Lincoln de Steven Spielberg
Biopic, drame, USA, 2012, 2H29
Avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, David Strathairn
Sortie le 30 janvier 2013
L'objectif : Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l'esclavage. Cet homme doté d'une détermination et d'un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir.
Le subjectif : Après avoir plongé avec lui dans le conflit mondial de 14-18 (avec Cheval de Guerre, sorti il y a moins d'un an), c'est cette fois au cœur de la grande guerre de Sécession américaine que Steven Spielberg convie son spectateur. Ou plutôt au dénouement de celle-ci. Le réalisateur s'intéresse dans Lincoln aux derniers mois du conflit civil qui opposa, entre 1861 et 1865, les Sudistes, États confédérés sortis des États-Unis, aux membres de l'Union qui en faisaient toujours partie. S'il est question de cette guerre, le principal sujet du vingt-huitième long-métrage de Steven Spielberg est, comme son nom l'indique : Abraham Lincoln. Mais, à la différence d'un "biopic" traditionnel, Lincoln ne retrace pas toute la vie du seizième président américain.
Spielberg et son scénariste se sont limité à conter les derniers instants de Lincoln, entre janvier et avril 1865. Moment où il tentait de modifier la Constitution, en faisant voter le célèbre treizième amendement sur l'abolition de l'esclavage. En cela, Lincoln est autant le portrait d'un homme politique majeur, qu'il est la peinture d'une époque et de débats d'idées décisifs. En outre, hormis lors de la scène d'ouverture, le conflit armé et sanglant entre les tuniques bleues et les Sudistes ne paraît jamais à l'écran. Les seuls combats que Spielberg filme sont les joutes verbales entre démocrates et républicains qui se déroulent au sein de la Chambre des représentants. Des situations et des discours teintés d'Histoire qui marqueront sans doute les spectateurs américains, mais qui pourront également rebuter les autres. Lincoln est un film politique, même si, comme chaque Spielberg, une grande importance est donnée à l'humain.
Par conséquent, un des plus grands défis du réalisateur, et de son film, était de trouver un acteur capable de camper l'homme derrière Abraham Lincoln. Après deux refus successifs, le double oscarisé Daniel Day Lewis a fini par accepter le rôle. Formidable sous les traits du grand, maigre et chapeauté premier président républicain de l'histoire des États-Unis, l'acteur, dernièrement récompensé pour sa prestation dans There Will Be Blood en 2008, semble filer tout droit vers une troisième statuette. Plus qu'un homme politique, il incarne parfaitement le mari, le père de famille ou encore l'homme avide d'équité et de changement qu'était Lincoln. On découvre ainsi un personnage sûr de lui, intransigeant et puissant dans son rôle de président, mais en même temps drôle et touchant, comme lorsqu'il raconte ces "anecdotes" qui accompagnent ses convictions politiques.
Daniel Day Lewis n'est cependant pas seul à crever l'écran. Le rôle le plus marquant est peut-être celui d'un autre député républicain, abolitionniste comme lui, mais encore plus radical : Thaddeus Stevens, interprété avec sobriété et mesure par Tommy Lee Jones. On retrouve également foule de grands acteurs dans des "petits" rôles, comme Joseph Gordon Levitt qui joue le fils aîné de Lincoln, Jackie Earle Haley (mémorable Rorscach dans Watchmen) ou Michael Stuhlbarg (le Serious Man des frères Coen). On retiendra enfin l'incarnation déchirante de la femme du président par Sally Field, nommée elle aussi aux Oscars. En résulte une partition toujours maîtrisée et rarement ennuyeuse - même si quelques longs monologues peuvent être difficiles à digérer - au cœur de laquelle les femmes et les hommes à l'origine de cette Histoire brillent en pleine lumière.
Spielberg et son scénariste se sont limité à conter les derniers instants de Lincoln, entre janvier et avril 1865. Moment où il tentait de modifier la Constitution, en faisant voter le célèbre treizième amendement sur l'abolition de l'esclavage. En cela, Lincoln est autant le portrait d'un homme politique majeur, qu'il est la peinture d'une époque et de débats d'idées décisifs. En outre, hormis lors de la scène d'ouverture, le conflit armé et sanglant entre les tuniques bleues et les Sudistes ne paraît jamais à l'écran. Les seuls combats que Spielberg filme sont les joutes verbales entre démocrates et républicains qui se déroulent au sein de la Chambre des représentants. Des situations et des discours teintés d'Histoire qui marqueront sans doute les spectateurs américains, mais qui pourront également rebuter les autres. Lincoln est un film politique, même si, comme chaque Spielberg, une grande importance est donnée à l'humain.
Ce n'est pas inhabituel, c'est historique ! - Schuyler Colfax, président de la Chambre des représentants, après avoir affirmé son intention de prendre part au vote
Par conséquent, un des plus grands défis du réalisateur, et de son film, était de trouver un acteur capable de camper l'homme derrière Abraham Lincoln. Après deux refus successifs, le double oscarisé Daniel Day Lewis a fini par accepter le rôle. Formidable sous les traits du grand, maigre et chapeauté premier président républicain de l'histoire des États-Unis, l'acteur, dernièrement récompensé pour sa prestation dans There Will Be Blood en 2008, semble filer tout droit vers une troisième statuette. Plus qu'un homme politique, il incarne parfaitement le mari, le père de famille ou encore l'homme avide d'équité et de changement qu'était Lincoln. On découvre ainsi un personnage sûr de lui, intransigeant et puissant dans son rôle de président, mais en même temps drôle et touchant, comme lorsqu'il raconte ces "anecdotes" qui accompagnent ses convictions politiques.
Daniel Day Lewis n'est cependant pas seul à crever l'écran. Le rôle le plus marquant est peut-être celui d'un autre député républicain, abolitionniste comme lui, mais encore plus radical : Thaddeus Stevens, interprété avec sobriété et mesure par Tommy Lee Jones. On retrouve également foule de grands acteurs dans des "petits" rôles, comme Joseph Gordon Levitt qui joue le fils aîné de Lincoln, Jackie Earle Haley (mémorable Rorscach dans Watchmen) ou Michael Stuhlbarg (le Serious Man des frères Coen). On retiendra enfin l'incarnation déchirante de la femme du président par Sally Field, nommée elle aussi aux Oscars. En résulte une partition toujours maîtrisée et rarement ennuyeuse - même si quelques longs monologues peuvent être difficiles à digérer - au cœur de laquelle les femmes et les hommes à l'origine de cette Histoire brillent en pleine lumière.
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