Quelques minutes après minuit de Juan Antonio Bayona
Avec Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones
Sortie le 4 janvier 2017
L'objectif : Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…
Le subjectif : "Fantastique, drame". C'est idiot, et futile, sans doute, mais il me semble que le genre d'un film n'a jamais aussi bien défini ce qu'il caractérise que celui de Quelques minutes après minuit. C'est vrai, c'est indubitablement vrai, le troisième long-métrage du Barcelonais Juan Antonio Bayona est un fantastique drame. Un fantastique, merveilleux et extraordinaire drame. Quelques minutes après les douze coups de minuit qui ont sonné le glas de 2016, quelques minutes après m'être confortablement installé dans ma salle obscure préférée, Quelques minutes après minuit est venu émerveillé ma journée, et magnifiquement lancer la nouvelle année. Sous ses airs de conte "enfantin", de portage ciné d'un roman à succès, ou encore d'histoire de monstre ; sous l'étiquette aussi du dernier film d'un réalisateur de génie (L'Orphelinat, The Impossible) qui prend son temps pour démontrer qu'il a le talent, l'âme et le souffle onirique d'un Spielberg auquel beaucoup le comparent déjà, ce fantastique drame ne m'avait pourtant pas préparé au choc que j'allais vivre, quelques minutes après. Et pourtant, quel choc ce fut.
Quelques minutes après minuit (A Monster Calls en VO) est donc une adaptation, celle du roman "jeunesse" du même nom de Patrick Ness - succès autant public que critique (prix Imaginales jeunesse 2013). Si adaptation ne rime pas toujours avec folichon (désolé, je n'ai pas fait l'école du rime), celle-ci est synonyme de qualité - ou en tout cas de "sécurité"-, puisque le scénario est signé Patrick Ness "himself". Côté histoire, justement, le film conserve la trame du livre, c'est-à-dire celle d'un adolescent en proie à la maladie de sa mère, aux "brimades" de ses camarades, à la rigidité de sa grand-mère, et aux apparitions - fantasmées ou fantastiques - d'un monstre "raconteur d'histoires". Dès les premières minutes du film, celui-ci donne d'ailleurs de la voix (celle de Liam Neeson, impeccable) pour guider le jeune héros autant que le spectateur, et introduire le récit : "Cette histoire commence avec un garçon trop jeune pour être un homme, et un homme trop vieux pour être un garçon. Et un cauchemar." D'emblée, l'image, les mots, la mise en scène et l'atmosphère générale ne laissent aucun doute : peu importe le genre du film, Quelques minutes après minuit sent le chef d’œuvre à plein nez.
La suite ne fait que confirmer les premières impressions. Le jour, on est confronté, aux côtés du jeune Connor, à la dureté de sa vie d'adolescent, à la souffrance de sa mère mais également à la sienne, abandonné par son père, maltraité par ses camarades de classes et ne trouvant de salut que dans son imagination. La nuit, il n'est pas plus tranquille, puisqu'il reçoit la visite d'un imposant arbre-monstre au but bien précis. Ce dernier vient chaque "soir", à minuit 07 précises (soit 12:07, ces chiffres sont importants), lui raconter une histoire. Au bout de trois nuits, et autant de contes, ce sera au tour du garçon de proposer au monstre la quatrième. Cette histoire est le cauchemar qui hante chacune de ses nuits, sa "vérité", celle qu'il ne veut, ou qu'il ne peut partager et affronter. Sur le plan visuel, chacune des trois histoires du monstre-narrateur est illustrée dans un style mêlant aquarelle et animations 3D à couper le souffle. Sur le plan du sens, on comprend sans mal que ces contes à base de dragons, de princes et autres apothicaires renvoient au quotidien du jeune Connor, et à sa propre vie. Ces histoires nocturnes sont autant de "leçons" à recevoir, d'étapes à vivre pour grandir, s'ouvrir et affronter ses démons - ceux qui peuplent la vie "diurne" du garçon. Quelques clins d’œil, en journée, à l'heure d'arrivée tardive du monstre (12:07) sont d'ailleurs là pour nous le rappeler, si tant est qu'on soit observateur.
Pour servir ce "récit d'apprentissage" teinté de fantastique, le film de Juan Antonio Bayona ne pouvait compter que sur un jeune acteur convaincant. C'est le cas : Lewis MacDougall, qui campe Conor, et qui a été sélectionné parmi un millier de candidats, est touchant, et bluffant de justesse. Tout en retenue, à l'image de l'introversion du héros, mais également prête à exploser, telle sa colère prisonnière, l'émotion qui émane de son interprétation et de ses relations compliquées avec les autres protagonistes est saisissante. Le reste du casting n'est pas en reste : au diapason de la prestation "vocale" de Liam Neeson, Felicity Jones (la mère - récente Jyn Erso dans Rogue One), Tobby Kebbell (le père - un second rôle que j'adore retrouver) et Sigourney Weaver (la grand-mère - on ne la présente plus) sont parfaits, et certainement parfaitement bien dirigés par Bayona. Le réalisateur espagnol signe ici, avec leur complicité et celle du scénariste Patrick Ness, son troisième film sur le rapport à la mort. Moins effrayant que L'Orphelinat et paradoxalement plus universel que The Impossible, Quelques minutes après minuit s'intéresse autant aux épreuves d'un jeune garçon pour terrasser ses peurs et ses monstres (intérieurs), qu'à la capacité qu'ont les arts (le dessin, les histoires) à l'y aider. Véritable mise en abyme du métier de conteur de ses auteurs, ce film est également une bouleversante et fantastique histoire. L'histoire d'un garçon trop jeune pour être un homme, d'un homme trop vieux pour être un garçon, et de son cauchemar.
