Avant-propos : Avec ce concept de « Film du samedi soir », je choisis de vous parler d'un petit métrage qui me tient à cœur. Il s'agit, chaque semaine, de fouiller mes étagères de DVD pour mettre en avant une petite comédie sans prétention, une série B bien barrée, un film d'horreur poussiéreux, une aventure de gosses oubliée... Bref, sortir du placard des trucs qui me font vibrer et aimer le cinéma, des productions totalement mésestimées, méprisées ou méconnues, et que j'estime être le remède parfait pour vos silencieuses soirées de samedi. Et vous savez quoi ? ça tombe bien, ce soir, on est justement samedi...
Comédie, épouvante-horreur, USA, 2011, 1H33
Avec Josh Hutcherson, Dane Cook, Spencer Locke
Sortie le 8 août 2012 (en DVD)
L'histoire : Adolescente paumée, Riley tente de survivre à la pression quotidienne d’un lycée complètement azimuté et frappé par un tueur tout droit échappé d’un authentique slasher. Mais l’établissement recèle aussi d’autres secrets...
Comme souvent avec le Film du samedi soir, je vais vous parler d'un petit bijou que vous ne trouverez en France qu'en DVD... Et encore, il vous faudra patienter quelques jours, puisque la-dite galette sortira seulement mercredi 8 août. Alors pourquoi tant de précipitation et d'excitation ? Parce que Detention est une petite bombe, un OVNI vidéo-ludique qui aurait certainement mérité mieux que de se retrouver dans votre ludothèque, coincé entre d'autres titres de son acabit comme Scott Pilgrim ou Tucker & Dale. Pour ce qui est du genre, le film de Joseph Kahn (auteur de Torque, avec Ice Cube, premier long-métrage dont il se moque dans celui-ci) est un teen-movie à forts relans horrifiques et fantastiques, et qui célèbre le "nawak" à tous les plans. Il suffit pour s'en convaincre de regarder ce film pendant cinq petites minutes, soit assez pour voir l'introduction en forme de présentation hystérique d'un personnage qui l'est tout autant, et qui se termine de manière... sanglante.
Et de sang, Detention n'en manque pas. Il faut dire que le "pitch" s'y prête : on suit Riley (Shanley Caswell, quasi-inconnue), une ado paumée et à la masse dans un lycée tout ce qu'il y a de plus Américain et superficiel, et surtout traquée par une tueuse sortie d'un film d'horreur. La jeune fille y croise nombre de ses congénères, un peu dérangés eux aussi, à commencer par Clapton (Josh Hutcherson, brillant dans The Kids Are All Right ou Hunger Games) un mauvais garçon sur qui elle craque, malin et espiègle, et Ione (Spencer Locke, récurrente dans la série Cougar Town), son ancienne meilleure amie, blonde et superficielle et qui veut mettre la main sur son prétendant. Si le film de Joseph Kahn part sur les chapeaux de roues, avec la fameuse scène dont j'ai parlé plus haut, qui introduit l'histoire et le tueur en série, il prend progressivement son rythme de croisière en suivant le quotidien de tous ces personnages.
Mélange sous amphéts d'American Pie et Scream, orchestré par Gregg Araki
Detention devient alors un teen-movie survitaminé, où les phrases-chocs et les effets visuels s'enchaînent en continu. Le générique de début est d'ailleurs un modèle du genre, rivalisant d'ingéniosité pour incruster à l'écran les noms des acteurs et de l'équipe du film... Ce qui suit n'est pas moins bon : on a droit à plusieurs séquences d'action détonantes dignes des meilleurs slashers, des discussions improbables sur ces-mêmes films d'horreur, des scènes festives typiques à base de grandes maisons, de sexe, d'alcool et de vomis que ne renieraient pas Jim, Stifler et leurs amis... Mais débarquent aussi des passages totalement improbables, comme l'histoire du capitaine de l'équipe de foot alias "télé-main", obligé par son père quand il était enfant de cacher son bras dans un poste de télévision après avoir été en contact avec un météorite extra-terrestre, ou celle légèrement plus poétique de "l'ours du futur", sorte de mascotte du lycée de Gryzzly Lake où se situe l'action...
D'autres excellentes idées quadrillent le film, et notamment deux hommages irrésistibles. Le premier est un clin d’œil aux innombrables suites qui gangrènent le cinéma d'horreur, développé sous la forme d'une mise en abyme extrême aux faux airs de poupées russes. Le second passe en revue tous les attributs et accessoires des lycéens de ces vingts dernières années... Savoureux ! On n'oubliera pas non plus des voyages dans le temps - et on a peut-être trouvé plus fun que la DeLorean de Marty et du Doc - une fin du Monde à éviter, un combat hilarant - où les compétences de Patrick Swayze et Steven Seagal sont mises à rude épreuve, etc. Bref, une réussite sur toute la ligne. D'autant qu'hormis ses attributs très "foutraques" et son rythme effréné, Detention reste un excellent divertissement sur la longueur. Bercé par une musique tantôt pêchue, tantôt mélancolique, le film sait s'apprécier comme un long-métrage et non comme une accumulation de bonnes idées. Quoiqu'il en soit, il est impossible de détacher les yeux de ce
spectacle à la fois dérangeant et acidulé. Detention est une sorte de mélange explosif et sous amphéts d'American Pie et Scream, qui serait réalisé par Gregg Araki. Rien que ça... Alors n'attendez plus - ou plutôt si, attendez mercredi - et ruez-vous sur cette merveille du cinéma indépendant. C'est un ordre !
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