dimanche 14 février 2016

| Avis ¦ Deadpool, même pas mal (du tout) !


Deadpool de Tim Miller

 

Action, aventure, comédie, Marvel, USA, 2016, 1H48
Avec Ryan Reynolds, Morena Baccarin, Ed Skrein 
Sortie le 10 février 2016


L'objectif : Deadpool, est l'anti-héros le plus atypique de l'univers Marvel. A l'origine, il s'appelle Wade Wilson : un ancien militaire des Forces Spéciales devenu mercenaire. Après avoir subi une expérimentation hors norme qui va accélérer ses pouvoirs de guérison, il va devenir Deadpool. Armé de ses nouvelles capacités et d'un humour noir survolté, Deadpool va traquer l'homme qui a bien failli anéantir sa vie.



Le subjectif : Dès le générique d'ouverture, le ton de ce nouveau Marvel est donné. En gratifiant acteurs, producteurs et réalisateur de surnoms gratinés comme "meuf super bonne", "des culs" ou "blaireau surpayé", Deadpool annonce la couleur : il sera irrévérencieux, ou ne sera pas. Cette information est tout sauf une surprise, pour tous ceux ayant goûté à l'énorme campagne promotionnelle du film, comme pour les fidèles des aventures du mercenaire en lycra rouge aux capacités régénératrices. Car si Wade Wilson - l'humain en phase terminale à qui on injecte des gènes mutants lui octroyant un facteur guérisseur illimité et quasi-instantané qui se cache derrière le costume rouge et noir - fait partie de l'univers Marvel, il ne ressemble en rien à l'archétype du super-héros que la Maison des idées nous sert sur grand écran depuis presque dix ans maintenant. Deadpool est "dérangé", sacrément vulgaire et adepte du découpage d'ennemis qui tache. En gros, son univers se compose d'élucubrations à tendance schizophréniques (Wade Wilson se parle régulièrement à lui-même, mais pas que, nous y reviendrons), d'insultes, de blagues pas toujours très fines et autres allusions scabreuses, et d'hémoglobine.


Sans aller plus loin, répondons à cette question : le film de Tim Miller respecte-t-il l'univers de la licence ? Oui, sans aucun doute ! Après les succès des Gardiens de la Galaxie ou encore d'Ant-Man, qui sont parvenus à satisfaire critiques et public avec deux histoires situées clairement en dehors des productions affiliées au cycle Avengers (les films Iron Man, Thor et Captain America notamment), la Fox, qui produit ce film, et qui est également derrière TOUS les films X-Men, s'est autorisé un pétage de plomb (en règle) avec Deadpool. Classé R aux États-Unis (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés), le film compte son lot de vulgarités, de blagues lourdingues à graveleuses, en passant par de la sodomie au gode-ceinture ou autres mimes de masturbation ; sans oublier des litres et des litres de sang, de décapitations et autres head-shots toute cervelle dehors. C'est crade, c'est violent, mais c'est surtout très drôle. Et tout ça, grâce notamment à la sympathique folie du personnage principal, habitée par un Ryan Reynolds qu'on n'avait pas vu aussi convaincant depuis... The Voices. Ceci étant un clin d’œil à tous ceux qui s'amusent à descendre la filmographie du petit ami de Blake Lively. Ceci étant un autre clin d’œil à tous ceux qui auraient oublié avec qui ce mec se couche tous les soirs.



L'histoire d'amour entre Ryan et Wade avait pourtant mal commencé. Car vous ne le savez peut-être pas, ou vous vous êtes forcés à l'oublier, mais l'acteur canadien a déjà campé l'anti-héros lui aussi canadien (tiens tiens !). C'était dans l'infâme X-Men Origins : Wolverine, et ça faisait plutôt peur (voyez par vous-même). Mais comme le dit l'adage, c'est (encore) meilleur la seconde fois, donc Ryan Reynolds y est retourné, et a cette fois fait du bon boulot. Le film retranscrit en effet plutôt bien le côté barré du personnage - même si certains regretteront que les scénaristes ne soient pas allés plus loin dans le penchant psychotique de leur héros. J'ai parlé du sang, des vannes et des gros mots, il ne faut pas non plus oublier l'aspect principal du comics : son affranchissement régulier du 4e mur. Ou, en d'autres termes, le dialogue existant entre le personnage et le lecteur. Deadpool a conscience qu'il est un héros de BD, comme il a conscience qu'il est dans un long-métrage. C'est pourquoi Wade Wilson s'adresse plusieurs fois au spectateur, commente des séquences du film ou certains détails qu'un personnage de fiction ne devrait pas relever, comme par exemple ces allusions à l'acteur Ryan Reynolds et à son "navet" Green Lantern. Même si l'exercice est un peu facile et aurait pu être plus travaillé, il a le mérite d'exister. Le problème du film ne se situe donc pas là.

Alors c'est quoi le problème, du con ?

Finalement, y a-t-il seulement un problème ? Oui et non. Non, car tout ça est déjà extrêmement satisfaisant. Déjà, la Fox est à féliciter pour avoir cru en ce personnage, après l'avoir quasiment condamné avec X-Men Origins : Wolverine. Ensuite, le film est plutôt bien réalisé, Tim Miller, habitué à l'animation et aux effets spéciaux, a fait du bon boulot. Les scènes d'action, bien que pas très nombreuses et traînant en longueur, sont bien orchestrées, les cascades et mises à mort sont réalistes et le "bullet time" est utilisé à bon escient. Qui plus est, les personnages sont fort sympathiques, les seconds rôles apportent un plus à l'histoire (mention spéciale aux deux X-Men, même s'ils sont bien seuls... Mais, comme le fait remarquer Deadpool dans son propre film, "3 X-Men ça aurait coûté trop cher"), et le méchant, bien qu'ordinaire, fait le job. La BO est plutôt bonne, et on peut même apprécier l'histoire du long-métrage comme étant une étonnante et détonante "rom com". Une comédie romantique avec du sang et des armes, entre Wade Wilson et sa chère et tendre Vanessa. Oups, j'avais oublié de vous en parler... En fait non, on s'en fout un peu, vous n'avez qu'à aller voir le film ! Mais les voilà quand même :



Et donc, le problème, à part que je sois un cinéphile exigeant, pourri gâté d'excellents films et qui en demande trop ? J'y viens, j'y viens... Disons qu'il en aurait fallu peu pour que je sois totalement heureux. En sortant d'Ant-Man ou des Gardiens de la Galaxie, pour continuer avec ces références, j'avais la banane, j'étais content d'avoir assisté à un spectacle divertissant en diable, drôle et "différent", mais avant tout à un long-métrage qui se tenait, et qui m'avait transporté, qui m'avait - soyons fous - ému. Deadpool a beau être sympa, irrévérencieux, et vraiment, vraiment fidèle aux comics, il a beau être servi par un acteur sincère, être bourré de bonne volonté et d'autodérision salvatrice, et avoir une scène post-générique géniale, qui rend hommage à une des plus grandes comédies américaines (vos propositions dans les commentaires !) et qui est, là encore, "métadiégétique" (j'attends également vos questions et explications sur ce mot dans les commentaires, merci), ce n'est rien d'autre qu'un très bon film, qui m'a laissé sur ma faim. Un très bon film, ni plus, ni moins. Bien au contraire.


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