Blanche-Neige et le chasseur de Rupert Sanders
Avec Kristen Stewart, Chris Hemsworth, Charlize Theron
L'objectif : Dans des temps immémoriaux où la magie, les fées et les nains étaient monnaie courante, naquit un jour l’unique enfant d’un bon roi et de son épouse chérie : une fille aux lèvres rouge sang, à la chevelure noire comme l’ébène et à la peau blanche comme neige. Et voilà précisément où l’histoire que vous croyiez connaître prend fin et où la nouvelle adaptation épique et envoutante de ce célèbre conte des frères Grimm débute. Notre héroïne, dont la beauté vient entacher la suprématie de l’orgueilleuse Reine Ravenna et déclencher son courroux, n’a plus rien d’une damoiselle en détresse, et la cruelle marâtre en quête de jeunesse éternelle ignore que sa seule et unique rivale a été formée à l’art de la guerre par le chasseur qu’elle avait elle-même envoyé pour la capturer. Alliant leurs forces, Blanche-Neige et le chasseur vont fomenter une rébellion et lever une armée pour reconquérir le royaume de Tabor et libérer son peuple du joug de l’impitoyable Ravenna.
Le subjectif : Décidément, s'il est un conte des frères Grimm qui a du succès, c'est bien celui qui retrace les aventures de Blanche-Neige. Outre la version de Walt Disney, sortie en 1937, qui est son premier long-métrage d'animation et qui a gravé l'héroïne et ses sept amis de petite taille dans l'imaginaire collectif, de nombreuses adaptations ont fleuri depuis le siècle dernier. Jusqu'à cette année sainte de 2012, qui voit la projection dans nos salles obscures de deux films consacrés à ce mythe multi-centenaire. Après la comédie fantastique Mirror, Mirror de Tarsem Singh, qui mettait notamment en scène Julia Roberts dans le rôle de la méchante reine, place aujourd'hui à une relecture plus fidèle et plus sombre : Blanche-Neige et le chasseur, signée Rupert Sanders.
Réalisateur de court métrages et spots publicitaires, et reconnu pour la qualité de ces derniers (comme le teaser "live" de Halo 3, récompensé par le Grand prix du Festival international du film publicitaire de Cannes en 2008), mais néanmoins novice concernant le grand-écran, le jeune Américain a pourtant été "drafté" par Universal pour mettre en boîte ce blockbuster au budget colossal (170 millions de $). Et ? Bonne pioche ! serions-nous tenté de répondre, tant la mise en scène pêchue et dynamique de Rupert Sanders s'avère être un pari gagné. Elle teinte d'action épique et lyrique, le film d'aventure fantastique qu'est ce Blanche-Neige. La caméra est au service de l'histoire, qu'elle dépoussière et modernise, sans pour autant la renier. L'essence du conte n'est pas bouleversée, et l'ensemble est plutôt fidèle à l'idée que l'on s'en fait. A cela près qu'on se retrouve face à une épopée d'héroïc fantasy sombre et burnée.
Charlize Theron hystérique, Kristen Stewart magnifique
Dans les habits de la sombreur : Charlize Theron, alias la reine Ravenna. L'actrice australienne campe avec une énergie proche de l'hystérie cette sorcière diabolique, sadique et cruelle, et surclasse sans problème Julia Roberts. Pour le côté burné, Universal a décidé de développer le personnage du chasseur, passé de seconde lame à héros. Pour jouer ce protagoniste musclé et plein de second degré, après avoir cru en Viggo Mortensen, c'est Chris Hemsworth qui a été choisi. Après Thor et Avengers, il prouve une fois de plus qu'il sait lier comédie et grand spectacle. Face à ce duo, la véritable attraction du film est évidemment le rôle-titre : Kristen Stewart est Blanche-Neige. On l'avait laissée à moitié nue et électrisante dans Sur la route, elle porte ici à la perfection "la peau blanche comme la neige, les lèvres rouges comme le sang et les cheveux noirs comme les corbeaux" de l'héroïne. Autour d'eux, on reconnaîtra sans mal quelques "gueules", notamment celles fixées en post-production sur les sept corps de nains : Bob Hoskins, Eddie Marsan, Toby Jones ou encore Nick Frost, entre autres.
Tous ces personnages progressent dans un univers par moments noir et chaotique, par d'autres féérique. On traverse ainsi avec eux, tour à tour, une obscure forêt répugnante, et son opposée à l'enchantement extrême : toute la saveur du conte original semble avoir été conservée. Ni tout blanc, ni tout noir, le film de Rupert Sanders - et surtout son atmosphère - se déguste avec appétit comme si l'on dévorait les pages d'un recueil de récits fantastiques. Et pour ne rien gâcher à la fête, les effets spéciaux sont superbes, tout comme les monstres et animaux magiques qui peuplent ce monde. Bien sûr, quelques détournements mineurs du mythe rendent bien des services au réalisateur et à ses scénaristes, mais l'essentiel est préservé. Sans perdre de vue son objectif, qui est de divertir son public et rapporter de l'argent, comme tout bon film à gros budget, ce Blanche-neige et le chasseur réussit en sus à apporter une âme et du sel à son histoire. Un défi pas évident - quand on sait que cette histoire a déjà été vue et revue des centaines de fois - mais relevé avec brio. Le conte est bon !
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