samedi 6 avril 2013

| Avis ¦ Jack le chasseur de géants, Bryan Singer loin du compte


Jack le chasseur de géants de Bryan Singer 


Aventure, fantastique, USA, 2013, 1H50
Avec Nicholas Hoult, Eleanor Tomlinson, Ewan McGregor
Sortie le 27 mars 2013



L'objectif : Lorsqu’un jeune fermier ouvre par inadvertance la porte entre notre monde et celui d’une redoutable race de géants, il ne se doute pas qu’il a ranimé une guerre ancienne… Débarquant sur Terre pour la première fois depuis des siècles, les géants se battent pour reconquérir leur planète et le jeune homme, Jack, doit alors livrer le combat de sa vie pour les arrêter. Luttant à la fois pour le royaume, son peuple et l’amour d’une princesse courageuse, il affronte des guerriers invincibles dont il s’imaginait qu’ils n’existaient que dans les contes. L’occasion, pour lui, de devenir une légende à son tour.



Le subjectif : Bryan Singer est talentueux. Dans sa courte filmographie, plusieurs films peuvent ainsi être élevés au rang de classiques : l'incroyable Usual Suspects, avec Kevin Spacey (Keyser Söze) ; ou les deux premiers X-Men, qui ont lancé la « Marvel mania ». Pourtant, après ce diptyque au succès super-héroïque, le jeune réalisateur va connaître quelques difficultés. Laissant à Brett Ratner le soin de réaliser le troisième X-Men (le désespérant L'Affrontement final), Bryan Singer s'acoquine avec le grand rival de Marvel, DC Comics, pour redonner vie au mythe de Superman. Doté d'un budget gargantuesque de 260 millions de $, Superman Returns est un échec financier qui fait vaciller son auteur. Préférant se replonger dans des projets plus personnels (notamment l'excellent Walkyrie, avec Tom Cruise, sur le complot contre Hitler en 1944), Singer laisse tomber les blockbusters. Jusqu'à ce qu'il prenne les rênes, une fois de plus à la surprise générale, de Jack le chasseur de géants.




Librement inspiré du conte « Jack et le haricot magique », le long-métrage se présente comme un film fantastique et épique destiné à toute la famille. En cela, il figure dans la droite lignée de productions des années 1970-80 (Le Choc des Titans, Sinbad, Willow...), et pourra réveiller en certains leur âme d'enfant. Au coeur de l'histoire, une romance naissante entre deux êtres que tout oppose (c'est souvent le cas) : un jeune fermier (Jack), et une princesse (Isabelle). Comme il est dit dans le film, le premier, « né dans la poussière et la sueur », travaille les terres, tandis qu'Isabelle, elle, les possède. Animés par la même soif d'aventures et hanté par la même légende, ils vont rapidement se retrouver au centre d'une guerre entre leur monde et celui des géants, situé entre ciel et terre. Grâce aux fameux haricots magiques...

La fin des haricots

Pour parvenir à reconquérir Hollywood, Bryan Singer a composé un casting non seulement clinquant mais aussi brillant, et qui a comme point commun d'avoir l'accent british. Dans le rôle-titre de Jack, on retrouve Nicholas Hoult. Le jeune anglais, révélé dans la série britannique Skins et à l'affiche de Warm Bodies, et qui a grillé la politesse à Aaron Jackson, a certainement attiré l'oeil du réalisateur en campant le Fauve dans X-Men : Le Commencement. A ses côtés, on retrouve la charmante Eleanor Tomlinson, et l'excellent Ewan McGregor, au brushing toujours impeccable (même entre deux tempêtes). Une tripotée d'autres « gueules » d'un cinéma moins populaire figurent également à l'affiche : Stanley Tucci (Lovely Bones), Ewen Bremmer (« Spud » de Trainspotting), Eddie Marsan (V pour Vendetta), pour ne citer qu'eux. Bref, du très, très bon.



Et pourtant... Malgré ce casting de choix, malgré une histoire de cape et d'épées qui tient la route (le scénario est bien ficelé, et les rebondissements sont légion), malgré, enfin, le talent certain pour la mise en scène que possède l'ami Bryan Singer : Jack le chasseur de géants n'est presque jamais divertissant. Faussement comique (overdose de blagues pipi-caca, de gros plans sur le faciès et les mimiques des personnages), le film n'est jamais drôle. Faussement dramatique (plans fixes sur des visages tristes, armées de violons), le film n'est jamais émouvant. Quant à l'évolution des protagonistes, elle se limite à des clichés vus et revus : le jeune pouilleux épouse la princesse, après avoir terrassé... le géant. Pour ne rien arranger à ce trémolo de bons sentiments et de fils faciles, les effets spéciaux font pâle figure : le générique d'intro est particulièrement moche, et les géants sont difformes et paraissent bâclés. Bref, n'en jetez plus, Bryan Singer a beau être talentueux, son Jack le chasseur de géants est loin du... conte.

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