mardi 5 mars 2013

| Avis ¦ Möbius, l'espion qui aimait



Möbius d’Éric Rochant 


Espionnage, thriller, France, 2012, 1H43
Avec Jean Dujardin, Cécile de France, Tim Roth 
Sortie le 27 février 2013



L'objectif : Grégory Lioubov (Jean Dujardin), un officier des services secrets russes est envoyé à Monaco afin de surveiller les agissements d’un puissant homme d’affaires. Dans le cadre de cette mission, son équipe recrute Alice (Cécile de France), une surdouée de la finance. Soupçonnant sa trahison, Grégory va rompre la règle d’or et entrer en contact avec Alice, son agent infiltré. Naît entre eux une passion impossible qui va inexorablement précipiter leur chute.



Le subjectif : A l'avant-première toulousaine de Möbius, Jean Dujardin avait tenu à avertir les spectateurs en conseillant de ne pas tenter de s'accrocher à l'intrigue, mais de se laisser porter. L'acteur français préconisait au public de se laisser entraîner par l'histoire d'Alice et Moïse – incarnés par Cécile de France et lui-même – plutôt que d'essayer de comprendre tous les rouages du scénario d'Eric Rochant. Et, au vu du résultat, difficile de ne pas lui donner raison. Car, d'un film français prometteur mêlant espionnage et histoire d'amour, Möbius, à trop vouloir jouer sur les deux tableaux, s'égare entre deux eaux. Forcé de choisir, le spectateur se raccroche néanmoins à ce qu'il peut : c'est-à-dire, pour beaucoup, à une belle romance entre deux acteurs au sommet de leur art.



Le casting est effectivement « au poil », que ce soit le néo-Oscarisé Jean Dujardin, qui campe un espion russe plutôt convaincant (jusqu'à ses répliques qu'il prononce évidemment dans la langue de Tolstoï) et à l'apparence du héros perdu qu'il incarnait dans Le Bruit des Glaçons ; ou Cécile de France, parfaite dans son rôle d'agent infiltrée : tour à tour mutine et naïve. L'autre grand acteur de l'affiche, Tim Roth, tire lui aussi son épingle du jeu, en jouant un personnage « mafieux » à la fois sévère, et séduit par la belle Alice. Le casting est également « à poil », lors de nombreuses scènes d'amour entre la jeune femme et l'espion. Des séquences très intenses et sensuelles, où la caméra pellicule du réalisateur fait des merveilles, révélant une atmosphère envoutante.

Grain de beauté

C'est ce qui fait indéniablement le charme du film d 'Eric Rochant, réalisateur en 1994 des Patriotes (qui traitait déjà de l'univers des espions). Le grain de la pellicule (le metteur en scène la préférant aux appareils numériques) révèle une chaleur presque vivante. Möbius entraîne alors le spectateur dans une histoire torride entre deux êtres. Deux âmes aux multiples facettes, qui se poursuivent, se cherchent et se découvrent de la plus crue des façons. Le temps de ces quelques séquences faites de peau, de sueur et de gémissements (mais pas seulement), on oublie le reste de l'intrigue, pour mieux se délecter de la simple présence des acteurs, et de leur interprétation.



Malheureusement, la trop grande complexité du scénario - qui mêle sans sourciller monde de la finance, crise économique et cercles mafieux – finit par noyer ces bonnes impressions. Même si cette romance est belle à observer, le contexte trop difficile à appréhender plombe l'émotion primaire qui fait qu'on aime – ou qu'on n'aime pas – un film. Une distance entre le spectateur et le film se met alors en place, l'éloignant de toute prise de plaisir. Möbius devient un bon film d'espionnage – pour qui parvient à démêler tous les fils de l'intrigue – mais il perd toute sa dimension envoutante. Une grande déception, en tout cas à la hauteur des espérances que le film avait su susciter...

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