Les Petits Mouchoirs de Guillaume Canet
Comédie dramatique, France, 2010, 2H34
Avec François Cluzet, Marion Cotillard, Benoît Magimel
Sortie le 20 octobre 2010
L'objectif : A la suite d'un événement bouleversant, une bande de copains décide, malgré tout, de partir en vacances au bord de la mer comme chaque année. Leur amitié, leurs certitudes, leur culpabilité, leurs amours en seront ébranlées. Ils vont enfin devoir lever les "petits mouchoirs" qu'ils ont posés sur leurs secrets et leurs mensonges.
Le subjectif : Huit ans après Mon idôle, quatre ans après Ne le dis à personne, Guillaume Canet revient derrière sa caméra. Après plusieurs (grands) rôles en tant qu'acteur (Ensemble c'est tout, Espion(s), L'affaire farewell, etc.), le Parisien retourne pour ses Petits mouchoirs à la réalisation, poste pour lequel il avait été césarisé en 2007 avec Ne le dis à personne. Et si, contrairement à ses deux premiers long-métrages, Guillaume Canet n'apparaît plus dans ce film en tant qu'acteur, il n'est pas moins impliqué pour autant. A l'écouter, ce film choral (bien que tous les personnages se connaissent dès le début du film, contrairement aux classiques Short Cuts ou Magnolia) est tout simplement son film le plus personnel. Le film de sa vie. Et pour rendre le récit encore plus « Canetien », le golden boy français a fait appel à un casting – de rêve – qui lui ressemble. Une famille, une bande de potes réunie pour faire des Petits mouchoirs un film sur tout ce que l'amitié a de beau et de tragique.
Une vraie bande de potes
C'est d'ailleurs le grand point fort du film, ses acteurs. Les Petits mouchoirs est un petit film entre amis, puisque presque tout le casting se connaissait avant le début du tournage (hormis Valérie Bonneton et Pascale Arbillot, respectivement les épouses de François Cluzet et Benoit Magimel dans le film). Ainsi, on retrouve Marion Cotillard (femme de Canet à la ville et sa meilleure amie depuis 14 ans), Jean Dujardin (ils étaient ensemble en CM1), François Cluzet (acteur fétiche et complice depuis Mon idôle), Gilles Lellouche (avec qui Canet a étudié au Court Florent), et même Mathieu Chédid et Maxim Nucci, présents respectivement sur les BO de Ne le dis à personnes et Les Petits mouchoirs. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'alchimie est au rendez-vous. Pas étonnant, quand on sait qu'un mois avant le début du tournage, Guillaume Canet a demandé à cette joyeuse troupe de se retrouver sur les lieux, au sein des décors, pour apprendre à vivre ensemble. Le résultat est criant de vérité, et l'immersion dans ces Petits mouchoirs en est grandement facilité.
Beaucoup de monde a critiqué l'histoire et le scénario de ce troisième film. Une vision simpliste, des personnages qui n'évoluent pas, des lourdeurs dans certaines scènes. Il est vrai que la longueur du film (2h30 quand même) appelait à un portrait « en mouvement » de tous ces personnages, et on ne peut que constater que tout ce temps est plus employé à filmer une bande de potes en train de profiter du bon temps (et de nombreux gags) qu'à dresser l'étude d'une génération. Il est vrai, aussi, que certaines scènes, répétées ou amplifiées (on pense aux prestations excessivement comiques de François Cluzet, à sa relation avec l'homo-sexualité refoulée de Benoît Magimel, aux larmes de Marion Cotillard ou à la scène finale, que certains trouveront sans doute trop lourde et pathétique) peuvent lasser, voire gêner l'ensemble du film. Mais c'est le parti pris du réalisateur, qui a fait le choix de l'oeuvre totale, quitte à en faire trop. Ces scènes gagnent d'ailleurs en réalisme si le spectateur s'oublie au sein de ce film, comme s'il lui racontait, au fond, une histoire réellement vécue par tous ces personnages. Alors, on ne peut plus blâmer Canet pour ces choix, tant ils font partie de la palette d'émotions ressenties dans de pareils cas.
