samedi 6 octobre 2012

| Le Film du samedi soir ¦ Red State

Avant-propos : Avec ce concept de « Film du samedi soir », je choisis de vous parler d'un petit métrage qui me tient à cœur. Il s'agit, chaque semaine, de fouiller mes étagères de DVD pour mettre en avant une petite comédie sans prétention, une série B bien barrée, un film d'horreur poussiéreux, une aventure de gosses oubliée... Bref, sortir du placard des trucs qui me font vibrer et aimer le cinéma, des productions totalement mésestimées, méprisées ou méconnues, et que j'estime être le remède parfait pour vos silencieuses soirées de samedi. Et vous savez quoi ? ça tombe bien, ce soir, on est justement samedi...








Red State de Kevin Smith


Épouvante-horreur, Thriller, USA, 2011, 1H28
Avec John Goodman, Michael Parks, Melissa Leo
Sortie le 26 juin 2012 (en DVD)



L'histoire : Trois adolescents vivant dans le Midwest américain répondent sur Internet à une annonce promettant des relations sexuelles. Ils sont loin de se douter qu'ils vont tomber entre les mains d'une secte d’extrémistes religieux aux intentions macabres.



Grand vainqueur du dernier festival du film fantastique de Sitges, en Espagne, Red State "bénéficie" également d'une réputation sulfureuse. Outre ses deux récompenses glanées en octobre 2011 en Catalogne (meilleur film, et meilleur acteur pour Michael Parks), le film de Kevin Smith a beaucoup fait parler de lui. Déjà à cause de son sujet, très polémique, qui met en scène une bande de fondamentalistes chrétiens dirigée par le pasteur Abin Cooper (inspiré au réalisateur par le révérend Fred Phelps, homophobe et fondateur du site internet "God hates fag" : Dieu déteste les pédés). Ensuite parce que, suite à la projection de son film à Sundance, Kevin Smith a refusé de le vendre, déclarant vouloir le produire et le diffuser lui-même, donnant naissance, au printemps 2011, au Red State Tour...




De mon côté, je me suis intéressé à ce film - sorti en début d'été chez nous, directement en DVD - grâce au festival de Sitges. Et principalement parce qu'il avait succédé au palmarès à l'excellent Tucker & Dale vs Evil (meilleur film "panorama" 2010). Bon, d'accord, ce festival n'est pas forcément une référence, une fois qu'on a rappelé qu'en 2001 le film récompensé était Vidocq de Pitof... Mais, malgré tout, avec cette "petite" consécration et l'émoi qu'il semblait susciter, Red State m'a intrigué. D'autant plus qu'il était réalisé par Kevin Smith, un homme que j'apprécie, auteur des deux Clerks ou encore de Dogma et son prétendu parti-pris anti-religieux. Un réalisateur, plutôt habitué aux comédies, qui avait également beaucoup à se faire pardonner après son Top Cops plus que moyen... Bref. J'ai regardé Red State en DVD.

Michael Parks, John Goodman et Melissa Leo : casting de choc

Et le premier aspect à encenser dans Red State est son ambiance, son atmosphère suffocante. Après une mise en situation très "teen-movie", on comprend vite qu'on ne sera pas en face d'une production habituelle de Kevin Smith. Si le ton est provoc' (on nous parle d'entrée des homophobes et de leurs actions, sans détour), la forme se veut rapidement très choc. On suit trois ados en quête de sexe chez une prétendue MILF, dans le Midwest américain. Et avec eux, après un malheureux guet-apens, on va pénétrer dans la terreur de la "bande à Abin Cooper" : une sorte de communauté fanatique qui prône, entre autres, l'amour de Dieu et l'éradication des homosexuels. Dans ce cadre là, nos trois amis se retrouvent désignés en "incarnations du mal qui ronge l'Humanité". Et leurs cris désespérés, jurant qu'ils ne sont pas pédés, n'y changera rien. Red State est trash et sans concession, filmant l'horreur comme si elle était normale, rendant grâce à ce pasteur abominable à l'attitude tellement... crédible.



Face à cette colonie d'évangélistes aliénés, les forces de l'ordre vont mettre du temps à intervenir. Mais elles vont finir par mordre à l'appât, et se ranger en nombre devant ces soldats de Dieu retranchés dans la demeure d'Abin Cooper. D'un côté, nous avons cet homme de foi, incarné par un Michael Parks exceptionnel. De l'autre, Keenan, le chef de la police locale, interprété par John Goodman. C'est l'autre bonne nouvelle du film : son casting haut de gamme, qui comprend également Melissa Leo, oscarisée pour The Fighter en 2011. Ce trio d'acteurs donne à Red State une dimension supplémentaire, augmentant la crédibilité du projet de Kevin Smith. Malheureusement, quelques points noirs - comme des séquences d'assaut trop brouillonnes, ou des seconds rôles pas toujours convaincants - viennent nuire au film. Quant à la fin - Kevin Smith a déclaré avoir eu en tête un autre dénouement, à l'esprit totalement différent - chacun se fera son avis. Pour ma part, elle illustre parfaitement le paradoxe du film : un sujet choc et sensible traité par un homme bedonnant, barbu et à lunettes, et à l'humour corrosif. Ne serait-ce que pour ça, Red State mérite d'être vu !

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