mardi 28 février 2017

| Avis en vrac ¦ Your Name, Tous en scène, Lego Batman, Lion

Par manque de temps, de motivation et/ou d'envie, j'ai repoussé, mis de côté, laissé traîner la rédaction de certains "avis". Voici le dépoussiérage de ces oublis volontaires, à travers des critiques synthétiques, concises et sans fioriture. Voici les avis en vrac des films :


Your Name de Makoto Shinkai

 


Animation, drame, romance, Japon, 2016, 1H46
Avec les voix de Ryûnosuke Kamiki, Mone Kamishiraishi, Masami Nagasawa
Sortie le 28 décembre 2016






Le subjectif : Comme souvent, c'est en en ayant entendu énormément de bien que je suis allé voir en salle Your Name en janvier dernier, environ deux semaines après sa sortie française. Fan d'animation et toujours très attentif quand elle vient du pays du soleil levant, je n'avais aucune raison de douter. D'autant plus qu'outre le bouche à oreilles euphorique et le succès critique, ce long-métrage avait déjà battu tous les records au Japon, devenant par exemple le premier film hors Studio Ghibli à dépasser les 10 milliards de Yen de recettes. Et je n'ai pas encore parlé de l'histoire. L'histoire de Mitsuha, adolescente "coincée" dans ses montagnes et ses traditions ancestrales, mais également l'histoire de Taki, jeune lycéen vivant à Tokyo et partagé entre son boulot de serveur et ses amis. L'histoire, enfin, de leurs "rencontres", fantastiques ou oniriques, au beau milieu de leurs rêves respectifs. Bref, l'œuvre de Makato Shinkai, dont je ne connaissais absolument pas le travail jusque-là, avait tout pour me plaire. Je n'ai pas été déçu.

La première réussite du film d'animation de Shinkai est... l'animation. Visuellement, c'est magnifique. Les lumières et événements naturels (sans trop spoiler, il est question d'une chute de météorite) sont superbement mise en images. Les paysages sont eux aussi splendides, qu'ils s'agisse de ceux de Tokyo ou du village de montagne. Même chose pour les personnages, au "chara-design" très shojo/shonen (mangas pour jeunes filles/garçons) - ce qui est normal puisqu'on parle d'une idylle adolescente. Autre point (très très très) fort : la musique. La bande originale est tout simplement géniale, très pop et rythmée quand il le faut, pour accompagner les séquences énergiques et drôles qui émaillent les aventures de Mitsuha et Taki, mais également douce et enlevée quand le film cherche à nous émouvoir. Ce qui, soyons clair, arrive souvent. La faute à une romance originale et touchante, qui se teint de fantastique et de féerie pour mieux nous transporter et nous surprendre. Il y a l'humour, il y a l'amour, il y a l'émotion, et puis tous les thèmes abordés (le spectre de l'oubli, la force des sentiments, la fin de l'enfance, etc). Il y a le suspens aussi, l'inquiétude également, que l'on ressent en même temps que nos deux héros. Deux héros singuliers à l'histoire exaltante que je ne suis pas prêt d'oublier, comme Your Name, premier coup de cœur animé de 2017.

Tous en scène de Garth Jennings

 

Animation, comédie musicale, famille, USA, 2016, 1H48
Avec les voix VF de  Patrick Bruel, Jenifer Bartoli, Elodie Martelet
Sortie le 25 janvier 2017





Le subjectif : Il y a les films qu'on attend et ceux qu'on va voir comme ça, presque par hasard. Ceux qu'on ira peut-être découvrir, si l'occasion se présente, et puis ceux qu'on élimine, par choix ou par désespoir de ne pas pouvoir. Et puis il y a Tous en scène, devant lequel mon "accompagnatrice privilégiée" et moi avons piaffé d'impatience depuis de (trop) longs mois. Depuis le tout premier teaser vu sur grand écran. Il faut dire que le film d'animation, au-delà du fait de nous avoir vendu du rêve en quelques minutes à peine, a de sérieux atouts. Premièrement, la musique et les chansons y ont une place (très) importante, ce qui est (souvent) une bonne nouvelle. Deuxièmement, le studio derrière le film n'est autre qu'Illumination, à qui l'on doit la franchise Moi, moche et méchant / Les Minions. Ensuite, tous les personnages sont des animaux, ce qui avait plutôt réussi à Zootopie, récemment oscarisé et toxifilm de l'année 2016. Enfin, et là c'est un avantage "perso", le réalisateur de Tous en scène est Gareth Jennings, auteur d'H2G2, un de mes films cultes. Bref, je m'attendais à passer à un très bon moment, amusant et entraînant, au rythme de la solide BO (65 titres répertoriés !)  du film. Mission réussie.

