La Tour 2 contrôle infernale d'Eric Judor
Comédie, France, 2014, 1H28
Avec Eric Judor, Ramzy Bedia, Marina Foïs
Sortie le 10 février 2016
L'objectif : Octobre 1981. Ernest Krakenkrick et Bachir Bouzouk sont deux brillants
pilotes de l’armée française. Suite à une malencontreuse erreur au cours
d’un test de centrifugeuse, ils perdent une partie de leur potentiel
intellectuel. L’armée voulant les garder dans l’aviation, on leur trouve
un poste de bagagistes à Orly Ouest. Et là... La genèse des aventures
de nos deux laveurs de carreaux de La Tour Montparnasse Infernale.
Le subjectif : Quinze ans ! Voilà quinze ans que moi, amoureux transit des deux laveurs de carreaux de La Tour Montparnasse infernale de père en fils, fils de boulanger, j'attendais ce moment. Faisant fi des mauvaises critiques lues ça et là, ne me laissant pas décourager par le début de bide cosmique que réalisait le film dans les salles et qui annonçait un incroyable désamour du public envers les deux comiques, je me suis frayé une place au milieu des cinq ou six personnes remplissant la petite salle du fond à droite de mon cinéma préféré (le seul à passer ce film), et j'ai attendu encore un peu. L'intro est arrivée : Eric et Ramzy campaient deux brillants pilotes de l'armée française passant des tests en centrifugeuse pour déterminer leur capacité à effectuer une mission dans l'espace. Ces deux as, c'étaient les pères des deux héros du premier film, réalisé par Charles Nemes. L'intro est arrivée, et la première vanne fût lancée. Un des deux pilotes, joué par Ramzy, s'appelait Bachi(r) Bouzouk, le "r" étant muet. Eric était quant à lui Ernest Kraken(krick), et là c'était le "krick" qui était muet... Ne pouvant plus me retenir davantage - quinze ans c'est long vous savez ! - j'ai ri à gorge déployée. L'humour bête et pas méchant de mes idoles était bien au rendez-vous, alors même que Bouzouk et Kraken n'étaient pas encore devenus "gogols".
Un peu seul dans la salle obscure, je m'apprêtais donc à dévorer à coup d'éclats de rire la suite du programme, bien décidé à rattraper le temps perdu. Malheureusement, quinze ans c'est long. L'humour débile et régressif d'Eric et Ramzy n'avait peut-être pas pris une ride, mais leurs auteurs, si. Eric a pris du poids, Ramzy s'est dégarni, et surtout, surtout, des rôles et des personnages sont - fort heureusement - passés entre leurs mains. "Le petit chauve" s'est révélé auteur, acteur et réalisateur de génie dans les deux premières saisons de Platane, tandis que "l'autre, avec ses grands bras maigres", a joué dans plusieurs comédies françaises, mais aucune sous les traits d'un demeuré. Alors voilà, les voir tous les deux reprendre leur voix niaise, un peu forcée, ça m'a perturbé. Le sketch de l'ophtalmo m'a semblé long, lourd, surjoué. Malgré moi, je me suis glissé dans la peau de ces "vieux cons" (pardon papa) qui n'aiment et n'aimeront jamais leur humour, cet idéal comique absurde poussé à l'extrême qui ferait passer Mr Bean pour un prix Nobel. Étais-je devenu ce spectateur incapable de délier le jeu du vrai, de distinguer le travail d'acteur de la connerie pure ? Je ne vous cache pas que j'ai eu peur, seul, abandonné au fond de mon siège. Puis, soudain, le miracle a eu lieu. Je ne saurais dire si c'est le jeu de Ramzy qui a sonné de nouveau vrai, ou si c'est moi qui me suis réhabitué progressivement à leurs voix aiguës, à leur ton et leurs réactions débiles, à leurs bêtises... mais je me suis mis de nouveau à (les) aimer. Et à rire.
On peut ainsi arrêter le récit trépidant de mon aventure au cinéma - déjà parce que vous vous en foutez, je le sens, et ensuite parce que je suis rassuré : mon amour pour l'humour absurde et niais d'Eric et Ramzy ronronne toujours au fond de mon cœur. Et une bonne nouvelle en entraînant souvent une autre : j'ai découvert que les deux compères étaient loin d'être les deux seuls atouts comiques de La Tour 2 contrôle infernale. Comme vous le savez peut-être, ce film, contrairement au premier, est réalisé par Eric Judor himself. Depuis ses rôles d'acteur dans H et ses premières comédies en binôme, le bonhomme a roulé son crâne glabre dans de jolies directions : des nombreuses collaborations avec le génial Quentin Dupieux (Steak, Wrong, Wrong Cops) jusqu'aux deux saisons de Platane, en passant par son premier film, l'excellent Seuls Two. Bref, Eric Judor est devenu un cador du rire, devant et derrière la caméra. Et cette Tour 2 contrôle infernale tend une fois de plus à le prouver. Si beaucoup de gags et sketchs semblent avoir été décalqués sur le premier, pour le plus grand bonheur des fans, le succès comique du long-métrage est peut-être à trouver du côté des personnages gravitant autour des deux "zéros". Et là, c'est le carton plein.
