samedi 13 octobre 2012

| Saturday Fight Fever ¦ Jason Bourne : l'héritage / Savages

Nouveau concept : le Saturday Fight Fever. Un samedi sur deux (ou un par mois, suivant l'actualité et ma propension à fournir en Film du samedi soir), je tente de percer en six points les mystères de deux films, d'hier comme d'aujourd'hui, aux attentes et aux styles similaires. On commence aujourd'hui avec deux productions, encore à l'affiche, plutôt testostéronées et aux relents de thriller. Dans le coin bleu Jason Bourne : l'héritage, de Tony Gilroy, avec Jeremy Renner, Rachel Weisz et Edward Norton. Dans le coin rouge, Savages du trublion Oliver Stone, avec entre autres Aaron Johnson, Taylor Kitsch et la sublime Blake Lively.  
Crouch, touch, pause... ENGAGE !


Le projet


Bien évidemment, Jason Bourne : l'héritage (The Bourne Legacy en VO) est tiré de la saga (...) dans la peau de Doug Liman et Paul Greengrass, elle-même adaptée des trois bouquins de Robert Ludlum. Plus précisément, ce quatrième volet des aventures de super-agents top-secret est le portage du quatrième livre homonyme, écrit par Eric Van Lustbader. Les histoires sont en tout cas mêlées, même si le héros n'est plus Bourne mais Aaron Cross. A noter quand même que si Tony Gilroy est nouveau derrière la caméra, il était le scénariste des trois premiers opus. Donc, gage d'une certaine cohérence et, on l'espère, d'une continuité avec la trilogie portée par les épaules viriles de Matt Daaaaaamon. 


Savages est un projet porté par Oliver Stone, donc il doit nécessairement être ancré dans la réalité réelle (cf ses biopics de présidents, The Doors, World Trade Center, etc.). Je pousse à peine. Quoiqu'il en soit, s'il ne s'agit pas de faits réels, Savages nous parle de légalisation de cannabis, de familles mafieuses, de flics corrompus... Bref, le quotidien du Nouveau Mexique, comme de l'ancien. Et, comme son adversaire du jour,  Savages est adapté du roman homonyme de Don Winslow, lequel a avoué avoir écrit certains passages sous la forme d'un script de film. A noter également que les droits du bouquins ont été achetés directement par Oliver Stone : on n'est jamais aussi bien servis que par soi-même...

D'un point de vue personnel, le projet d'Oliver Stone m'a beaucoup plus attiré qu'un reboot de la saga Jason Bourne... sans Jason Bourne. Quatre seringues pour Savages, seulement deux pour le film de Tony Gilroy.


L'histoire

 

"On croyait tout connaître de l'histoire de Jason Bourne et de son passé d’agent tueur malgré lui. Mais l’essentiel restait à découvrir. (...)" Whaou! Quel programme incroyable. Alors voilà, l'histoire de Jason, alias Matt Daaaaaamon, n'était qu'un trompe-l’œil. Un mirage. La "partie émergée [de l'iceberg] d'une conspiration", pour reprendre à peu près les mots d'Allociné. Jason Bourne : l'héritage nous propose de découvrir l'envers du décor, tout ce qui a découlé du micmac créé par ce fieffé Jason, ce fameux "héritage". Pour une fois que le titre n'est pas trompeur, on ne peut qu'adhérer. Sachant aussi que l'intitulé du bouquin était La Peur dans la peau, et que donc, logiquement, il aurait aussi pu être celui du film de Tony Gilroy. Mais nous nous éloignons du but de cette section qui était, je le rappelle, de lever le voile sur le scénario d'un film "top secret". C'est mission impossible, et Jeremy Renner ne me contredira pas. CQFD.

