| Le Film du samedi soir ¦ John Hughes ► Un ticket pour deux

Le Film du samedi soir, c'est une petite comédie sans prétention, une série B bien barrée, un film d'horreur poussiéreux, une aventure de gosses oubliée, une sortie directe en DVD... Voire aussi, et c'est pas incompatible avec le reste, un long-métrage dispo sur Netflix. Bref, un film que je vous conseille et vous recommande chaudement. Aujourd'hui, on est samedi, et le film de ce samedi soir est :

Un ticket pour deux de John Hughes

Comédie, road-trip, USA, 1987, 1H33 

Avec Steve Martin, John Candy, Laila Robins

Sortie le 4 mai 1984 aux USA, le 2 février 2010 en DVD et dispo sur Netflix.

 
L'histoire : Le seul désir de Neal Page, c'est de rentrer à temps chez lui pour fêter Thanksgiving. Mais son avion étant annulé pour cause de mauvais temps, il doit se rabattre sur d'autres moyens de transport. Ce qui ne serait pas un problème en soi, s'il ne devait également s’accommoder de la compagnie de Del Griffith, un vendeur ambulant bavard qui ne veut plus le lâcher...

Cette année, le 11 juin plus précisément, le quatrième et cultissime film de John Hughes, La Folle journée de Ferris Bueller fêtera ses 30 ans. Pour rendre hommage à ce classique de la comédie américaine, je vous propose quatre Film(s) du samedi soir dédiés à John Hughes jusqu'au fameux 11 juin 2016. Parce que la vie est bien faite, les quatre films en question - les quatre plus célèbres - sont tous disponibles sur Netflix. Après Sixteen Candles (Seize bougies pour Sam), intéressons-nous à Un ticket pour deux, sorti en 1987. Planes, Trains and Automobiles (en VO) raconte l'histoire, ou plutôt le calvaire de Neal Page, un publicitaire qui ne demandait pourtant qu'à rentrer chez lui à temps pour fêter Thanksgiving avec les siens. Problème : une météo capricieuse cloue son avion au sol, l'obligeant à trouver d'autres moyens de transport. Et ce n'est que le début des galères, puisque Neal va devoir en plus se coltiner un compagnon de voyage pour le moins encombrant. Del Griffith, vendeur ambulant dont le bavardage n'a d'égal que sa gentillesse, excède notre père de famille sur tous les points. Opposés mais forcés de se supporter, Neal et Del nous embarquent dans un road-movie hilarant !

A l'image de ceux de Date Limite (2010) de Todd Phillips, qui mettait de la même manière un type sérieux et bougon (Robert Downey Jr) aux prises avec un autre plus loufoque (Zack Galifianakis), les deux protagonistes principaux nous ravissent en s'écharpant au fil de leur aventure à travers les États-Unis. Impossible donc de poursuivre cette critique sans mentionner le nom et le talent fou des deux acteurs campant ces amusants personnages : Steve Martin et John Candy. Le premier, acteur et auteur à la chevelure (déjà) blanchissante et à la carrière cinématographique et comique impressionnante, n'a tourné qu'une fois pour John Hugues. Révélé par le stand-up, Steve Martin a vite été intronisé roi de l'humour américain au fil des années 80 et 90, avant de poursuivre sa route, plus discrètement, avec notamment les deux diptyques Treize à la douzaine et La Panthère rose dans les années 2000. Son compère John Candy est lui un fidèle du réalisateur, puisqu'il a joué également dans Oncle Buck et La Vie en plus. Décédé en 1994, il fait partie de ces icônes de la bonhommie qui provoquent sans difficulté le sourire et la sympathie. Si Un ticket pour deux fonctionne aussi bien, c'est en grande partie grâce à ce duo, antagoniste sur le fond comme sur la forme.

Un film intime, drôle et touchant

Un duo bien aidé par le scénario concocté par John Hughes, qui nous régale en rebondissements aussi savoureux qu'inattendus. On a de la peine pour Neal Smith devant tant de malchance, on rit de bon cœur tout en se prenant d'affection pour les deux héros. Car le réalisateur, en plus de nous proposer des situations burlesques, nous émeut, comme à son habitude. Sans être une étude profonde de personnalités, Un ticket pour deux met en scène deux protagonistes loin d'être manichéens, revêtant les défauts et qualités des "archétypes" qu'ils incarnent. Il y a l'homme carriériste et pressé, prêt à bousculer tout et tout le monde pour arriver à l'heure chez lui, mais qui au final apparaît bien terne et solitaire ; et face à lui un sympathique et volubile commercial, à la fois généreux et maladroit, qui veut toujours bien faire quitte à en faire trop, et qui cache sous son apparente exhubérance des blessures intérieures. Comme c'est souvent le cas chez John Hughes, ces portraits nous renvoient à nous-mêmes ou à des personnes que nous pourrions connaître et reconnaître. Des personnes que tout semble opposer, mais qui sont mues par cette même envie d'aimer et d'être aimé.

Pour le reste, c'est du tout bon. La mise en scène est efficace, les décors et paysages (hivernaux et enneigés) assez nombreux et diversifiés pour nous faire voyager, et les situations suffisamment variées pour nous tenir en haleine, entre des gags très premier degré et des scènes à la folie plus nuancée, à l'humour et l'émotion plus contenus. Je pourrais vous parler de la première nuit d'hôtel, du destin flamboyant de la voiture, ou des mésaventures de Neal et son véhicule de location... Un ticket pour deux c'est un cinéma intime, drôle et touchant, savamment orchestré par un John Hughes en pleine maîtrise. Même dans des scènes tutoyant l'invraisemblance, même quand les événements contraires se multiplient et s'enchaînent à un rythme soutenu, le spectateur continue de croire à cette histoire, tant la sincérité qui émane de ce film est prégnante. Et quand bien même, toutes ces péripéties sont tellement drôles qu'on rit de bon cœur, comme on s'attendrit devant le dénouement du film. Un film qui, s'il reste un digne représentant des comédies américaines calibrées et policées, n'en demeure pas moins divertissant et touchant, de bout en bout - grâce une fois de plus à son casting et son réalisateur, mais également à une très belle bande-originale. Bref, si vous souhaitez passer une excellente soirée et si ce n'est pas déjà fait, je ne saurais trop que vous conseiller de mettre les yeux sur cette pépite comique : vous ne le regretterez pas !