Soyons clairs, Tous en scène ne sera pas le film d'animation de l'année, mais ceci étant dit, il répond parfaitement au "cahier des charges". Divertissant de bout en bout, bien animé, doté d'un niveau de "cuteness" très élevé (cf. les enfants cochons), amusant sans être désopilant, et traversé par quelques chouettes reprises musicales. L'histoire n'est pas extraordinaire mais fait (bien) le job, autour de Buster Moon, un koala/gérant d'un théâtre à deux doigts de la faillite et de la ruine. Lui vient alors l'idée d'un concours de chant, idée propice à un défilé de candidats comme autant de personnages/chanteurs hauts en couleurs. La cochonne/femme au foyer étouffée par sa vie de famille, la souris/jazzman imbu de sa personne, l'éléphante/adolescente sans aucune confiance en soi, le gorille/fiston-d'un-chef-de-gang promis par son paternel aux seuls larcins mais qui rêve d'une autre "voix"... Bref, le "casting" est hétéroclite et diversifié, ce qui, s'il n'évite pas les clichés, promet un bon paquet d'histoires savoureuses à raconter. L'histoire principale, quant à elle, suit joyeusement son cours entre épreuves de chant et coups du sort, instants attendrissants et gentils gags, afin de nous divertir voire de nous enchanter, à défaut de nous surprendre. Simple, peut-être trop, mais efficace.


Lego Batman, Le Film de Chris McKay

 

Film d'animation, comédie, USA-Danemark, 2017, 1H45
Avec les voix VF de Philippe Valmont, Rayane Bensetti, Stéphane Bern
Sortie le 8 février 2017





Le subjectif : Quelques mois après l'excellentissime Cigognes et compagnie, aussi réussi qu'inattendu et qui avait "confirmé" tout le bien qu'on pensait du nouveau studio Warner Animation Group (WAG), mais surtout trois ans après l'étonnant et détonant La Grande Aventure Lego pour lequel il était chef monteur et superviseur des effets visuels, Chris McKay nous présente une nouvelle histoire faite de briques et de blocs : Lego Batman, Le Film. Le  futur réalisateur de Nightwing, prévu pour 2018, jusque-là vierge de toute expérience cinématographique, dispose avec ce film d'un matériau riche et propice à développer une histoire intéressante et barrée. Deux caractéristiques du Batman de La Grande Aventure Lego : un personnage (en apparence) hautain et vantard, qui cachait (sans doute) pas mal de conflits intérieurs. Bingo ! Avec beaucoup de dérision et de gags potaches, l'héritier de Phil Lord et Christopher Miller fouille dans l'histoire du justicier masqué de Gotham pour nous proposer une resucée - légère mais truculente - du portrait de super-héros à la sauce "cartoon" ! Ceci étant dit, Lego Batman se montre également moins génial que son aîné, qui était non seulement drôle et divertissant, mais aussi et surtout foutrement intelligent et subversif. La fin, que je ne vous spoilerai pas, justifiant à elle seule tout l'intérêt du film.