Savages raconte l'histoire de deux jeunes et beaux narco-trafiquants de cannabis thérapeutique (le rasta-botaniste Ben, et le vétéran psychotique d'Irak Chon), de leur protecteur au sein des stups, de la matrone d'un cartel mexicain et de son tueur à gages complètement fêlé qui vont finir par prendre en otage la copine des deux "gentils"... En gros : du très excitant, même en sachant qu'Oliver Stone est derrière le projet et que, par conséquent, il sera question à un moment donné (ou pendant tout le film) de dénoncer la lutte anti-drogue, l'interdiction du cannabis, etc. Et au final, on est gâté : avec en prime, sous le soleil californien, quelques séquences de fusillades, de décapitations sommaires ou de torrides chevauchées sexuelles.

Entre un scénario un poil trop complexe (mais c'est la saga qui veut ça) et un autre un poil trop subversif, difficile de choisir. Match nul, la balle au centre : trois seringues pour les deux.



Les acteurs

 
Difficile de relancer la saga Jason Bourne sans Jason Bourne, et donc sans Matt Daaaaaamon. C'est pourtant le pari tenté par Universal avec ce quatrième volet. Un pari pas forcément risqué quand on sait qui a été choisi pour camper le nouvel héros : Jeremy Renner. L'ancien maquilleur, catapulté comme le nouveau actionman bankable d'Hollywood après le triomphe aux Oscars de Démineurs, le 4e opus de Mission : Impossible et surtout sa participation au crossover Avengers, est LA bonne idée du film. Nerveux et efficace, son jeu colle parfaitement au personnage qu'il campe, coincé entre intelligence et rudesse. Face à lui, on retrouve l'excellent Edward Norton dans le rôle du méchant-qui-ne-se-bat-pas - toujours aussi convaincant - et la magnifique Rachel Weisz, dont on a du mal à suivre la carrière depuis qu'elle s'est mariée avec Daniel "007" Craig. Coïncidence ? Je n'crois pas... 


Parmi les choses les plus excitantes du projet Savages, il y avait indéniablement son casting. Voyez plutôt : on retrouvait la nouvelle teenstar Aaron Johnson (Kick-Ass) à contre-emploi, le nouveau BG d'Hollywood Taylor Kitsch, le toujours aussi cinglé et discret Benicio del Toro, ou encore la plantureuse Salma Hayek... et John Travolta. Sans oublier mon coup de coeur : Blake Lively, sortie de Gossip Girl et qui a réussi à se dépêtrer de son premier four, à savoir Green Lantern. Un casting en or ? Peut-être sur le papier, mais à l'écran il va vite s'essouffler. La faute peut-être à des rôles caricaturaux : seul le personnage de Ben (Aaron Johnson) semble évoluer (en mal) durant l'histoire. Les autres se contentent de jouer de purs salauds, avec une mention spéciale pour del Toro, quand même, qui fout sacrément les boules en tueur à gages complètement déjanté, braves moustache et coupe mulet en sus.


Entre un casting serré, motivé et talentueux, et un autre alléchant, foisonnant mais inégal, mon choix se tourne vers Jason Bourne : l'héritage. Quatre seringues, contre trois pour les narcotrafiquants masqués.


L'environnement

 

Jason Bourne : l'héritage commence comme ces films qui misent tout sur le potentiel séduction de leur acteur principal : par une scène de sortie d'eau. Sauf qu'ici, Aaron Cross (Jeremy Renner) bombe le torse hors d'un lac gelé, au beau milieu d'une chaîne de montagne aussi enneigée qu'hostile. Direct, on pense au récent Territoire des loups avec Liam Neeson, et nos souhaits sont vite exaucés : le canis lupus débarque. Suivent quelques paysages américains, des aéroports, des laboratoires top-secret (témoins d'une scène d'anthologie d'une violence inouïe) et une autre fabrique de médicaments à l'autre bout du monde. Un endroit où se déplace l'intrigue, et qui devient le lieu de plusieurs courses-poursuites assez molles et longues. Comme Macbeth. Mais la version Bollywood, signée Vishal Bhardwaj. Bref, du dépaysement, et c'est déjà pas mal.

