| Avis ¦ R.I.P.D. Brigade Fantôme, le spectre du bide

R.I.P.D. Brigade Fantôme de Robert Schwentke

Action, comédie, fantastique, USA, 2013, 1H36
Avec Jeff Bridges, Ryan Reynolds, Kevin Bacon 
Sortie le 31 juillet 2013

L'objectif : Dans le film d’aventures surnaturelles, R.I.P.D. Brigade Fantôme, Jeff Bridges et Ryan Reynolds jouent un tandem de flics d’un genre très spécial, puisque défunts, et envoyés par leur unité de police, le R.I.P.D. (Rest in Peace Department), pour protéger notre planète d’une recrudescence de créatures néfastes qui refusent de passer tranquillement dans l’autre monde.

Le subjectif : Après deux films plutôt mitigés (Flight Plan avec Jodie Foster, et RED et sa bande de pépés flingueurs), la sortie du nouveau long-métrage de Robert Schwentke, R.I.P.D. Brigade Fantôme, n'a provoqué chez moi aucune euphorie. Et c'est un euphémisme. "Buddy cop movie" à mi-chemin entre S.O.S. Fantômes et Men In Black, le film est également l'adaptation d'une bande-dessinée sortie il y a plus de dix ans, et éditée par Dark Horse Comics (derrière The Mask et HellBoy). On retrouve d'ailleurs à la production l'auteur de la BD homonyme : Peter M. Lenkov, un des créateurs de la série Hawaii Five-O. Un gage de satisfaction ? Pour peu qu'on aime ce genre de comédie policière fantastique à l'humour potache, pourquoi pas. Autrement, gare à la désillusion : malgré un budget conséquent (130 millions de $), R.I.P.D. ne vole jamais bien haut.

En ce qui concerne ses héros, R.I.P.D. ressemble fort à Men In Black. Comme dans le film de Barry Sonnenfeld, le duo de flics qui se partage l'affiche se compose d'un vétéran et d'une recrue. Ici, il s'agit de Roy Pulsipher et Nick Walker. Le film commence en suivant le second, juste avant qu'il ne passe l'arme à gauche. Car comme dans toute Brigade Fantôme qui se respecte : les membres de celle de Roy Pulsipher sont tous morts. On suit donc l'initiation de cette "bleusaille" interprétée par l'infatigable Ryan Reynolds (qu'on soupçonne d'attirer le mauvais œil sur les adaptations de comics, après X-Men Origins et Green Lantern), qui se fait malmener par l’irascible et cynique Roy, campé par Jeff Bridges. Un peu à la manière du duo qu'ont joué à trois reprises Will Smith et Tommy Lee Jones. Mais avec beaucoup moins de réussite (même si la séquence du passage dans "l'autre monde" de Nick Walker est agréable).

Film à gland spectacle

Pour le reste, le film de Robert Schwentke livre un scénario classique de gentils luttant contre les forces du mal, sans oublier de relier l'enquête principale des deux chasseurs de zombies à l'homme qui a tué Nick : le grand méchant, joué par un Kevin Bacon plus cabotin que terrifiant. Graphiquement, ce "pitch" est servi par des effets visuels corrects, même si la plastique des monstres a une dizaine d'années de retard. L'histoire en elle-même, même si elle est convenue, tient la route, et aurait facilement pu accoucher d'un "bon" film d'action aux relents comico-fantastiques. Mais voilà, sur la longueur ce R.I.P.D. s'essouffle et ne parvient jamais à assumer ses ambitions, ni à confirmer ses (rares) bonnes idées. Malgré l'humour et les traits forcés de ses protagonistes, le long-métrage plonge le spectateur dans un ennui presque total. Les rares scènes d'action ne réussissant que très rarement à dynamiser une mise en scène molle et sans fantaisie.

Pire que sa forme, le fond du film de Robert Schwentke se révèle idiot, pataud, comme si ses auteurs n'avaient récupéré de leurs modèles que les mauvaises idées. L'exemple le plus visible est l'utilisation récurrente des "gros monstres vilains et visqueux". Ils apparaissent sans arrêt et toujours de la même manière, se dressant inlassablement sur la route de nos deux héros. Si leur présence pouvait s'expliquer dans les Men In Black, pourquoi les imposer ici ? Pour le simple plaisir d'user et d'abuser d'effets visuels franchement pas reluisants ? Pour apporter le rire par le bizarre et le grotesque ? Impossible de ne pas voir que le film accumule les mauvais choix - et la présence de cinq scénaristes au générique n'y est peut-être pas étrangère. Jamais divertissant et trop rarement amusant, usant d'une morale primitive, R.I.P.D. ne remplit pas son rôle, et devrait traverser cet été comme un fantôme... Les chiffres du box-office laissent d'ailleurs présager du pire : le "four" n'est pas loin. Dommage !