Le subjectif : "Fantastique, drame". C'est idiot, et futile, sans doute, mais il me semble que le genre d'un film n'a jamais aussi bien défini ce qu'il caractérise que celui de Quelques minutes après minuit. C'est vrai, c'est indubitablement vrai, le troisième long-métrage du Barcelonais Juan Antonio Bayona est un fantastique drame. Un fantastique, merveilleux et extraordinaire drame. Quelques minutes après les douze coups de minuit qui ont sonné le glas de 2016, quelques minutes après m'être confortablement installé dans ma salle obscure préférée, Quelques minutes après minuit est venu émerveillé ma journée, et magnifiquement lancer la nouvelle année. Sous ses airs de conte "enfantin", de portage ciné d'un roman à succès, ou encore d'histoire de monstre ; sous l'étiquette aussi du dernier film d'un réalisateur de génie (L'Orphelinat, The Impossible) qui prend son temps pour démontrer qu'il a le talent, l'âme et le souffle onirique d'un Spielberg auquel beaucoup le comparent déjà, ce fantastique drame ne m'avait pourtant pas préparé au choc que j'allais vivre, quelques minutes après. Et pourtant, quel choc ce fut.
Quelques minutes après minuit (A Monster Calls en VO) est donc une adaptation, celle du roman "jeunesse" du même nom de Patrick Ness - succès autant public que critique (prix Imaginales jeunesse 2013). Si adaptation ne rime pas toujours avec folichon (désolé, je n'ai pas fait l'école du rime), celle-ci est synonyme de qualité - ou en tout cas de "sécurité"-, puisque le scénario est signé Patrick Ness "himself". Côté histoire, justement, le film conserve la trame du livre, c'est-à-dire celle d'un adolescent en proie à la maladie de sa mère, aux "brimades" de ses camarades, à la rigidité de sa grand-mère, et aux apparitions - fantasmées ou fantastiques - d'un monstre "raconteur d'histoires". Dès les premières minutes du film, celui-ci donne d'ailleurs de la voix (celle de Liam Neeson, impeccable) pour guider le jeune héros autant que le spectateur, et introduire le récit : "Cette histoire commence avec un garçon trop jeune pour être un homme, et un homme trop vieux pour être un garçon. Et un cauchemar." D'emblée, l'image, les mots, la mise en scène et l'atmosphère générale ne laissent aucun doute : peu importe le genre du film, Quelques minutes après minuit sent le chef d’œuvre à plein nez.
Leçons de vie et mise en abyme
La suite ne fait que confirmer les premières impressions. Le jour, on est confronté, aux côtés du jeune Connor, à la dureté de sa vie d'adolescent, à la souffrance de sa mère mais également à la sienne, abandonné par son père, maltraité par ses camarades de classes et ne trouvant de salut que dans son imagination. La nuit, il n'est pas plus tranquille, puisqu'il reçoit la visite d'un imposant arbre-monstre au but bien précis. Ce dernier vient chaque "soir", à minuit 07 précises (soit 12:07, ces chiffres sont importants), lui raconter une histoire. Au bout de trois nuits, et autant de contes, ce sera au tour du garçon de proposer au monstre la quatrième. Cette histoire est le cauchemar qui hante chacune de ses nuits, sa "vérité", celle qu'il ne veut, ou qu'il ne peut partager et affronter. Sur le plan visuel, chacune des trois histoires du monstre-narrateur est illustrée dans un style mêlant aquarelle et animations 3D à couper le souffle. Sur le plan du sens, on comprend sans mal que ces contes à base de dragons, de princes et autres apothicaires renvoient au quotidien du jeune Connor, et à sa propre vie. Ces histoires nocturnes sont autant de "leçons" à recevoir, d'étapes à vivre pour grandir, s'ouvrir et affronter ses démons - ceux qui peuplent la vie "diurne" du garçon. Quelques clins d’œil, en journée, à l'heure d'arrivée tardive du monstre (12:07) sont d'ailleurs là pour nous le rappeler, si tant est qu'on soit observateur.
Coucou ! Pour ma part, ce film est tout simplement magnifique. Je trouve que les personnages sont géniaux, le jeune garçon est attachant, tout comme le Monstre. De plus, l’histoire est à la fois inédite et émouvante.
RépondreSupprimerC'est un merveilleux film merveilleux... Une totale réussite sur tous les plans, jouée à la perfection par le "petit" Lewis MacDougall :) Merci pour le commentaire !
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