Blood Father de Jean-François Richet
Action, thriller, France, 2016, 1H28
Avec Mel Gibson, Erin Moriarty, Diego Luna
Sortie le 31 août 2016
Festival de Cannes 2016 - Sélection officielle, séance de minuit
L'objectif : John Link n’a rien d’un tendre : ex-motard, ex-alcoolique, ex-taulard, il a pourtant laissé tomber ses mauvaises habitudes et vit reclus dans sa caravane, loin de toute tentation. C’est l’appel inattendu de sa fille Lydia, 17 ans, qui va lui faire revoir ses plans de se tenir tranquille… Celle-ci débarque chez lui après des années d’absence, poursuivie par des narcotrafiquants suite à un braquage qui a mal tourné. Lorsque les membres du cartel viennent frapper à la porte de John, ils sont loin de se douter à qui ils ont affaire…
Le subjectif : Il a beau avoir fêté ses 60 ans en janvier dernier, Mel Gibson n'a jamais semblé aussi intéressant, "bankable" et... beau que cette année. Et pourtant, depuis le début des années 2000, l'acteur traverse un chemin de croix cinématographique. La faute à des mauvais choix, des problèmes personnels, des déclarations très polémiques et la réalisation de long-métrages difficiles - inadaptés au grand public bien que dotés de grandes qualités (La Passion du christ, Apocalypto). Du coup, les rôles se sont faits rares : depuis Signes de M. Night Shyamalan en 2002, l'Australien n'a joué que dans six films - parmi lesquels l'admirable Le Complexe du castor de Jodie Foster et l'actioner Expendables 3. Mais l'époque des vaches maigres semble révolue pour celui qui vient de présenter à Venise Tu ne tueras point, une réalisation très attendue et déjà acclamée par la critique sur l'histoire vraie de Desmond Doss, héros américain de la Seconde Guerre mondiale qui refusait de porter une arme au combat en raison de ses croyances adventistes. En attendant sa sortie en novembre, Mel Gibson se rappelle à nos bons souvenirs dans Blood Father. Un excellent thriller musclé et nerveux, présenté en séance de minuit à Cannes en mai dernier, et, surtout, réalisé par Jean-François Richet.
Il faut dire que jouer pour le Français est un gage de qualité. Le réalisateur du diptyque sur Mesrine - où il dirigeait un autre monstre du 7e art, Vincent Cassel, et pour lequel il a reçu le César 2009 du meilleur réalisateur -, malgré un moment d'égarement avec Un moment d'égarement l'an dernier, est un sacré metteur en scène. L'action, la tension, le rythme, les plans serrés et les gros calibres, il connaît. Auteur du remake d'Assaut de John Carpenter en 2005 (Assaut sur le central 13 avec Ethan Hawke), Richet tenait lui aussi avec Gibson un formidable diamant à polir, et l'occasion de se ressaisir. L'opération reconquête est une réussite pour les deux hommes, on ne va pas se mentir. Dans Blood Father, Richet offre à Gibson un rôle sur mesure, celui de John Link. Ancien membre des Hell's Angel, ancien alcoolique et ancien taulard, l'homme est en conditionnelle dans un endroit paumé, caché dans une caravane immobilisée où il exerce péniblement le métier de tatoueur. Quand il reçoit le coup de fil de sa fille Lydia, fugueuse depuis plusieurs années et dont il était sans nouvelle, sa vie bascule. D'autant que sa progéniture semble avoir des problèmes, la faute à une vie (presque) autant déglinguée que celle qui l'avait mené en prison. La faute, surtout, à une bande de narcotrafiquants prêts à tout pour la retrouver...
