Jack le chasseur de géants de Bryan Singer
Aventure, fantastique, USA, 2013, 1H50
Avec Nicholas Hoult, Eleanor Tomlinson, Ewan McGregor
Sortie le 27 mars 2013
L'objectif : Lorsqu’un jeune fermier ouvre par inadvertance la porte entre notre monde et celui d’une redoutable race de géants, il ne se doute pas qu’il a ranimé une guerre ancienne… Débarquant sur Terre pour la première fois depuis des siècles, les géants se battent pour reconquérir leur planète et le jeune homme, Jack, doit alors livrer le combat de sa vie pour les arrêter. Luttant à la fois pour le royaume, son peuple et l’amour d’une princesse courageuse, il affronte des guerriers invincibles dont il s’imaginait qu’ils n’existaient que dans les contes. L’occasion, pour lui, de devenir une légende à son tour.
Le subjectif : Bryan Singer est
talentueux. Dans sa courte filmographie, plusieurs films peuvent
ainsi être élevés au rang de classiques : l'incroyable Usual
Suspects, avec Kevin Spacey (Keyser Söze) ; ou les deux premiers
X-Men, qui ont lancé la « Marvel mania ».
Pourtant, après ce diptyque au succès super-héroïque, le jeune
réalisateur va connaître quelques difficultés. Laissant à Brett
Ratner le soin de réaliser le troisième X-Men (le
désespérant L'Affrontement final), Bryan Singer s'acoquine
avec le grand rival de Marvel, DC Comics, pour redonner vie au mythe
de Superman. Doté d'un budget gargantuesque de 260 millions de $,
Superman Returns est un échec financier qui fait vaciller son
auteur. Préférant se replonger dans des projets plus personnels
(notamment l'excellent Walkyrie, avec Tom Cruise, sur le
complot contre Hitler en 1944), Singer laisse tomber les
blockbusters. Jusqu'à ce qu'il prenne les rênes, une fois de plus à
la surprise générale, de Jack le chasseur de géants.
Librement inspiré du
conte « Jack et le haricot magique », le
long-métrage se présente comme un film fantastique et épique
destiné à toute la famille. En cela, il figure dans la droite
lignée de productions des années 1970-80 (Le Choc des Titans,
Sinbad, Willow...), et pourra réveiller en certains leur âme
d'enfant. Au coeur de l'histoire, une romance naissante entre deux
êtres que tout oppose (c'est souvent le cas) : un jeune fermier
(Jack), et une princesse (Isabelle). Comme il est dit dans le film,
le premier, « né dans la poussière et la sueur »,
travaille les terres, tandis qu'Isabelle, elle, les possède. Animés
par la même soif d'aventures et hanté par la même légende, ils
vont rapidement se retrouver au centre d'une guerre entre leur monde
et celui des géants, situé entre ciel et terre. Grâce aux fameux
haricots magiques...
La fin des haricots
Pour parvenir à
reconquérir Hollywood, Bryan Singer a composé un casting non
seulement clinquant mais aussi brillant, et qui a comme point commun
d'avoir l'accent british. Dans le rôle-titre de Jack, on
retrouve Nicholas Hoult. Le jeune anglais, révélé dans la série
britannique Skins et à l'affiche de Warm Bodies, et
qui a grillé la politesse à Aaron Jackson, a certainement attiré
l'oeil du réalisateur en campant le Fauve dans X-Men : Le
Commencement. A ses côtés, on retrouve la charmante Eleanor
Tomlinson, et l'excellent Ewan McGregor, au brushing toujours
impeccable (même entre deux tempêtes). Une tripotée d'autres
« gueules » d'un cinéma moins populaire figurent
également à l'affiche : Stanley Tucci (Lovely Bones), Ewen
Bremmer (« Spud » de Trainspotting), Eddie Marsan
(V pour Vendetta), pour ne citer qu'eux. Bref, du très, très
bon.
Et pourtant... Malgré ce
casting de choix, malgré une histoire de cape et d'épées qui tient
la route (le scénario est bien ficelé, et les rebondissements sont
légion), malgré, enfin, le talent certain pour la mise en scène
que possède l'ami Bryan Singer : Jack le chasseur de géants
n'est presque jamais divertissant. Faussement comique (overdose de
blagues pipi-caca, de gros plans sur le faciès et les mimiques des
personnages), le film n'est jamais drôle. Faussement dramatique
(plans fixes sur des visages tristes, armées de violons), le film
n'est jamais émouvant. Quant à l'évolution des protagonistes, elle
se limite à des clichés vus et revus : le jeune pouilleux épouse
la princesse, après avoir terrassé... le géant. Pour ne rien
arranger à ce trémolo de bons sentiments et de fils faciles, les
effets spéciaux font pâle figure : le générique d'intro est
particulièrement moche, et les géants sont difformes et paraissent
bâclés. Bref, n'en jetez plus, Bryan Singer a beau être
talentueux, son Jack le chasseur de géants est loin du...
conte.
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