vendredi 25 octobre 2013

| Avis ¦ Gravity, dans l'espace personne ne vous entendra crier (au génie)

Gravity d'Alfonso Cuarón

 

SF, drame, USA - UK, 2013, 1H30
Avec Sandra Bullock, George Clooney, Ed Harris
Sortie le 23 octobre 2013


L'objectif : Pour sa première expédition à bord d'une navette spatiale, le docteur Ryan Stone, brillante experte en ingénierie médicale, accompagne l'astronaute chevronné Matt Kowalsky. Mais alors qu'il s'agit apparemment d'une banale sortie dans l'espace, une catastrophe se produit. Lorsque la navette est pulvérisée, Stone et Kowalsky se retrouvent totalement seuls, livrés à eux-mêmes dans l'univers. Le silence assourdissant autour d'eux leur indique qu'ils ont perdu tout contact avec la Terre - et la moindre chance d'être sauvés. Peu à peu, ils cèdent à la panique, d'autant plus qu'à chaque respiration, ils consomment un peu plus les quelques réserves d'oxygène qu'il leur reste. Mais c'est peut-être en s'enfonçant plus loin encore dans l'immensité terrifiante de l'espace qu'ils trouveront le moyen de rentrer sur Terre...



Le subjectif : Son Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban (le 3e) n'était peut-être pas le meilleur de la saga (quoique), mais il a eu le mérite de faire entrer Alfonso Cuarón à Hollywood. Et deux ans plus tard, le réalisateur mexicain bouleversait le monde du cinéma, et notamment celui de la SF, avec Les fils de l'homme. Un chef-d’œuvre d'anticipation aux nombreux passages devenus cultes (cf. LA scène de la voiture) qui ont propulsé leur auteur dans la légende. Sept longues années sont passées, mais l'aura dont bénéficie Cuarón ne semble pas prête à disparaître. En témoigne l'avalanche de critiques dithyrambiques sous laquelle croule son nouveau film : Gravity.

C'est donc forcément le cœur léger que je me rends dans mon cinéma - petite salle mais projection VO et 3D. Un moindre mal pour effacer les souvenirs du visionnage affreux des Fils de l'homme (en VF et dans une salle minable d'Un Grand Complexe toulousain). Une expérience qui ne m'avait pas empêché de tomber fou amoureux de Clive Owen, Julianne Moore et de ce film fabuleux, mais que je ne veux pas revivre pour Gravity. Faute d'IMAX, la 3D s'impose. Je suis prêt à vivre cette épopée d'1h30 encensée ces dernières semaines par toute la presse et la blogosphère... et ne rien lâcher.

L'exploit de tourner un huis-clos dans l'espace

Je n'ai pas trop envie de vous gâcher le plaisir, alors je vais poursuivre ma critique en mode "subjectif". Oui, plaisir il y a eu. Pour le dire clairement, Gravity fait partie de ces films à voir absolument, de ces étapes destinées à marquer l'histoire du 7e Art, de ces prouesses autant techniques qu'artistiques ou esthétiques qui en font un... chef-d’œuvre. Le mot n'est pas assez fort pour décrire ce huis-clos émotionnellement très prenant. Un huis-clos qui réalise l'exploit d'être tourné dans un lieu immense : l'espace. C'est d'ailleurs un des points forts du film : nous montrer cet endroit, si souvent exploré dans l'univers SF, comme jamais avant lui.

L'histoire de Gravity raconte le périple en apesanteur de trois astronautes, à qui le pire scénario catastrophe arrive. Une série de petites erreurs aux grosses conséquences précipite vers leur navette des centaines de débris de satellites, et compromet leur mission de réparation du télescope Hubble. A partir de là, les trois compagnons sont livrés à eux-mêmes. Et rapidement, comme l'a dévoilé à ceux qui l'ont vu la bande-annonce, un protagoniste en particulier se détache du trio : Ryan Stone. La caméra d'Alfonso Cuarón ne lâche plus ce personnage féminin, admirablement interprétée par Sandra Bullock. Cette experte en ingénierie médicale étant ce qu'on appelle une "bleue" dans l'espace, ce choix scénaristique n'épargne pas mon petit cœur de spectateur...

Une histoire de renaissance

Derrière mes lunettes 3D, mon souffle se coupe et mes yeux s'écarquillent. Le paysage est magnifique, l'action est spectaculaire. Les (longs) plans séquences s'enchaînent, les effets de caméras également, avec une virtuosité sidérante. On passe de l'intérieur à l'extérieur du casque de l'astronaute, on parcourt à ses côtés des kilomètres de tension et d'effroi, on a peur pour, et avec elle. L'expérience procurée à ce stade par Gravity est glaçante. Et la suite ne fait que confirmer le constat : Alfonso Cuarón est un ****** de génie. Son film nous fait passer par tous les stades, nous transporte d'émotion en émotion (peur, joie, peine, tristesse, jubilation, etc.), mais, surtout, fait preuve d'une extraordinaire qualité esthétique et cinématographique. C'est magnifique !


Ceux qui reprochent au film la finesse de son scénario n'y sont pas, tout comme ceux qui s'évertuent à mettre le doigt sur telle ou telle incohérence scientifique. Il faut prendre Gravity comme le récit d'une tranche de vie (certaines sont plus extraordinaires que d'autres). Le récit d'un personnage qui n'a pas été épargnée par la vie, et qui, contre toute attente et dans la pire adversité, essaie de trouver la force de se battre, et de se relever. Alfonso Cuarón nous conte ce récit et ce voyage sensationnels avec talent et ingéniosité. Son film est évidemment passionnant, bourré d'images et de métaphores (voir les spoilers ci-dessous), et, surtout, énormément divertissant. Sept ans après Les fils de l'homme, Cuarón continue à nous en mettre plein la vue.

Attention spoiler : à lire après avoir vu le flim !

Les images et métaphores liées à l'idée d'une renaissance sont légion dans la seconde partie du film. Je me suis amusé à distinguer dans l'attitude de l'astronaute une position fœtale, au moment où elle débarque (enfin) dans la Station spatiale internationale. A cet instant, elle semble flotter dans du liquide amniotique, et du câblage se charge de matérialiser le cordon ombilical. Cordon qui est coupé quelques minutes plus tard, lorsqu'on la voit tenter de détacher le parachute de la capsule Soyouz. Et d'autres allégories sont certainement gravées dans cette œuvre grandiose. Que dire, d'ailleurs, des premiers pas de Ryan Stone sur Terre ? Elle se relève, difficilement, lentement, après être tombée : superbe utilisation de l'image de la chute, et de celle de la renaissance. Génie, je vous disais...

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