mardi 19 novembre 2013

| Avis ¦ Capitaine Phillips, Paul Greengrass de retour au sommet



Capitaine Phillips de Paul Greengrass


 

Drame, thriller, USA, 2013, 2H14
Avec Tom Hanks, Catherine Keener, Barkhad Abdi  
Sortie le 20 novembre 2013


L'objectif : Capitaine Phillips retrace l’histoire vraie de la prise d’otages du navire de marine marchande américain Maersk Alabama, menée en 2009 par des pirates somaliens. La relation qui s’instaure entre le capitaine Richard Phillips (Tom Hanks), commandant du bateau, et Muse (Barkhad Abdi), le chef des pirates somaliens qui le prend en otage, est au cœur du récit. Les deux hommes sont inévitablement amenés à s’affronter lorsque Muse et son équipe s’attaquent au navire désarmé de Phillips. À plus de 230 kilomètres des côtes somaliennes, les deux camps vont se retrouver à la merci de forces qui les dépassent.



Le subjectif : Après deux films historico-bouleversants (Bloody Sunday et Vol 93) et le lancement de la saga Jason Bourne dont il avait signé avec brio les deux premiers volets, l'Anglais Paul Greengrass m'avait légèrement déçu (et ennuyé) avec Green Zone. Pourtant, ce troisième film d'action tourné avec Matt Damon a confirmé si besoin que son réalisateur savait manier le thriller, l'action et les sujets politiques (et polémiques ?) comme personne. C'est donc avec une bonne dose d'excitation que je suis allé voir son nouveau projet, centré autour du personnage bien réel de Richard Phillips, un commandant de bateau pris en otage par des pirates somaliens en avril 2009.



Le film de Paul Greengrass n'est pas le premier à traiter de ces attaques maritimes. En juillet dernier est en effet sorti Hijacking de Tobias Lindholm (scénariste de l'épatant La Chasse avec Mads Mikkelsen). Mais à la différence du long-métrage danois, l'histoire de Capitaine Phillips est vraie car directement adaptée du livre écrit par le commandant Richard Phillips (A Captain's Duty : Somali Pirates, Navy SEALs, and Dangerous Days at Sea). Dès les premières minutes, dans l'intimité du quotidien du capitaine Phillips puis de celui du chef des pirates, Muse, ce sentiment de véracité et cette impression de vécu collent à l'image. Nerveuse, cette dernière est bien servie par le style "caméra à l'épaule" et toujours en mouvement si cher à Paul Greengrass.

Le meilleur film de Paul Greengrass depuis Bloody Sunday

Si le réalisateur passe rapidement au voyage mouvementé qui les attend au large des côtes somaliennes, il laisse filtrer quelques scènes marquantes du pirate et de sa future victime. On découvre ainsi le caractère et les motivations de Muse au moment où il choisit son équipage, et on rencontre le père de famille derrière le capitaine Phillips. Les mots qu'il échange avec sa femme prennent d'ailleurs un tout autre sens, eu égard à l'histoire que nous, spectateurs, savons qu'il va vivre. Quand il affirme, en parlant de l'entrée de ses fils dans la vie active : "il faut être armé pour survivre à ça", on ne peut s'empêcher de frissonner. Et cette émotion nous accompagne tout le film, grâce notamment à un magnifique Tom Hanks, qui délivre (encore une fois) une prestation viscérale et poignante. Face à lui, Barkhad Abdi, qui campe Muse, est tout aussi fascinant. Plus que l'attaque, la prise d'otage ou le sauvetage par l'armée qui en découle, c'est ce face à face qui donne tout son sel à Capitaine Phillips.

La relation entre ces deux personnages est très bien mise en scène, et on comprend que c'est elle qui a décidé de l'issue de l'attaque. Richard Phillips y apparaît très courageux, jouant de ruse et mettant à mal l'entreprise des pirates sur son bateau. Faux appel aux gardes-côtes, coupure de courant, fausses pistes, bluff : il ne leur épargne rien, et cherche toujours à préserver la vie de son équipage. C'est une véritable aventure humaine qui émane de ce Capitaine Phillips. Pour autant, le film est également un excellent thriller dramatique, qui ne ménage jamais le spectateur. Sans quelques longueurs dans son dénouement, cela aurait été un sans-faute. Mais la puissance de la réalisation, du sujet et de l'interprétation confèrent malgré tout à Capitaine Phillips le titre de meilleur film de Paul Greengrass depuis Bloody Sunday.

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