dimanche 8 septembre 2013

| Avis ¦ Alabama Monroe, la fête humaine

Alabama Monroe de Felix Van Groeningen


Drame, Belge, 2012, 1H52
Avec Johan Heldenbergh, Veerle Baetens, Nell Cattrysse
Sortie le 28 août 2013 


L'objectif : Didier et Élise vivent une histoire d'amour passionnée et rythmée par la musique. Lui, joue du banjo dans un groupe de Bluegrass Country et vénère l'Amérique. Elle, tient un salon de tatouage et chante dans le groupe de Didier. De leur union fusionnelle naît une fille, Maybelle...



Le subjectif : Il est des films qui remuent, qui bouleversent, qui émeuvent, qui nous prennent aux tripes et nous marquent. Des films durs qui durent et durent et durent, qui ne s'arrêtent pas au générique de fin, et qui nous font réfléchir, discuter, échanger. Alabama Monroe fait définitivement partie de ceux-là. Aujourd'hui encore, au moment d'écrire ces lignes, quelques heures après l'avoir vécue au cinéma, je continue de vivre cette expérience cinématographique. Le quatrième film du Belge Felix Van Groeningen (36 ans), prix du public du dernier Festival de Berlin et adaptation d'une pièce de théâtre à grand succès, est une petite merveille d'humanité, une déclaration d'amour autant au cinéma qu'à la vie. Une vie tout à la fois belle, crue et cruelle.




Comme beaucoup d’œuvres poignantes, Alabama Monroe raconte une histoire à deux, puis à trois. Une rencontre entre deux êtres aussi opposés que complémentaires, Didier et Élise, qui donnera naissance à un amour brûlant, et à une petite fille : Maybelle. Lui est chanteur-musicien dans un groupe de Bluegrass, manie son banjo en rêvant d'Amérique et de liberté ; elle est tatoueuse et moins pragmatique, croit aux pouvoirs des âmes et des images. Au milieu de décors splendides de la Belgique flamande, une grande force d'attraction émane des acteurs qui campent Didier et Élise : Johan Heldenbergh et Veerle Baetens. Des traits de leurs corps (ce nez cassé, cette barbe feuillue, cette chevelure hirsute, cette peau qui respire, cette mâchoire carrée, ces petits seins, ces dizaines de tatouages...) aux expressions de leurs émotions et de leurs personnalités, tout transpire l'humanité : paradoxale et multiple.
Un film dont on ne sort pas
Comme l'union que vivent ses deux protagonistes, Alabama Monroe est plein de contradictions et de séquences qui n'ont pas de lien direct entre elles. Devant nos yeux se percutent la vie et la mort, maladie et maternité, éclats de rires et flots de larmes, mots doux et insultes... Jusque dans sa structure, le long-métrage de Felix Van Groeningen semble cultiver cette soif de l'opposition. L'histoire ne nous est pas racontée de manière chronologique, elle fait des allers-retours entre différentes époques, différents moments de vie. La volonté du réalisateur n'est clairement pas de "surprendre" le spectateur, ou de jouer sur la corde sensible et le pathos. Les choses sont annoncées sans artifice : claires, brutes, et souvent douloureuses. Les images n'épargnent pas les spectateurs, comme les situations qu'elles illustrent n'épargnent personne dans la "vraie" vie. Alabama Monroe est une peinture réaliste et sans concession.

Réaliste, oui, mais pas pessimiste. Les épreuves que vivent Didier et Élise sont dures, mais chacun tente à sa manière de les affronter. Et si les constats d'impuissance paraissent plus nombreux que les raisons d'espérer, ces dernières existent bel et bien. Face au cancer de leur fille Maybelle, le couple s'aime ardemment, lutte avec ses armes et chante. Du début à la fin du film, d'ailleurs, la musique semble être la meilleure réponse à la cruauté de la vie. Cette musique bluegrass (country à la fois rythmée et mélancolique) finit d'envelopper Alabama Monroe de cette aura si particulière qui couve les œuvres cultes. La bande originale est sublime, et le fait que les chansons soient toutes interprétées par les acteurs du film n'y est pas étranger. L'ensemble est prodigieux, et je ne saurais que trop vous recommander l'un (le film) comme l'autre (la BO). Alabama Monroe est un film dont on ne sort pas. Ou, en tout cas, pas indemne.

En bonus track (chanson lessive, NDLR), voici une des SUBLIMES chansons du film et de sa BO, "If I Needed You", interprêtée en live par les acteurs. Il faut dire que suite au succès de la pièce de théâtre et du film, les acteurs ont monté le groupe The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band, et jouent depuis à guichet fermés à travers Belgique et Pays-Bas...

2 commentaires:

  1. Bonjour à tous
    Suis tombé par hasard sur ce blog !!!
    la lumière d'une étoile ne meurt jamais !!!! j'ai effectivement aussi beaucop aimé ce film grave tendre drôle avec une mise en scène simple et super efficace dans les flash back !! Les acteurs sont top !!! faut courir le voir :))

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    1. Merci pour le commentaire, et effectivement ce film est plein de petites mais magnifiques histoires, de sublimes moments de cinéma... Comme quand ce papa incapable de croire à autre chose qu'aux faits scientifiques explique à sa petite fille l'histoire de l'étoile qui ne meurt jamais, en langage scientifique et pourtant tellement touchant. Je suis d'accord avec vous, ce film est à (re)voir !

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