Moi, Moche et Méchant de Pierre Coffin et Chris Renaud
Animation, USA, 2010, 1H35
Avec la voix française de Gad Elmaleh
L'objectif : Dans un charmant quartier résidentiel délimité par des clôtures de bois blanc et orné de rosiers fleurissants se dresse une bâtisse noire entourée d’une pelouse en friche. Cette façade sinistre cache un secret : Gru, un méchant vilain, entouré d’une myriade de sous-fifres et armé jusqu’aux dents, qui, à l’insu du voisinage, complote le plus gros casse de tous les temps : voler la lune (Oui, la lune !)... Gru affectionne toutes sortes de sales joujoux. Il possède une multitude de véhicules de combat aérien et terrestre et un arsenal de rayons immobilisants et rétrécissants avec lesquels il anéantit tous ceux qui osent lui barrer la route... jusqu’au jour où il tombe nez à nez avec trois petites orphelines qui voient en lui quelqu’un de tout à fait différent : un papa.
Le plus grand vilain de tous les temps se retrouve confronté à sa plus dure épreuve : trois fillettes prénommées Margo, Edith et Agnes.
Le subjectif : Il y a des signes qui ne trompent pas. Pour ce film d'animation en 3D sorti tout droit des nouveaux studios Universal, promotionné chez nous à grands coups de Gad Elmaleh et de petits bonhommes jaunes – les « Minions », on nous promettait la Lune. Un film drôle et un poil subversif, qui se vantait de réunir inventeurs machiavéliques (la production française Igor serait-elle passée par là ?), petits monstres sympathiques (on parle ici des « Minions », comme des trois orphelines...) et contexte SF galactique. Une bataille de méchants qui n'étaient pas si méchants, ou pas tous, avec du rire, des larmes, et de la belle 3D pour nos mirettes. Opération ambitieuse et difficile, vu le large panel de productions numériques sorties cette année (ne citons que Dragons, Toy Story 3 et Shrek 4), mais néanmoins réaliste, quand on regarde le nom des hommes dissimulés derrière ce Moi, moche et méchant.
Et citons d'abord celui qui, à lui seul, pouvait rendre ce projet réalisable. Chris Meledandri, producteur de l'Âge de Glace et de Horton, est peut-être l'homme le plus à même de donner au tout nouveau pôle d'animation d'Universal la dimension et l'aura nécessaires à ce projet. Il est vrai qu'un tel département manquait à l'une des 6 grandes compagnies américaines. Depuis l'avènement du numérique, et de la 3D, tout le monde se rend compte qu'avoir dans sa manche des cartes comme Shrek ou Toy Story peut rapporter gros (400 millions de $ pour le Pixar, 237 pour celui de DreamWorks). Disney a Pixar, DreamWorks a PDI, 20th Century Fox a Blue Sky Studios (l'Âge de Glace) et Columbia a Sony Pictures Animation (Tempête de boulettes géantes). Seuls la Warner et Universal manquaient à l'appel, mais tout ça a changé. Grâce à un homme, donc, Meledandri, ancien mamamushi de la Fox. Il crée Illumination Entertainment en 2007, et se rapproche d'Universal dans la foulée. L'animation numérique a désormais un avenir chez les gars d'Universal.
En jaune et contre tous
Mais si les têtes dirigeantes sont bel et bien américaines, cette fois-ci les petites mains travailleuses sont – cocorico – françaises. Et si c'est le studio français Mac Guff, dirigé par Jacques Bled, qui a été sélectionné, c'est tout sauf un hasard. Depuis sa prise de position, Meledandri a senti du potentiel chez ces Français. Deux films, Azur et Asmar, mais surtout Chasseurs de Dragons (que je vous conseille absolument), ont fait tilter les yeux de l'Amerloque. Et derrière ce second film - qui met aux prises avec une horde de dragons tous plus loufoques et gargantuesques les uns que les autres une fine équipe composée d'un gros bourrin bourru, d'un petit malin et d'une gamine – se cache Pierre Coffin. Ce dernier, pas forcément chaud au départ, va finalement accepter le défi de coréaliser Moi, moche et méchant, à la condition de rester en France. Chris Renaud, un Américain arrivé tout droit de la Fox, sera le deuxième homme.
Ensuite, tout va très vite. Coffin s'occupe de l'animation, tandis que Renaud gère l'avancée du story-board. L'histoire de base est conservée par les deux compères, qui sentent là le potentiel pour un film drôle et attachant, voire un brin subversif. Nous voilà dans le coeur du sujet. Un sale type, Gru, armé d'une bonne tripotée de petits bonshommes jaunes, les « Minions », ne souhaite qu'une seule chose : devenir le plus grand méchant de l'Univers. Et qui dit plus grand méchant, dit méchancetés à la pelle, inventions délirantes et claques à gogo. Sans compter que trois petits orphelines viennent s'ajouter à l'équation, en même temps que l'autre super-méchant, le terrible Vector...
Un style unique
La sauce prend rapidement. Le côté bourru de Gru, solitaire et négatif, va se voir moduler par l'apparition des trois gamines. L'histoire n'oublie pour autant pas la quête du méchant, et sa volonté de conquérir la Lune... S'en suit une avalanche de gags et de scènes cultes. On se souviendra notamment du passage à la fête foraine (« elle est trop géniaaaaale! »), des caprices des petites filles qui réclament câlins et autres peluches, ou encore toutes les facéties des Minions. C'est drôle et comique, mais également émouvant comme peut l'être l'histoire d'une rencontre entre un homme et sa paternité.
Le tout fonctionne à merveille, y compris la 3D (notamment sur la scène du Grand 8) et le spectateur se laisse emporter par cette fable acidulée. Côté sons, le doublage français de Gad Elmaleh est assez bien pensé, il convainc largement, et la musique agrémente bien l'ensemble. Il faut dire que derrière la BO se cache un autre ponte de l'entertainment : Pharrel Williams. Pour sa première fois au cinéma, la leader de N.E.R.D signe une compo parfaite, entre – encore une fois – hystéries comiques et apogées sentimentales. Et l'innovation paye. De l'autre côté de l'Atlantique, le film a fait un carton : doté d'un budget de 69 millions de $, Moi, moche et méchant en a déjà rapporté près de 250. Pas aussi esthétique qu'un Wall-E, pas aussi irrévérencieux qu'un Shrek, Moi, moche et méchant apporte sa propre touche d'animation dans un secteur déjà bien fourni. De là à dire qu'il s'agit d'une french touch, il n'y a qu'un pas. Un pas de méchant.
j'aimerais tellement avoir une licorne apprivoisée !!! dis dis dis, ta critique elle est aussi bien que le film!
RépondreSupprimerooooooh merci estelle !
RépondreSupprimerOk donc je dois aller voir ce film sans plus attendre.
RépondreSupprimerBien ouéj mec !
effectivement, aller le voir tu DOIS !
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