Et je le répète, c'est le réalisateur qui est à l'origine de ce réalisme. Il a su s'entourer d'acteurs magiques et qui se connaissent. Pourquoi le duo Cluzet-Bonneton fonctionne si bien ? Parce que les deux acteurs, réunis dans ce film, ont été ensemble à la ville pendant de longues années. Et leur récente séparation (le couple a eu quand même deux enfants) n'a rien changé à leur complicité à l'écran. Même si ses rôles se limitent ces derniers temps à une épouse en pleur, Marion Cotillard assure elle aussi sa tache avec talent. La scène où elle se retrouve dans l'eau, tirée par le bateau de François Cluzet, hurlant aux garçons d'arrêter en les insultant tandis qu'ils sont tous morts de rire, vaut bien le détour. Un autre personnage, plus secondaire, permet également à cette joyeuse (ou triste) bande de prendre vie sous nos yeux. Jean-Louis, joué par Joël Dupuch, homme massif (c'est ainsi qu'il était crédité dans Ne le dis à personne) qui prend la voix du sage et qui va essayer de faire entendre à tous leurs quatre vérités. Son interprétation est très touchante, notamment vers la fin du film. Mention spéciale également pour les deux chanteurs cités plus haut, Maxim Nucci (âme de Yodelice et ex mentor des L5) et Mathieu Chédid qui, chacun à leur manière et dans un rôle surprenant, viennent renforcer la bonhomie et le charme des Petits Mouchoirs.
Une BO de pur bonheur
Et quand on parle de chanteurs, comment ne pas parler enfin de la Bande originale de ce film, en tous points magistrale ? Elle sublime le long-métrage de Guillaume Canet, comme la précédente avait su le faire avec Ne le dis à personne. En vrac, il faut rendre hommage à Eels, Ben Harper, Janis Joplin (superbe chanson Kosmic Blues), Iggy Pop, Anthony & the Johnsons, David Bowie, Jet, etc. et surtout au réalisateur qui a eu la bonne idée de les réunir. Toutes ces belles musiques rythment ce film comme elles rythmeraient notre vie, entre joies et pleurs, entre morceaux gais et entrainants, et d'autres plus tristes et profonds. Cette BO entretient, une fois de plus, la sensation de véracité qui est l'élément clé du film. Un sentiment d'appartenance à cette bande de potes, qu'on voit (si ce n'est évoluer) vivre pendant plus de 2h30. Un pari risqué, vu le format et le style dramatique pour un jeune réalisateur. Mais Guillaume Canet l'a réalisé sans coup férir. Alors un conseil, dîtes-le à tout le monde.
5 seringues? ty es allé un peu fort quand meme, non? le film est bon et dieux sait que j'aime canet-mon-amour mais bon y a des films beaucoup mieux quand même...
RépondreSupprimerSinon ta critique est nickel, sauf que tu t'es trompé, cotillard n'est pas géniale, elle ne sert a rien dans ce film, à part baiser avec M et maxime Nucci.
si, son personnage sert car il représente une autre personnalité, et des émotions différents vis à vis de l'histoire du film...
RépondreSupprimeret cite moi des films beaucoup mieux ?
s'il a 5 seringues c'est que d'une part il est excellent, et que je l'ai adoré
5 Seringues c'est fort! Le film est bon mais ne les mérite pas, il se limite à mon sens à un enchaînements de ce qui marche et qui fait que ce film est aimé de tous (la plupart).
RépondreSupprimerRatisse trop large pour être un 5 seringues...
Mieux? Machete, Pulp Fiction, etc etc etc
Argh peut-on dire qu'un film est "mieux" qu'un autre, vaste débat... Je n'ai pas vu Machete mais il est vrai que Pulp Fiction tient de l’œuvre culte.
SupprimerAprès la note est avant tout subjective : je ne prétends pas être un cinéaste, ni un monteur, ni un acteur, etc, pour juger tout le travail accompli durant un film. Ce n'est qu'un avis personnel et, par conséquent, dicté par mes émotions, par mon ressenti au moment de voir ce long-métrage.
Pour Les Petits mouchoirs, c'est vrai qu'il ne marquera pas autant l'histoire que les productions que tu cites (quoique), mais quand je l'ai vu (et avec tout ce que je décris et ce que j'argumente, quand même) il méritais cette note maximale... Mais je sais que ce n'est pas l'avis de tout le monde, et tant mieux, sinon tenir ce blog n'aurait aucun intérêt !
Donc merci pour ton message !