jeudi 14 avril 2016

| Avis ¦ 13 Hours, Michael Bay repart en guerre

13 Hours de Michael Bay

 

Action, guerre, drame, USA, 2016, 2H24
Avec John Krasinski, James Badge Dale, Max Martini
Sortie le 30 mars 2016


L'objectif : Benghazi (Libye), 11 septembre 2012. Face à des assaillants sur-armés et bien supérieurs en nombre, six hommes ont eu le courage de tenter l’impossible. Leur combat a duré 13 heures. Ceci est une histoire vraie.


Le subjectif : Au commencement, Michael Bay crée des films d'action à grand spectacle. Avec Jerry Bruckheimer, son producteur, il enchaîne dans les années 1990 les succès comme les perles, et comme autant de films cultes, qui raisonnent encore et toujours dans le cœur de n'importe quel cinéphile bercé par cette époque où l'entertainment est roi : je pense à Bad Boys et Bad Boys 2, Rock ou Armageddon. Et puis, au tournant des années 2000, au détour d'un film SF plus humaniste, Michael Bay entame un virage. Si The Island est un four (pourtant très plaisant), il introduit son réalisateur dans une voie nouvelle, symbolisée par une rencontre. Exit Bruckheimer, bonjour Spielberg. Suite à son (premier) échec au box-office, le réalisateur s'associe en effet au papa d'E.T., amoureux comme lui des belles histoires et des beaux effets. Kaboom ! Le nouveau Michael Bay est né. Après la déception, place aux Decepticons : le Californien retrouve le succès avec la saga Transformers. On pense alors le réalisateur une nouvelle fois enfermé dans une case, englué dans cette fresque, parfois grotesque, de gros robots rutilants qui défouraillent. On se trompe. Encore. En 2013, Bay sort de sa casquette No Pain No Gain, petit bijou d'inventivité, esthétiquement fabuleux et foutrement drôle. Trois ans plus tard, après un nouvel intermède "robostylisé", le voilà qu'il déboule encore hors des sentiers battus pour s’adonner à un genre nouveau : le film de guerre.



Ou plutôt, le voilà qui y retourne, quinze ans après Pearl Harbor - même si 13 Hours raconte l'histoire d'une toute autre "guerre" que celle portée à l'écran en leur temps par Ben Affleck et Josh Hartnett. En 2016, Bay s'attaque au film sale, toujours historique (son synopsis est adapté d'un livre de Mitchell Zuckoff, lui-même tiré d'une histoire vraie) mais plus amoral, plus critique et moins patriotique que le long-métrage sur l'attaque japonaise du 7 décembre 1941. A l'instar de Ridley Scott, Kathryn Bigelow ou Clint Eastwood, Michael Bay présente un "hommage" aux soldats américains embourbés dans des conflits armés en Afrique et au Moyen-Orient. Seulement, à la différence de La Chute du faucon noir, Démineurs, Zero Dark Thirty ou American Sniper, il ne parle pas de "véritables" soldats. 13 Hours suit en effet six membres d'une unité d'élite chargée de protéger une base secrète de la CIA située à Benghazi, en septembre 2012, dans une Libye "libérée" de Khadafi mais en pleine guerre civile. Les milices se partagent les quartiers de la capitale lybienne, et nos "mercenaires", anciens Marines ou Ranger, sont des "invités" invisibles veillant à la sécurité d'agents du Renseignement n'ayant pas plus de légitimité qu'eux à être là. La venue d'un ambassadeur américain à une poignée de kilomètres de leur camp, dans une mission diplomatique mal organisée et très peu protégée, va bousculer leur quotidien. Et enclencher le début des hostilités.


Soldats inconnus

Dès les premières minutes du film, Michael Bay met le spectateur dans le bain - un bain rempli d'action et de tension - pour ne plus le lâcher. Petit à petit, on comprend à quel point la stabilité de la "paix" à Benghazi est précaire, et on tremble avec nos "soldats inconnus" de voir un conflit éclater. Plus que de paix, il faudrait d'ailleurs parler de calme : ce fameux "calme avant la tempête". Avant que celle-ci n'arrive, et qu'on vive ces 13 heures d'assaut que le titre du film a promises, le réalisateur déroule son histoire. Avec toujours la même habileté. Il dévoile le quotidien particulier de cette cellule armée mais secrète, au fil de petites missions de convoi et d'escorte, d'entraînements, de coups de fil aux familles ou d'engueulades avec les agents de la CIA - qui ne voient pas tous d'un bon œil la présence de ces gros bras armés à leurs côtés. Non sans humour (le film est par moments réellement drôle, aussi étrange que cela puisse paraître - mais cela ne surprendra pas les fans de Bay), on découvre nos militaires, presque tous barbus et taillés comme les Appalaches, avec leurs spécialités, leur gouaille et leurs manies respectives. L'équipe a son sniper taiseux et mystique, son Ranger-grande-gueule, son vieux-de-la-vieille, son expert en explosif... Et il y a deux frères d'armes, qui se retrouvent sur le terrain lybien après de nombreuses missions au service de l'Oncle Sam (on dit bienvenue à la touche émotion du scénario - pas forcément son point fort).



Comme à son habitude, Michael Bay propose des personnages merveilleux, pas forcément très complexes mais auxquels on s'attache sans mal, et dont on se détache avec peine. Pour les incarner, le casting est irréprochable, même s'il est quasiment inconnu. Seul le rôle-titre vous dira peut-être quelque chose (voir photo ci-dessus), même si son interprète, John Krasinski, est plus habitué aux costumes-cravates qu'aux armes lourdes, puisqu'il s'est révélé dans la série comique The Office. La changement est impressionnant, mais réussi. Réussi, tout comme l'ensemble de ce 13 Hours, qui vous scotchera sans problème à votre siège pendant 2h30. Le rythme est très bien maîtrisé, et les séquences d'action parfaitement orchestrées. Rien d'étonnant quand on a Michael Bay à la baguette. Scènes au ralenti, myriades d'explosions, plans aériens (drone oblige), délires pyrotechniques, rafales de tirs et d'assauts ennemis... Les amateurs de guerre et d'action seront ravis ! Le contrat est d'ailleurs superbement rempli : l'hommage est beau et bien rendu. Hormis quelques écueils (poncifs lacrymaux mal amenés, personnages secondaires inutiles et/ou trop présents), 13 Hours est toujours divertissant, esthétiquement incroyable, servi par de très bons acteurs et une aussi bonne BO (je vous glisse ci-dessous la merveilleuse chanson du générique de fin, c'est cadeau !) : il témoigne une fois de plus de tout l'amour sincère que porte Michael Bay à ce cinéma. AU cinéma.



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