Rebelle de Mark Andrews et Brenda Chapman
Avec les voix de Bérénice Béjo, Jacques Frantz, Nathalie Homs
Sortie le 1er août 2012
L'objectif : Depuis la nuit des temps, au cœur des terres sauvages et mystérieuses des Highlands d’Écosse, récits de batailles épiques et légendes mythiques se transmettent de génération en génération. Merida, l’impétueuse fille du roi Fergus et de la reine Elinor, a un problème… Elle est la seule fille au monde à ne pas vouloir devenir princesse ! Maniant l’arc comme personne, Merida refuse de se plier aux règles de la cour et défie une tradition millénaire sacrée aux yeux de tous et particulièrement de sa mère. Dans sa quête de liberté, Merida va involontairement voir se réaliser un vœu bien malheureux et précipiter le royaume dans le chaos. Sa détermination va lui être cruciale pour déjouer cette terrible malédiction.
Le subjectif : Depuis quelques années, Disney et Pixar ont pris l'habitude de s'y mettre à deux pour émouvoir notre été. Problème : après les excellents Wall-E, Là-Haut et Toy Story 3, on avait maudit les génies de l'animation pour nous avoir ennuyé avec un Cars 2 poussif. Une suite loin d'être indispensable qui avait mis le doute dans la tête de nombreux fans (moi compris) et fait craindre le pire. D'autant qu'en face, les autres studios ont fait feux de tous bois. Après les Dragons, Moi, moche et méchant, ou Shrek 4, les "opposants" de Pixar ont sorti cette année l'artillerie lourde, avec les suites de Madagascar et L'Âge de Glace, Le Lorax ou encore l’intriguant Norman... Bref, de quoi motiver les héritiers de Steve Jobs à faire mieux. Ouf ! Leur nouveau film est une œuvre originale. Ouch ! Il s'agit d'une histoire de princesse, soit un exercice totalement inédit pour les géniteurs de Woody et compagnie... L'occasion de se vautrer une seconde fois, ou de redresser la barre ?
En toute subjectivité, je suis bien forcé de répondre que l'échec est là. En sortant de la salle, à chaud, j'ai été obligé d'admettre que Pixar m'avait déçu. La faute à quoi ? Une histoire peu captivante, déjà, celle d'une gamine aux cheveux roux, révoltée contre les lois misogynes de son époque. Obligée de se marier avec l'un des héritiers des trois autres clans du pays - une vieille Écosse aux guerriers peinturlurés à la William Wallace et aux lancers de troncs d'arbre - elle va tout faire pour désobéir à ses parents, et leur faire comprendre qu'elle veut écrire elle-même son destin. Si le concept est sympathique - après tout, c'est un récit initiatique comme on en a lu beaucoup - sa réalisation l'est beaucoup moins. La jeune Merida apparaît plus entêtée que "rebelle", plus égoïste que réactionnaire. Certes, cette histoire n'appartient qu'à cette adolescente, qui n'entend jamais bouleverser l'ordre des choses mais bien pouvoir se marier avec qui elle en a envie, mais le simplisme du propos finit par agacer. Merida ne veut pas se marier avec un des trois abrutis de fils de rois qu'on lui impose, elle va donc bouder, fuguer, pour enfin se perdre en forêt à la poursuite de feux follets et faire confiance à une obscure sorcière adepte des sculptures d'ours en bois qui va changer son existence et celle de sa famille à jamais... Génial.
Belle et rebelle, mais Pixar niais et renié ?
Heureusement, l'intrigue qui découle de cette "révolution existentielle" donne lieu à une jolie relation mère-fille. Plus qu'à son père, c'est en effet à sa mère que Merida en veut, elle qui l'accable de dizaines et de dizaines de règles de bonne conduite, et qui cherche à anéantir toute passion qui ne serait pas digne d'une princesse. On sent que la Reine peste contre sa fille et ses désirs de liberté, mais qu'en réalité elle l'envie en silence, paralysée par les vieilles traditions. Et la malédiction qui s'abat sur la famille est un peu le révélateur et la résolution de ce problème de communication, qui permettra à l'une de mieux comprendre l'autre. Même si la psychologie n'est pas très fine, et si les changements de positions de l'une et de l'autre s'avèrent parfois "faciles", le soin et le travail apportés à l'élaboration de ces personnages est à louer. En outre, on distingue dans le propos de Mark Andrews et Brenda Chapman, les deux réalisateurs, un féminisme rafraîchissant. Pas question ici de dire ou de montrer que les femmes sont supérieures aux hommes, Rebelle suppose simplement que celles-ci sont en droit d'être libres, et donc d'être égales à ceux-là.
Parmi les autres points positifs, on notera évidemment la beauté graphique du film, comme par exemple la chevelure rousse et bouclée de la jeune héroïne, ou quelques magnifiques paysages des Highlands. Rebelle est très jolie, mais c'est presque tout. Pixar nous ayant habitué à mieux, et bien souvent avec beaucoup moins. Pour être franc, le studio créé par Steve Jobs - à qui le film est d'ailleurs dédié - semble avoir même perdu de l'avance sur ses concurrents en ce qui concerne l'émotion et le divertissement qu'il procure à ses spectateurs. Si l'humour fonctionne, ce n'est que par quelques bribes enfantines (des hommes qui soulèvent leurs kilts, des petits garçons qui plongent dans la poitrine plantureuse de leur servante...). Si le conte émerveillera sans doute la marmaille, il n'émouvra pas par son discours trop timoré. Rebelle pèche par manque de personnalité, alors même que ce film aurait dû "pixariser" un genre encore inconnu, et proposer quelque chose de nouveau, d'inédit, de revitalisant. Espérons que la prochaine production du studio - la préquelle de Monstres et Cie - saura reconquérir le cœur de ses nombreux et indéfectibles fans.
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