Au moment de "pitcher" Blood Father, on a inévitablement fait le rapprochement avec l'histoire de Taken coécrite par Luc Besson : "à la retraite, un papa-gros bras reprend du service pour venir au secours de sa fille chérie, aux prises avec de dangereux criminels". Pour autant, s'il est vrai que le scénario de notre film fait penser à cette trame, les ressemblances s'arrêtent là. Sans faire injure à Liam Neeson ou à Pierre Morel, le film de Richet, adapté du livre homonyme de Peter Craig par ce même Peter Craig (scénariste de The Town de Ben Affleck, NDLR), bénéficie, de fait, de beaucoup plus d'épaisseur, de matière, de contenu que Taken. Bien que court (moins d'1h30), le long offre formidablement à ses deux personnages principaux l'occasion de se dévoiler, et notamment à travers toutes leurs différences. Lydia n'a que peu de choses à voir avec son père, qui vit dans un ancien temps, selon d'anciennes règles : elle ne le comprend pas, mais a besoin de lui. Lui non plus ne la comprend pas, mais fera tout pour la protéger, à commencer de la drogue : addiction qui la ronge aujourd'hui comme l'alcool le minait hier. Peu à peu, en évoluant côte à côte, les deux s'apprivoisent, se découvrent, se retrouvent. Et nous, sans qu'aucun flash-back ou voix-off ou autre mécanisme explicatif superflu ne nous vienne en aide, de nous immerger toujours plus dans un film prenant.
Prenant, et rentre-dedans. Car si Blood Father raconte une belle histoire de retrouvailles entre un père et une fille, c'est aussi un thriller violent et percutant. Visage buriné, bras taillés dans mes cuisses, barbe saillante, Mel Gibson incarne un John Link dans la force de l'âge qui sait parfaitement se servir de ses pieds et de ses poings. Parties de cache-cache, courses-poursuites en voiture ou à moto, fusillades et corps à corps, rien ne nous est épargné, pour notre plus grand plaisir. Jusqu'au bout du bout du film - retravaillé au dernier moment par Jean-François Richet et Mel Gibson himself - l'histoire ne se laisse d'ailleurs aller à aucune concession, ni aucune mièvrerie pourtant monnaie courante dans ce genre de productions. Blood Father est un film à part, un film entier, un film à part entière. C'est un thriller choc, poisseux à souhait, entraînant et exaltant, porté par un excellent casting (Erin Moriarty en Lydia, William H. Macy en parrain des alcooliques anonymes, Michael Parks en ancien camarade de bécane), et par un immense Mel Gibson qui prouve sans aucun mal qu'il reste un très grand acteur - peut-être un des meilleurs. Sans autre prétention que celle de nous faire passer un très agréable moment, sincère et viscéral, généreux et enthousiasmant, Richet démontre que le cinéma français en a dans le pantalon.
Il faut dire que jouer pour le Français est un gage de qualité. Le réalisateur du diptyque sur Mesrine - où il dirigeait un autre monstre du 7e art, Vincent Cassel, et pour lequel il a reçu le César 2009 du meilleur réalisateur -, malgré un moment d'égarement avec Un moment d'égarement l'an dernier, est un sacré metteur en scène. L'action, la tension, le rythme, les plans serrés et les gros calibres, il connaît. Auteur du remake d'Assaut de John Carpenter en 2005 (Assaut sur le central 13 avec Ethan Hawke), Richet tenait lui aussi avec Gibson un formidable diamant à polir, et l'occasion de se ressaisir. L'opération reconquête est une réussite pour les deux hommes, on ne va pas se mentir. Dans Blood Father, Richet offre à Gibson un rôle sur mesure, celui de John Link. Ancien membre des Hell's Angel, ancien alcoolique et ancien taulard, l'homme est en conditionnelle dans un endroit paumé, caché dans une caravane immobilisée où il exerce péniblement le métier de tatoueur. Quand il reçoit le coup de fil de sa fille Lydia, fugueuse depuis plusieurs années et dont il était sans nouvelle, sa vie bascule. D'autant que sa progéniture semble avoir des problèmes, la faute à une vie (presque) autant déglinguée que celle qui l'avait mené en prison. La faute, surtout, à une bande de narcotrafiquants prêts à tout pour la retrouver...
