Les Nouveaux sauvages de Damián Szifron
Comédie, thriller, drame, Argentine, 2014, 2H02
Avec Ricardo Darín, Oscar Martinez, Leonardo Sbaraglia
Sortie le 14 janvier 2015
L'objectif : L'inégalité, l'injustice et l'exigence auxquelles nous expose le monde où l'on vit provoquent du stress et des dépressions chez beaucoup de gens. Certains craquent. Les Nouveaux sauvages est un film sur eux. Vulnérables face à une réalité qui soudain change et devient imprévisible, les héros des Nouveaux sauvages franchissent l'étroite frontière qui sépare la civilisation de la barbarie. Une trahison amour, le retour d'un passé refoulé, la violence enfermée dans un détail quotidien, sont autant de prétextes qui les entraînent dans un vertige où ils perdent les pédales et éprouve l'indéniable plaisir du pétage de plombs.
(Sélection officielle, en compétition - Cannes 2014)
(Sélection officielle, en compétition - Cannes 2014)
Le subjectif : Il y a huit mois, Les Nouveaux sauvages avait fait hurler de rire le Palais des festivals. Le film à sketch du réalisateur argentin Damián Szifron, grinçant et mordant à souhait, avait réveillé jury et spectateurs du 67e Festival de Cannes. Salves d'applaudissements nourris, fous rires en chœurs, satisfaction à l'unisson : si le film produit par Pedro Almodóvar est reparti bredouille de Cannes, il a quitté la Croisette avec une bonne étoile au-dessus de la tête. Car huit mois plus tard, Les Nouveaux sauvages nous refait le coup de l'unanimité critique, des éclats de rire en pagailles, et peut même se targuer de battre des records d'affluence dans les salles argentines. Sans oublier une nomination plus qu'évidente aux Oscars 2015, au titre de Meilleur film étranger.
Et étranger est un mot qui convient plutôt bien au long-métrage de Damián Szifron. L'Argentin de presque 40 ans, qu'on compare sans trop se mouiller à Quentin Tarantino, et dont les deux premiers films restent à ce jour inédits en France, nous propose un divertissement... différent. Premier film à sketch à monter les marches de Cannes depuis Le Sens de la vie des Monty Python (Grand prix spécial du jury en 1983), Les Nouveaux sauvages déroule six histoires courtes au postulat de départ si ce n'est identique, en tout cas similaire. Chacune met en scène un personnage confronté à une accumulation d'exaspérations de son quotidien, plus ou moins importantes, qui vont finir par le faire sortir de ses gonds.
Hilarant parce que totalement absurde - dans un monde réglementé par des lois et un savoir-vivre, où on a souvent tendance à baisser la tête et enfouir sa colère au plus profond de soi, quand un désagrément survient - le film de Szifron fait rire d'un plaisir presque malsain. On aime voir ces quidams "péter un câble", et enfin exaucer nos souhaits cachés au fond de notre bonne conscience. Ces désirs refoulés de nous venger de tous ces pauvres hères qui nous pourrissent la vie, avec leurs règlements, leur condescendance et leurs petites agressions du quotidien qui, répétées sans cesse, nous mettent hors de nous. On se laisse aller à rire de bon cœur devant ces scènes - bien souvent d'une incroyable violence - où la frénésie et la rage excusent toute mauvaise conduite. Défouloir, peinture sans limite de nos pulsions les plus réprimables, Les Nouveaux sauvages se savoure avec culpabilité, un peu, mais surtout avec amour. D'autant plus qu'il est réalisé avec talent, qu'il soit devant ou derrière la caméra.
Film argentin oblige, le public français ne connaîtra pas ou peu d'acteurs présents au casting. Qu'importe, leur partition sans faute (la mariée !!!) suffit à vouloir les retrouver dans d'autres long-métrages. Et parce qu'il n'est jamais trop tard, espérons que les deux premiers films de Damián Szifron aient la chance de briller dans nos salles obscures. Il serait dommage de passer à côté d'une mise en scène comme la sienne, à la fois nerveuse (le rythme du film est parfaitement travaillé, avec des séquences d'une vingtaine de minutes chacune), ambitieuse (les scènes d'action, cascades et autres effets visuels sont tous réussis, réalistes et jamais inappropriés) tout en restant sobre quand il le faut. Presque jamais indigeste (je regretterais simplement la fin d'une séquence, en prison, un poil trop irréelle), d'une drôlerie acide et désaltérante (mon pic de rires : le mariage), Les Nouveaux sauvages se déguste avec férocité. Les yeux écarquillés, et la gorge déployée.
Et étranger est un mot qui convient plutôt bien au long-métrage de Damián Szifron. L'Argentin de presque 40 ans, qu'on compare sans trop se mouiller à Quentin Tarantino, et dont les deux premiers films restent à ce jour inédits en France, nous propose un divertissement... différent. Premier film à sketch à monter les marches de Cannes depuis Le Sens de la vie des Monty Python (Grand prix spécial du jury en 1983), Les Nouveaux sauvages déroule six histoires courtes au postulat de départ si ce n'est identique, en tout cas similaire. Chacune met en scène un personnage confronté à une accumulation d'exaspérations de son quotidien, plus ou moins importantes, qui vont finir par le faire sortir de ses gonds.
Drôle, bête et (un peu) méchant
Hilarant parce que totalement absurde - dans un monde réglementé par des lois et un savoir-vivre, où on a souvent tendance à baisser la tête et enfouir sa colère au plus profond de soi, quand un désagrément survient - le film de Szifron fait rire d'un plaisir presque malsain. On aime voir ces quidams "péter un câble", et enfin exaucer nos souhaits cachés au fond de notre bonne conscience. Ces désirs refoulés de nous venger de tous ces pauvres hères qui nous pourrissent la vie, avec leurs règlements, leur condescendance et leurs petites agressions du quotidien qui, répétées sans cesse, nous mettent hors de nous. On se laisse aller à rire de bon cœur devant ces scènes - bien souvent d'une incroyable violence - où la frénésie et la rage excusent toute mauvaise conduite. Défouloir, peinture sans limite de nos pulsions les plus réprimables, Les Nouveaux sauvages se savoure avec culpabilité, un peu, mais surtout avec amour. D'autant plus qu'il est réalisé avec talent, qu'il soit devant ou derrière la caméra.
Film argentin oblige, le public français ne connaîtra pas ou peu d'acteurs présents au casting. Qu'importe, leur partition sans faute (la mariée !!!) suffit à vouloir les retrouver dans d'autres long-métrages. Et parce qu'il n'est jamais trop tard, espérons que les deux premiers films de Damián Szifron aient la chance de briller dans nos salles obscures. Il serait dommage de passer à côté d'une mise en scène comme la sienne, à la fois nerveuse (le rythme du film est parfaitement travaillé, avec des séquences d'une vingtaine de minutes chacune), ambitieuse (les scènes d'action, cascades et autres effets visuels sont tous réussis, réalistes et jamais inappropriés) tout en restant sobre quand il le faut. Presque jamais indigeste (je regretterais simplement la fin d'une séquence, en prison, un poil trop irréelle), d'une drôlerie acide et désaltérante (mon pic de rires : le mariage), Les Nouveaux sauvages se déguste avec férocité. Les yeux écarquillés, et la gorge déployée.
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