Est-ce rédhibitoire ? Pas vraiment, tant j'ai beaucoup aimé Lego Batman. Déjà, c'est atypique-ment drôle, et cela on le doit à la "grande gueule" de l'homme chauve-souris déjà présente dans La Grande Aventure Lego. Exemple dès le générique d'intro, où Bruce Wayne commente toutes les images, même celles précédent le film, à la manière d'un Deadpool. Il lui arrive également de s'affranchir du 4e mur et de virer "méta" lorsqu'il parle d'Iron Man (qui n'est pas censé exister dans son univers) ou qu'il égratigne sans coup férir le pitch de Suicide Squad : "Engager une bande de criminels pour battre un criminel, c'est complètement débile !" Par ailleurs, les innombrables clins d’œil à l'univers du justicier sont tellement nombreux et variés qu'ils en deviennent jouissifs : des précédentes interprétations de Batman rejouées en Lego, jusqu'à la réunion du plus grand nombre de super-vilains de comics jamais créée. Et je ne parle pas des dizaines de monstres de la Warner - Gremlins, Sauron, Dracula, requin des Dents de la mer, raptors et même les Daleks de Doctor Who , alias "des robots britanniques, demandez à vos copains geeks !" Et puis, même si elle sont traitées avec humour (souvent lourd), les histoires d'un Batman épuisé par sa solitude, de la naissance de sa filiation avec Robin ou de son rapport avec le Joker sont autant de bonnes idées très bien travaillées. Le mérite en revient (peut-être) à l'écriture de Seth Grahame-Smith, génial auteur d'Orgueils et préjugés et zombies et d'Abraham Lincoln, chasseur de vampires, qu'il avait lui-même adapté en 2012. Pour finir - je ne reviendrai pas sur le doublage français qui a été suffisamment critiqué (mettre des Youtubeurs et des footballeurs, même pour des seconds rôles, ce n'est pas sérieux !) - j'ajouterai que Lego Batman est frais, divertissant, bien poilant, et que c'est largement suffisant !


Lion de Garth Davis

 


Biopic, drame, aventure, USA-UK-Australie, 2016, 1H59
Avec Dev Patel, Rooney Mara, Nicole Kidman
Sortie le 22 février 2017







Le subjectif : Il y a quelques semaines, au moment d'établir le bilan de mon année ciné 2016, je vous annonçais, tranquillement, que s'il était sorti quelques mois plus tôt, Lion aurait pu prétendre au titre de Toxifilm de l'année. Je venais en effet de prendre une énorme et belle claque dans la figure, pleine d'émotions, et j'avais encore du mal à m'en remettre. Et à en croire la réaction de nombreux spectateurs (cf. vidéo ci-dessus), je n'ai pas été le seul à être bouleversé par ce film. "Tiré d'une histoire vraie", le premier long-métrage de Garth Davis raconte le destin tragique vécu en 1986 par Saroo, un enfant indien. Perdu au milieu d'une gare après avoir accompagné son grand frère chercher du travail, il va très rapidement, et inexorablement, s'éloigner de chez lui. Très jeune, sans aucun repère ni même le nom de sa mère, ne sachant pas parler la langue des habitants de Calcutta où il a atterri, à près de 16 000 km de son village, il va subir toute une série de mésaventures, ballotté au gré du bon vouloir de mauvaises personnes. Il faudra plusieurs coups du hasard, plusieurs coups de chance, pour que Saroo ne s'en sorte, et ne soit adopté, en 1987, par un couple australien.

Passé cette première partie traitée chronologiquement (un détail qui m'a d'abord gêné), Lion change encore un peu de dimension. Le film quitte la rudesse de l'Inde pour rejoindre l'apparent calme de l'Australie où vit, 25 ans après, Saroo. Interprété par Dev Patel - ce qui a donné la (mauvaise) idée à certains de présenter Lion comme le "nouveau" Slumdog Millionaire - ce dernier n'a aucune idée de qui il est. La prise de conscience sera émouvante et belle, à la hauteur de la souffrance endurée par le jeune enfant isolé et désœuvré qu'il était, un quart de siècle plus tôt. Jusqu'alors "magnifique" peinture de la dureté de l'Inde et de ses dangers, Lion devient le récit de la quête d'un jeune adulte qui cherche à retrouver, 25 ans après, son histoire, son passé, son enfance et sa famille. La musique, la photo, la mise en scène et le casting sont à la hauteur de ce destin bouleversant. Le film interroge en outre sur la faculté d'oublier pour se reconstruire, mais aussi sur la nécessité, ou non, de tout connaître de son passé pour avancer, sans oublier de s'intéresser au rôle et à la place de l'entourage (superbe Rooney Mara, la copine du Saroo adulte). Lion parle également d'adoption, au travers du brillant personnage de la mère, campé par Nicole Kidman, ou du tableau peu flatteur d'un orphelinat indien. Finalement, si le film nous transporte et nous émeut tant, s'il nous questionne et nous touche à ce point au cœur, c'est peut-être qu'il nous dévoile une histoire vraie. Cruelle et éprouvante, mais vraie. Et l'ensemble du film prend un tout autre écho, qui n'aura pas finit de résonner en vous.

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