Avant-propos : Avec ce concept de « Film du samedi soir », je choisis de vous parler d'un petit métrage qui me tient à cœur. Il s'agit, chaque semaine, de fouiller mes étagères de DVD pour mettre en avant une petite comédie sans prétention, une série B bien barrée, un film d'horreur poussiéreux, une aventure de gosses oubliée... Bref, sortir du placard des trucs qui me font vibrer et aimer le cinéma, des productions totalement mésestimées, méprisées ou méconnues, et que j'estime être le remède parfait pour vos silencieuses soirées de samedi. Et vous savez quoi ? ça tombe bien, ce soir, on est justement samedi...
Animation, Japon, 2004, 52 mn
Sortie le 25 avril 2007 (en DVD)
L'histoire : Pandy et Retro se réveillent nus sur Terre, sans aucun souvenir de leur passé. Après une course-poursuite dans les rues de Tokyo entre eux et la police, ils se retrouvent emprisonnés dans la prison lunaire appelée Dead Leaves. Un pénitencier glauque et futuriste d'où ils vont bien entendu essayer de s'échapper à tout prix, avec l'aide de leurs nombreux camarades de cellule... Le délire ne fait que commencer !
(Pardon pour la mocheté de la vidéo, j'ai privilégié le sous-titrage à la qualité de l'image)
Dead Leaves est un Ovni. Un bijou complètement déjanté, découvert par hasard il y a quelques années, en traînant sur des sites d'animés. Au milieu de centaines de séries japonaises scintillait cette étrangeté. Un film de 52 minutes (et non pas une OAV, littéralement "vidéo d'animation originale"), production différente et barrée qui ne pouvait sortir que d'un esprit japonais. Et si la lecture du synopsis ci-dessus ne vous a pas mis la puce à l'oreille, c'est peut-être parce qu'il n'était pas précisé que Retro, un des deux protagonistes principaux du film, est un homme avec une tête de téléviseur... Hum.
Et n'attendez pas d'explication rationnelle sur cette incongruité, ou sur le fait que nos deux héros, qui se réveillent au début de l'histoire nus comme des vers et amnésiques, vont se mettre à dégommer tout ce qui les entoure. Non, ici la vérité est ailleurs. Elle se situe dans les moyens, et non la finalité. Peu importe où Pandy et Retro veulent aller (ils ne le savent pas eux-mêmes), ce qui compte et de poser son cerveau et d'écarquiller bien grand les yeux : le spectacle d'action et de "défouraillage" débridé made in Japan va commencer...
Pas réellement beau, ni même époustouflant graphiquement, Dead Leaves comble par la diablerie de son animation, par le second souffle incessant de son rythme (c'est bien simple, vous en prendrez pour 52 mn sans pause) et par cette énergie bienfaitrice (mais malsaine ?) qui en découle. Il n'y a pas d'autre mot : Dead Leaves est jouissif. C'est une expérience totalement inédite pour nous pauvres Européens, "biberonnés" au mieux aux mangas japonais, au "pire" aux Disney et autres Spirou et Tintin. Le film d'Hiroyuki Imaishi (passé par le storyboarding de jeux vidéos ou d'animés) est donc une bénédiction pour tous ceux qui cherchent à s'évader d'un univers mou et conformiste - à l'image, d'ailleurs, des personnages.
Un film décalé, violent, cru et anticonformiste
Pour les autres, le côté vraiment foutraque de son scénario (si tant est qu'on puisse l'appeler ainsi) pourra s'avérer "difficile à avaler" ; même si la trame se tient : emprisonnés, Pandy et Retro vont tout faire pour quitter la Lune, détruisant tout sur leur passage. Parmi ce périple, reviennent en mémoire, outre les nombreuses et magistrales séquences de fusillades, une scène de défécation forcée et une autre d'acte sexuel réalisé en camisole ; ou bien des personnages délirants, comme cet individu qui possède une gigantesque foreuse en lieu et place de son attribut masculin.
Dead Leaves est excessif et irréel : c'est un rêve éveillé, ou un cauchemar, comme vous voudrez. C'est pourtant une expérience particulièrement enthousiasmante pour qui parviendra à se laisser emporter dans cette frénésie récréative. C'est explosif, frais et décalé, parfois violent, souvent cru, mais parfait contre les prises de tête. Bref, ruez-vous sur cet animé unique, qui éclaboussera votre samedi soir (mais je ne veux pas savoir avec quoi...)
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