Tout aussi conventionnel, Savages nous propose plages paradisiaques et baraques californiennes somptueuses (traffic de drogue = argent, normal), caves sordides (cartel mexicain = enlèvements qui tournent mal, idem) et centre équestre (hum). Et c'est à peu près tout. Hormis lors d'une chouette séquence de fusillade où il nous chahute dans le décor aride du Nouveau Mexique (j'improvise), le voyage du spectateur ne semble pas être le soucis premier d'Oliver Stone. Et c'est bien normal : les jolies formes de la belle Blake Lively suffisent amplement à nous faire rêver.


Sans surprise, je penche pour la diversité des environnements de Jason Bourne : l'héritage (course contre le temps et les méchants oblige). Trois seringues à deux.


La réalisation


Malgré son statut de scénariste-en-chef de la saga, Tony Gilroy est un novice en ce qui concerne la réalisation. Jason Bourne : l'héritage est seulement le troisième long-métrage de cet Américain de 55 ans, après Michael Clayton (2007) et Duplicity (2009). C'est peut-être ce qui fait la différence sur la longueur avec un vrai spécialiste de la mise en scène, notamment sur certains passages clés comme la course-poursuite en Indonésie - beaucoup trop longue. Paradoxalement, c'est quand son scénario s'avère trop complexe (cf première partie du film) que sa manière de tourner et l'enchaînement des plans séduisent le plus. Au final on se trouve malgré tout face à une production avec beaucoup (trop) de fond, mais pas assez de formes.

Savages, contrairement à son adversaire du jour, bénéficie de la grande expérience de faiseur de film d'Oliver Stone. De retour derrière la caméra après la suite de "son" Wall Street en 2010, celui qui fût volontaire lors de la guerre du Viêt Nam nous sort une sorte de film-choral passablement foutraque. Une fois qu'on a dit ça, et en gardant à l'esprit que Stone s'éclate à exposer ses multiples théories sur les actions du Gouvernement américain, on accepte un film qui part souvent en "sucette". On pardonne donc les trop nombreux rebondissements en se réjouissant devant des séquences jouissives qui sentent bon le souffre.

Si Jason Bourne : l'héritage s'avère trop propre et trop lisse, son opposant se montre au contraire trop débridé, voire trop bordélique. Malgré tout, je préfère la sauvagerie de Savages. Trois seringues, contre deux.

La critique


Bizarrement, et sûrement parce que je ne m'y attendais pas, Jason Bourne : l'héritage m'a énormément plu. La performance extraordinaire de Jeremy Renner devant la caméra, l'absence d'ennui (malgré une première partie difficilement compréhensible avec toutes les notions scientifiques balancées aux oreilles du spectateur) et le retour - finalement - d'une saga plus qu'agréable ont fini par me faire passer un très bon moment. Du divertissement, de l'action, des acteurs au poil... Que demander de plus?

C'est l'effet inverse pour Savages : trop d'attentes ont un peu tué mon enthousiasme à la sortie du cinéma. Malgré un film sympathique et bien dirigé, de "belles gueules" (et plus en ce qui concerne Blake Lively, mais je me répète) et quelques séquences bien senties, je suis resté sur ma faim. Trop bordélique, trop "bien pensant" aussi... Oliver Stone s'est peu perdu en chemin, même si son film tient la route. Ou plutôt la "roots"...

C'est Jason Bourne : l'héritage qui emporte mon consentement ! D'une courte tête il s'impose dans cette épreuve finale, celle de mon coeur... Quatre seringues, contre trois pour Savages.


Le verdict


Aux points, c'est l'égalité parfaite ! Vous pouvez faire l'addition vous-même, mais le score est de 18 seringues de chaque côté. Donc... Jason Bourne : l'héritage est déclaré grand vainqueur de ce premier Saturday Fight Fever, le choix du coeur faisant foi ! Si vous avez aimé, n'hésitez pas à le dire, et il y aura d'autres combats de films à venir...


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