Mel Gibson bourrin et buriné
Au moment de "pitcher" Blood Father, on a inévitablement fait le rapprochement avec l'histoire de Taken coécrite par Luc Besson : "à la retraite, un papa-gros bras reprend du service pour venir au secours de sa fille chérie, aux prises avec de dangereux criminels". Pour autant, s'il est vrai que le scénario de notre film fait penser à cette trame, les ressemblances s'arrêtent là. Sans faire injure à Liam Neeson ou à Pierre Morel, le film de Richet, adapté du livre homonyme de Peter Craig par ce même Peter Craig (scénariste de The Town de Ben Affleck, NDLR), bénéficie, de fait, de beaucoup plus d'épaisseur, de matière, de contenu que Taken. Bien que court (moins d'1h30), le long offre formidablement à ses deux personnages principaux l'occasion de se dévoiler, et notamment à travers toutes leurs différences. Lydia n'a que peu de choses à voir avec son père, qui vit dans un ancien temps, selon d'anciennes règles : elle ne le comprend pas, mais a besoin de lui. Lui non plus ne la comprend pas, mais fera tout pour la protéger, à commencer de la drogue : addiction qui la ronge aujourd'hui comme l'alcool le minait hier. Peu à peu, en évoluant côte à côte, les deux s'apprivoisent, se découvrent, se retrouvent. Et nous, sans qu'aucun flash-back ou voix-off ou autre mécanisme explicatif superflu ne nous vienne en aide, de nous immerger toujours plus dans un film prenant.
Prenant, et rentre-dedans. Car si Blood Father raconte une belle histoire de retrouvailles entre un père et une fille, c'est aussi un thriller violent et percutant. Visage buriné, bras taillés dans mes cuisses, barbe saillante, Mel Gibson incarne un John Link dans la force de l'âge qui sait parfaitement se servir de ses pieds et de ses poings. Parties de cache-cache, courses-poursuites en voiture ou à moto, fusillades et corps à corps, rien ne nous est épargné, pour notre plus grand plaisir. Jusqu'au bout du bout du film - retravaillé au dernier moment par Jean-François Richet et Mel Gibson himself - l'histoire ne se laisse d'ailleurs aller à aucune concession, ni aucune mièvrerie pourtant monnaie courante dans ce genre de productions. Blood Father est un film à part, un film entier, un film à part entière. C'est un thriller choc, poisseux à souhait, entraînant et exaltant, porté par un excellent casting (Erin Moriarty en Lydia, William H. Macy en parrain des alcooliques anonymes, Michael Parks en ancien camarade de bécane), et par un immense Mel Gibson qui prouve sans aucun mal qu'il reste un très grand acteur - peut-être un des meilleurs. Sans autre prétention que celle de nous faire passer un très agréable moment, sincère et viscéral, généreux et enthousiasmant, Richet démontre que le cinéma français en a dans le pantalon.
J’ai choisi de voir ce film parmi tant d’autres qui sont disponibles sur l’application https://itunes.apple.com/fr/app/playvod-max-films-en-streaming/id1024490133?mt=8 , car j’aime beaucoup Mel Gibson. Bien que ce long-métrage soit sans grande prétention, il a fait du bon travail. Il a su se glisser dans le rôle de son personnage. De plus, je trouve que c’est rythmé et les scènes d’action sont réussies.
RépondreSupprimerEncore une fois vous avez tout dit! C'est un bon film d'action, avec de très bonnes idées et un Mel Gibson qu'on retrouve au sommet de son art. Si vous aimez l'acteur, je ne saurais que vous conseiller l'excellent "Le Complexe du castor", dont je parle un peu ici : http://toxinemane.blogspot.fr/2012/10/saturday-fight-fever-ted-le-complexe-du.html
SupprimerMerci pour votre commentaire chère Corinne!