mercredi 14 novembre 2012

| Avis ¦ Le Capital, l'argent ne fait pas le bonheur des pauvres



Le Capital de Costa-Gavras  


Drame, thriller, France, 2012, 1H53
Avec Gad Elmaleh, Gabriel Byrne, Natacha Régnier 
Sortie le 14 novembre 2012


L'objectif : La résistible ascension d'un valet de banque dans le monde féroce du Capital.




Le subjectif : Ces derniers temps, crise oblige, de nombreux films sur le "monde impitoyable" de la finance ont vu le jour. Le spectateur a eu droit à une pléiade d'interprétations, plus ou moins réussies, de cet événement planétaire. Qu'elle soit intimiste (Cosmopolis de David Cronenberg), cynique (le second Wall Street d'Oliver Stone), sociale et humaniste (The Company Men signé John Wells), ou encore inspirée de faits réels et sans concession (Margin Call de J. C. Chandor), elle demeure engagée, et permet à chaque fois d'étudier la crise sous des prismes différents. Et quand on parle d'engagement, en cinéma, on en vient assez vite à parler de Costa-Gavras.



Le réalisateur franco-grec, à la filmographie aussi longue que reconnue (oscarisé en 1969 pour Z, césarisé avec Amen il y a dix ans), a décidé de s'essayer à l'exercice. En résulte Le Capital, adapté du roman homonyme de Stéphane Osmont (et non Karl Marx, mais la référence est voulue), sur nos écrans depuis ce mercredi. Costa-Gavras y raconte l'incroyable histoire de Marc Tourneuil, homme ordinaire propulsé (malgré lui) directeur d'une des plus grandes banques européennes. Première surprise : le choix de l'acteur destiné à camper ce "président au rabais". Après avoir pensé à Vincent Cassel ou Mathieu Kassovitz, habitués à ce genre de rôles sombres et protéiformes, l'auteur du Couperet a opté pour... Gad Elmaleh.

Un banquier normal

Le comédien, qui restait malgré tout sur une prestation dramatique convaincante dans La Rafle, n'est pas ce qu'on pourrait appeler un spécialiste. Malgré quoi, ici, son jeu, froid et inexpressif, sert plutôt bien l'interprétation de son personnage : un homme que le pouvoir et l'argent vont finir par changer et isoler. Aux côtés de l'humoriste se dresse un acteur exceptionnel de justesse, l'Irlandais Gabriel Byrne (inoubliable dans Usual Suspects). Le reste du casting suit le rythme, même si la touche féminine manque de mordant, et que seul le rôle que joue Gad Elmaleh semble avoir retenu l'attention des scénaristes.



Quant à l'histoire, elle se résume à l'ascension fulgurante d'un "valet de banque" tout en haut du système. Un "banquier normal", comme se définit Marc Tourneuil : "Je voulais être prof d'économie pour avoir le Nobel, à la place j'enrichis les riches et j'appauvris les pauvres." Un regard lucide et pessimiste sur son métier qui cristallise peu ou prou le message de Costa-Gavras. De nombreuses fois, le réalisateur nous laisse des raisons d'espérer qu'un monde plus juste est possible, qu'il existe des motifs de lutte... Mais aussitôt, il les rabat d'un revers de main, à grands coups de redondantes et clinquantes tirades. Ainsi, Le Capital nous apprend que "l'argent n'est pas un outil, c'est un maître", que "c'est dans la crise que les richesses se créent", ou encore que les banquiers sont "de grands enfants, ils vont continuer à s'amuser jusqu'à ce que tout pète". Un peu vrai, sans aucun doute, mais un peu trop facile, clairement.

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