Dès la bande-annonce (rendez-vous en tête d'article), avec le passage en flamand, je savais que j'allais me régaler. J'étais loin du compte. Les seconds rôles sont merveilleux, tant dans leur interprétation que dans leurs dialogues. Premièrement, on prend un incommensurable plaisir à retrouver les parents de (presque) tous les seconds couteaux de La Tour Montparnasse infernale : les merveilleux Marina Foïs et Serge Riaboukine sont de la partie, tout comme le géniteur bodybuildé du célèbre Peter McCalloway. Deuxièmement, on se régale avec les nouveaux venus. En première ligne, il y a le Colonel Janouniou, l'improbable méchant à la syntaxe bancale et à la susceptibilité exacerbée, campé par Philippe Katerine. Ses crises de nerfs, son accent, sa folie, et ses innombrables et interminables monologues sont absolument délicieux. Et que dire de ceux du Ministre de l'Intérieur, joué par le discret mais ici excellent Grégoire Oestermann ? Il est un homme d’État misogyne et à la ramasse complet, qui aurait préféré devenir Ministre de la Culture, ce qui donne lieu à des digressions succulentes et à des clins d’œil "historiques" jouissifs.
Je sens que je vous perds, alors je vais en rester là. Sachez une chose : pour le bien de la patrie, de l'humour absurde et d'Eric et Ramzy, et si vous tenez un tant soit peu à tout cela comme (à) moi, il faut faire preuve d'engagement militant et aller voir cette Tour 2 contrôle infernale. Le destin de nos deux "gogols" et du Monde est entre vos mains ! Et contrairement à eux, JE NE PLAISANTE PAS !
Un peu seul dans la salle obscure, je m'apprêtais donc à dévorer à coup d'éclats de rire la suite du programme, bien décidé à rattraper le temps perdu. Malheureusement, quinze ans c'est long. L'humour débile et régressif d'Eric et Ramzy n'avait peut-être pas pris une ride, mais leurs auteurs, si. Eric a pris du poids, Ramzy s'est dégarni, et surtout, surtout, des rôles et des personnages sont - fort heureusement - passés entre leurs mains. "Le petit chauve" s'est révélé auteur, acteur et réalisateur de génie dans les deux premières saisons de Platane, tandis que "l'autre, avec ses grands bras maigres", a joué dans plusieurs comédies françaises, mais aucune sous les traits d'un demeuré. Alors voilà, les voir tous les deux reprendre leur voix niaise, un peu forcée, ça m'a perturbé. Le sketch de l'ophtalmo m'a semblé long, lourd, surjoué. Malgré moi, je me suis glissé dans la peau de ces "vieux cons" (pardon papa) qui n'aiment et n'aimeront jamais leur humour, cet idéal comique absurde poussé à l'extrême qui ferait passer Mr Bean pour un prix Nobel. Étais-je devenu ce spectateur incapable de délier le jeu du vrai, de distinguer le travail d'acteur de la connerie pure ? Je ne vous cache pas que j'ai eu peur, seul, abandonné au fond de mon siège. Puis, soudain, le miracle a eu lieu. Je ne saurais dire si c'est le jeu de Ramzy qui a sonné de nouveau vrai, ou si c'est moi qui me suis réhabitué progressivement à leurs voix aiguës, à leur ton et leurs réactions débiles, à leurs bêtises... mais je me suis mis de nouveau à (les) aimer. Et à rire.
Au bonheur des fans
On peut ainsi arrêter le récit trépidant de mon aventure au cinéma - déjà parce que vous vous en foutez, je le sens, et ensuite parce que je suis rassuré : mon amour pour l'humour absurde et niais d'Eric et Ramzy ronronne toujours au fond de mon cœur. Et une bonne nouvelle en entraînant souvent une autre : j'ai découvert que les deux compères étaient loin d'être les deux seuls atouts comiques de La Tour 2 contrôle infernale. Comme vous le savez peut-être, ce film, contrairement au premier, est réalisé par Eric Judor himself. Depuis ses rôles d'acteur dans H et ses premières comédies en binôme, le bonhomme a roulé son crâne glabre dans de jolies directions : des nombreuses collaborations avec le génial Quentin Dupieux (Steak, Wrong, Wrong Cops) jusqu'aux deux saisons de Platane, en passant par son premier film, l'excellent Seuls Two. Bref, Eric Judor est devenu un cador du rire, devant et derrière la caméra. Et cette Tour 2 contrôle infernale tend une fois de plus à le prouver. Si beaucoup de gags et sketchs semblent avoir été décalqués sur le premier, pour le plus grand bonheur des fans, le succès comique du long-métrage est peut-être à trouver du côté des personnages gravitant autour des deux "zéros". Et là, c'est le carton plein.
Dès la bande-annonce (rendez-vous en tête d'article), avec le passage en flamand, je savais que j'allais me régaler. J'étais loin du compte. Les seconds rôles sont merveilleux, tant dans leur interprétation que dans leurs dialogues. Premièrement, on prend un incommensurable plaisir à retrouver les parents de (presque) tous les seconds couteaux de La Tour Montparnasse infernale : les merveilleux Marina Foïs et Serge Riaboukine sont de la partie, tout comme le géniteur bodybuildé du célèbre Peter McCalloway. Deuxièmement, on se régale avec les nouveaux venus. En première ligne, il y a le Colonel Janouniou, l'improbable méchant à la syntaxe bancale et à la susceptibilité exacerbée, campé par Philippe Katerine. Ses crises de nerfs, son accent, sa folie, et ses innombrables et interminables monologues sont absolument délicieux. Et que dire de ceux du Ministre de l'Intérieur, joué par le discret mais ici excellent Grégoire Oestermann ? Il est un homme d’État misogyne et à la ramasse complet, qui aurait préféré devenir Ministre de la Culture, ce qui donne lieu à des digressions succulentes et à des clins d’œil "historiques" jouissifs.
Je sens que je vous perds, alors je vais en rester là. Sachez une chose : pour le bien de la patrie, de l'humour absurde et d'Eric et Ramzy, et si vous tenez un tant soit peu à tout cela comme (à) moi, il faut faire preuve d'engagement militant et aller voir cette Tour 2 contrôle infernale. Le destin de nos deux "gogols" et du Monde est entre vos mains ! Et contrairement à eux, JE NE PLAISANTE PAS !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire