lundi 8 avril 2013

| Avis ¦ 11.6, Cluzet immortalise Musulin


11.6 de Philippe Godeau


Thriller, France, 2013, 1H42
Avec François Cluzet, Bouli Lanners, Corinne Masiero
Sortie le 3 avril 2013


L'objectif :Toni Musulin est convoyeur de fonds depuis dix ans. Le 5 novembre 2009, à 10 heures du matin, il appuie doucement sur l’accélérateur de son fourgon blindé. À l’arrière de son véhicule, 11.6 millions d’euros…



Le subjectif : Ce fait divers avait tenu toute la France en émoi, à l'hiver 2009. Toni Musulin, un convoyeur de fonds lyonnais, avait détourné un camion blindé de sa société, emportant un pactole de 11.6 millions d'euros. Alors que la police avait retrouvé le camion ainsi qu'une grande partie de son contenu, Musulin était resté porté disparu, tout comme 2,5 millions d'euros. Quand le convoyeur-voleur s'est rendu, les spéculations sont allées bon train. Musulin avait-il préparé son coup, l'argent dormant bien au chaud et attendant le retour de son nouveau propriétaire, qui n'aurait que deux ou trois ans à tirer en cellule ? Le principal intéressé a toujours nié, et les questions sont restées en suspend...




Intéressante, cette histoire n'a pas mis longtemps à tomber entre les mains du septième art. Librement inspirée du livre Toni 11.6 - Histoire du convoyeur d'Alice Géraud (journaliste lyonnaise ayant côtoyé Musulin lors de son incarcération), l'adaptation sur grand écran a été confiée à Philippe Godeau, producteur devenu réalisateur en 2009 avec Le Dernier pour la route. Dans le rôle-titre, Godeau avait engagé l'excellent François Cluzet, sur le devant de la scène depuis Ne le dis à personne. Le duo est reformé pour 11.6 puisque c'est Cluzet qui campe Toni Musulin, deux ans après son triomphe dans Intouchables. L'acteur français y est tout simplement éblouissant. Fascinant de par son jeu froid et intériorisé, il incarne un personnage implacable, qui semble n'avoir rien laissé au hasard. Quitte à se faire haïr de tous avant de commettre son méfait, histoire que personne d'autre que lui n'en soit affecté.

"C'est pas l'argent qu'il aime, c'est gagner"
Servi par une photographie tout aussi glaciale (l'image est souvent bleutée), et une poignée élégante de seconds rôles (notamment : l'ami de Musulin - Bouli Lanners, et sa compagne - Corinne Masiero), l'histoire de 11.6 fonctionne à merveille. C'est un thriller qui avance lentement, méticuleusement, à l'image de Toni Musulin. Le spectateur se prend au jeu, s'intéresse à cette histoire peu ordinaire, se prenant d'affection -ou pas - pour ce convoyeur de fonds à la personnalité complexe. C'est d'ailleurs cet aspect qui rehausse souvent l'intérêt d'un polar dont l'issue est connue de (presque) tous. Le jeu de François Cluzet est, encore une fois, formidable. Il dépeint les actions parfois contradictoires de Musulin avec naturel et simplicité. Cluzet est véritablement Musulin.



Ou, en tout cas, François Cluzet campe le Musulin que Philippe Godeau a choisi de dévoiler. Car, et une petite phrase en fin de générique le rappelle, 11.6 reste bien évidemment une fiction. Tout n'y est pas raconté exactement comme cela s'est produit, et, plus important, de nombreuses zones d'ombre persistent. Dans le film, cela s'apparente à des ellipses, à des non-dits. Une fois que l'action et la tension se sont calmées, et qu'on retrouve Cluzet/Musulin face aux interrogations qu'il nous avait laissé en novembre 2009, le manque de réponses, de clarté, de prise de position s'avère terriblement frustrant. Cela n’enlevant en rien à la qualité de ce bon thriller français, servi par un acteur haut de gamme.

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