Avant-propos : Avec ce concept de « Film du samedi soir », je choisis de vous parler d'un petit métrage qui me tient à cœur. Il s'agit, chaque semaine, de fouiller mes étagères de DVD pour mettre en avant une petite comédie sans prétention, une série B bien barrée, un film d'horreur poussiéreux, une aventure de gosses oubliée... Bref, sortir du placard des trucs qui me font vibrer et aimer le cinéma, des productions totalement mésestimées, méprisées ou méconnues, et que j'estime être le remède parfait pour vos silencieuses soirées de samedi. Et vous savez quoi ? ça tombe bien, ce soir, on est justement samedi...
Épouvante-horreur, Australie/UK, 2009, 1H39
Avec Melissa George, Joshua McIvor, Jack Taylor
Sortie le 14 juin 2011 (en DVD)
L'histoire : Jess, une jeune mère célibataire, rejoint un groupe d'amis pour une excursion en mer sur un voilier, près du triangle des Bermudes. Mais un phénomène climatique étrange plonge l'embarcation en plein cœur d'une tempête tumultueuse. Accrochés à l'épave du voilier, les survivants voient l'espoir renaître avec l'apparition d'un paquebot sorti de nulle part. Mais une fois montés à bord, ils s'aperçoivent que le gigantesque navire est désert. Intrigués, le groupe décide de chercher la trace des passagers et de l'équipage mais Jess commence à remarquer des éléments familiers troublants... C'est alors qu'un mystérieux personnage masqué fait son apparition.
Le film de ce samedi soir, Triangle, n'est pas si vieux que ça puisqu'il est sorti en France l'été dernier. Mais visible chez nous uniquement en DVD, il n'y a pas eu le succès ni la publicité qu'il méritait. Ce long-métrage d'épouvante-horreur n'est pourtant pas réalisé par un inconnu, loin de là. Derrière la caméra, le Britannique Christopher Smith a notamment mis en boîte Creep (2004) et Severance (2006), deux productions horrifiques reconnues, l'une grâce à son atmosphère étouffante dans le métro londonien, l'autre de par sa comique et décomplexée morbidité. Avec ce troisième long-métrage, il poursuit dans l'épouvante, et traite aussi bien du mythe du triangle des Bermudes que de l'autisme. Gage de ses qualités, Triangle a décroché lors du Festival du film fantastique de Gérardmer 2011, le prix du meilleur inédit vidéo. Une moindre récompense pour un film psychologique diablement efficace, porté avec talent par une actrice habitué aux rôles terrifiants...
Et cette actrice, c'est Melissa George. Révélée dans la saison 3 d'Alias, et aperçue dernièrement dans A Lonely Place to Die, un autre DTV, où elle était traquée dans les montagnes écossaises, cette trentenaire australienne rayonne et porte à bout de bras le film de Christopher Smith, qui abrite également Liam Hemsworth, petit frère de Chris (Thor). Elle en est en tout cas le rôle principal, celle d'une mère célibataire d'un enfant autiste, qu'on sent dès le début du film très perturbée. Triangle prend en effet rapidement le spectateur à la gorge, grâce à une ambiance lourde et troublante. Le générique hache les premières images du film, qui mettent en scène Jess (Melissa George) et son fils, rendant l'imprégnation difficile mais augmentant la curiosité. La musique, mélancolique, et l'image, très lumineuse, amplifient cet effet inquiétant. On sent qu'il se trame quelque chose, en montant, avec Jess et ses "amis", dans leur voilier, baptisé "Triangle". Et la suite ne nous donne pas tort : l'action s'accélère rapidement, et le film se lance.
Entre cauchemar et réalité
La tempête qui frappe la petite embarcation, en même temps que le moral de ses passagers, va également modifier la mise en scène de Christopher Smith. Jusque là calme, malgré une ambiance assez pesante, elle va logiquement gagner en nervosité. Le réalisateur et sa caméra vont privilégier des plans serrés sur les protagonistes à la dérive, plongeant avec eux le spectateur dans l'angoisse. Les éléments qui se déchaînent sont alors la seule menace qui pèse sur le petit groupe. Cela ne va pas durer. Alors que le calme revient - tout comme les plans larges - et que la peur de demeurer à la dérive sur leur épave fait suite à celle de mourir noyés, un paquebot qui semble sortir de nulle part plonge le film dans un troisième acte encore plus inquiétant. Rapidement à bord, les naufragés vont comprendre qu'ils ont mis l pied sur un navire fantôme. Et pourtant, l'impression de ne pas être les seuls va vite grandir. Et Triangle de basculer dans de l'épouvante pure.
Et dans ce registre, fidèle à son habitude, Christopher Smith sait manier et varier les registres. On a donc droit à du slasher, avec cet étrange personnage masqué qui prend les naufragés en chasse et les élimine un par un, mais aussi à du survival, dès lors que l'action se concentre sur le personnage de Jess, vraisemblablement au centre de l'intrigue. Très psychologique, Triangle flirte également avec le fantastique, de telle façon qu'on ne sait plus trop où donner de la tête, ni très bien distinguer ce qui est réel, de ce qui ne l'est pas. Réalité ou cauchemar, c'est la question que se pose à longueur de film l'héroïne, et ses spectateurs. L'idée centrale du scénario de Smith étant de répéter apparemment à l'infini les mêmes scènes, la réponse n'est pas facile à trouver. Et même si le récit oscille entre la folie et le concret, la caméra ne fait jamais défaut. Triangle donnant à tous, même aux moins friands de ce genre de scénario où il faut faire travailler sa matière grise, de grands moments de cinéma d'horreur. De quoi ne pas bouder notre plaisir, et profiter de ce très bon film du samedi soir...
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