d'ailleurs matérialiser toute la haine et le désir brûlant de vengeance que partagent Django et le Dr Schultz. Tarantino gère avec beaucoup d'intelligence l'affrontement final entre les deux parties, n'oubliant pas d'octroyer de l'importance dans l'issue du récit à des personnages secondaires, comme celui de Stephen. C'est un Samuel L. Jackson vieilli qui interprète ce serviteur noir qui semble concentrer encore plus de haine envers les autres esclaves que son maître.
Outre ses belles prestations masculines (aucune femme, ou presque, ne peuple le 8e long-métrage de Tarantino), Django Unchained est un hommage appuyé du réalisateur au genre du western. On y retrouve avec plaisir des fusillades plus ou moins ensanglantées (mention spéciale à celle de la fin du film, à la limite du burlesque), les grands espaces américains et une musique stylisée (où Ennio Morricone et RZA se télescopent). Reste que le film est très long (presque 3 heures) et, s'il évite certains écueils d'Inglorious Basterds (on oublie les monologues et autres punchlines qui tombent à l'eau), il pèche par lourdeur scénaristique. On regrettera notamment une fin interminable, l'abondance de flash-backs, et l'incongruité de certaines scènes. A part ça, Django Unchained c'est du Tarantino, plus déchaîné que jamais.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire