Les Amants passagers de Pedro Almodóvar
Comédie, drame, Espagne, 2013, 1H30
Avec Javier Cámara, Carlos Areces, Raúl Arévalo
Sortie le 27 mars 2013
L'objectif : Des personnages hauts en couleurs pensent vivre leurs dernières heures à bord d’un avion à destination de Mexico. Une panne technique met en danger la vie des personnes qui voyagent sur le vol 2549 de la compagnie Península. Les pilotes s'efforcent de trouver une solution avec le personnel de la tour de contrôle. Le chef de la cabine et les stewards sont des personnages atypiques et baroques, qui, face au danger, tentent d'oublier leur propre désarroi et se donnent corps et âme pour que le voyage soit le plus agréable possible aux passagers, en attendant que la solution au problème soit trouvée.
Le subjectif : Laissant de côté les drames humains et les thrillers sociétaux, dont il nous avait habitué ces dernières années, Pedro Almodóvar revient aux affaires comico-déjantées avec Les Amants passagers. Complètement "barré", ce long-métrage convie le spectateur à un vol pour le moins mouvementé à bord d'un Airbus, de la compagnie imaginaire Peninsula, confronté à quelques turbulences... Et à propos de turbulences, c'est peu dire qu'elles sont plus présentes à l'intérieur, qu'à l'extérieur de l'aéronef. Il y est question de sexe, de drogues et de rock'n'roll (si toutefois I'm So Excited des Pointed Sisters peut s'apparenter à du rock). Almodóvar renouant ainsi avec ses premières amours, celles qu'il embrassait à pleine bouche au moment d'incarner la Movida - ce mouvement culturel créatif qui a réveillé l'Espagne de l'après-Franco.
Avec son histoire décomplexée, que le réalisateur a qualifié lui-même d'irréaliste et métaphorique, Les Amants passagers brasse les thèmes de prédilection de Pedro Almodóvar. La libération sexuelle y figure ainsi au premier plan : de l'équipage masculin au grand complet, presque tous homosexuels et délurés, jusqu'aux passagers, tout le monde est bien décidé à s'envoyer en l'air au cours de ce vol. Il faut dire aussi qu'ils sont bien aidé par le cocktail servi à bord, une Agua de Valencia agrémentée d'un peu de mescaline... N'en jetez plus : nous avons là du sexe (ou des allusions très explicites), de la drogue et de l'alcool. Soit, tous les ingrédients de libération des mœurs dont se délectait la sus-citée Movida, et Almodóvar avec, dès les années 1980
Pourtant, ici, point de Victoria Abril, égérie du réalisateur madrilène durant cette période (et longtemps après), mais des jeunes gens beaux et pleins de fougue. Et pour la plupart, il s'agit de nouveaux visages, comme celui de la jeune modèle Blanca Suárez qui campe la jeune Ruth, un des rares protagonistes à "exister" hors de l'avion. Parallèlement, on reconnaîtra l'actrice qui joue le personnage de Bruna, passagère voyante et décidée à perdre sa virginité à bord de cet avion. Il s'agit de Lola Dueñas, que Pedro Almodóvar a dirigé plusieurs fois, et notamment dans Volver où elle incarnait Sole, la soeur de Penélope Cruz. Cette dernière, nouvelle muse d'Almodovar, est également présente au casting, pour un petit clin d'oeil dans l'incipit du film. La belle incarne une bagagiste, aux côtés d'une autre icône espagnole : Antonio Banderas.
Avec ce casting neuf et talentueux, et grâce à quelques moments de folie dont seul Pedro Almodóvar a le secret (la fameuse scène de la chorégraphie des stewards interprétée sur I'm So Excited), Les Amants passagers se déguste comme une joyeuse et déjantée comédie humaine. Prétextant d'une mort potentiellement imminente, et (ab)usant de désinhibiteurs, le scénario pousse ses protagonistes à réaliser leurs fantasmes (le plus souvent érotiques) et les dirige vers une catharsis générale. Certes, le long-métrage souffre de plusieurs défauts (extrémisme de situations pas toujours bien dosées, lourdeur de certaines scènes, découpage maladroit entre les séquences dans et en dehors de l'appareil, inutilité de quelques seconds rôles), mais l'ensemble, irréaliste et irrévérencieux, se déguste avec plaisir. Pour peu qu'on ait l'esprit bien (mal) tourné, et l'envie de s'envoyer en l'air...
Avec son histoire décomplexée, que le réalisateur a qualifié lui-même d'irréaliste et métaphorique, Les Amants passagers brasse les thèmes de prédilection de Pedro Almodóvar. La libération sexuelle y figure ainsi au premier plan : de l'équipage masculin au grand complet, presque tous homosexuels et délurés, jusqu'aux passagers, tout le monde est bien décidé à s'envoyer en l'air au cours de ce vol. Il faut dire aussi qu'ils sont bien aidé par le cocktail servi à bord, une Agua de Valencia agrémentée d'un peu de mescaline... N'en jetez plus : nous avons là du sexe (ou des allusions très explicites), de la drogue et de l'alcool. Soit, tous les ingrédients de libération des mœurs dont se délectait la sus-citée Movida, et Almodóvar avec, dès les années 1980
Amours et turbulences
Pourtant, ici, point de Victoria Abril, égérie du réalisateur madrilène durant cette période (et longtemps après), mais des jeunes gens beaux et pleins de fougue. Et pour la plupart, il s'agit de nouveaux visages, comme celui de la jeune modèle Blanca Suárez qui campe la jeune Ruth, un des rares protagonistes à "exister" hors de l'avion. Parallèlement, on reconnaîtra l'actrice qui joue le personnage de Bruna, passagère voyante et décidée à perdre sa virginité à bord de cet avion. Il s'agit de Lola Dueñas, que Pedro Almodóvar a dirigé plusieurs fois, et notamment dans Volver où elle incarnait Sole, la soeur de Penélope Cruz. Cette dernière, nouvelle muse d'Almodovar, est également présente au casting, pour un petit clin d'oeil dans l'incipit du film. La belle incarne une bagagiste, aux côtés d'une autre icône espagnole : Antonio Banderas.
Avec ce casting neuf et talentueux, et grâce à quelques moments de folie dont seul Pedro Almodóvar a le secret (la fameuse scène de la chorégraphie des stewards interprétée sur I'm So Excited), Les Amants passagers se déguste comme une joyeuse et déjantée comédie humaine. Prétextant d'une mort potentiellement imminente, et (ab)usant de désinhibiteurs, le scénario pousse ses protagonistes à réaliser leurs fantasmes (le plus souvent érotiques) et les dirige vers une catharsis générale. Certes, le long-métrage souffre de plusieurs défauts (extrémisme de situations pas toujours bien dosées, lourdeur de certaines scènes, découpage maladroit entre les séquences dans et en dehors de l'appareil, inutilité de quelques seconds rôles), mais l'ensemble, irréaliste et irrévérencieux, se déguste avec plaisir. Pour peu qu'on ait l'esprit bien (mal) tourné, et l'envie de s'envoyer en l'air...
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