All Is Lost de J.C. Chandor
Drame, aventure, USA, 2013, 1H46
Avec Robert Redford
Sortie le 11 décembre 2013
L'objectif : Au cours d'un voyage en solitaire à travers l'Océan Indien, un homme découvre à son réveil que la coque de son voilier de 12 mètres a été percée lors d'une collision avec un container flottant à la dérive. Privé de sa radio et de son matériel de navigation, l'homme se laisse prendre dans une violente tempête. Malgré ses réparations, son génie marin et une force physique défiant les années, il y survit de justesse. Avec un simple sextant et quelques cartes marines pour établir sa position, il doit s'en remettre aux courants pour espérer se rapprocher d'une voie de navigation et héler un navire de passage. Mais le soleil implacable, la menace des requins et l'épuisement de ses maigres réserves forcent ce marin forcené à regarder la mort en face.
Le subjectif : Applaudi par la critique pour sa récupération de la crise boursière (l'an dernier avec Margin Call, inspiré de faits réels), le jeune réalisateur J.C. Chandor a le vent en poupe. Alors quand on apprend que son nouveau projet met en scène un unique acteur, l'immense Robert Redford, aux prises avec une mer déchaînée et une mort certaine, notre intérêt ne cesse de croître. D'autant plus que ce film, All Is Lost, a glané en septembre dernier le Prix du Jury du 39e festival du cinéma américain de Deauville. Ne reste plus qu'à prendre place pour 1h46 de ce qu'on présente comme un huis clos à ciel ouvert "à la Gravity". Et prier pour ne pas être déçu.
Le film s'ouvre sur une voix grave et solennelle, qu'on devine être celle du héros, vivant ses derniers instants, qui prononce ce qui sont certainement des mots d'adieux. Puis il apparaît à l'écran, celui qui sera baptisé "Our Man" (Notre homme) dans le générique, se réveillant en sursaut à 1700 milles au large des eaux de Sumatra, en plein Océan Indien. La coque de son voilier, entré en collision avec un container, est percée, et l'eau entre à grands flots dans son "intérieur". L'urgence est déjà là, la tension et le stress l'accompagnent. Enfoncé au fond de son siège, on suit d'un regard fébrile la réaction d'un homme plein de maîtrise, perdu en plein océan mais qui sait visiblement ce qu'il a à faire : parer au plus pressé.
Il répare son bateau et l'écope tranquillement. Il profite d'un Soleil moqueur pour se sécher et sécher son matériel de communication. Et ces moments de calmes nous déroutent autant que ce qui va suivre. Car nous sentons, comme notre homme, poindre une tempête à l'horizon. Bientôt, le voilà livré à lui même, ballotté entre des eaux déchaînées, blessé, enragé, désespéré. Et le film, fascinant, continue de nous emporter dans cette mésaventure incroyable. Tout concourt à donner l'impression de vivre cette agonie maritime au plus près du héros. La mise en scène de J.C. Chandor est parfaitement maîtrisée. Elle ne tend jamais vers le spectaculaire, mais respecte plutôt un certain réalisme. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, quand on sait que, si le film a été tourné en studio, de véritables voiliers ont été "malmenés" pour permettre à l'équipe d'obtenir un résultat crédible ; malmené c'est aussi ce qu'a été Robert Redford, qui a tourné toutes ses "cascades".
Réaliste, All Is Lost fascine aussi par ce qu'il dégage. Comme lors de ces rares moments de légèreté, non pas de ton, mais de forme. Lorsque la caméra prend de la hauteur, ou plonge sous le bateau - filmant au passage quelques scènes de vie sous-marines - comme pour nous dire que la gravité des événements est à relativiser. Comme si toute cette aventure, minable, pathétique, était bien désuète face à la marche perpétuelle de la nature (cette vie subaquatique) et même de l'Humanité (symbolisée par ces immenses cargos qui frôlent notre homme sans le voir). All Is Lost est beau et exaltant, bercé d'une superbe musique - discrète mais magnifique (quelle chanson finale, Amen d'Alex Ebert !) - et devrait vous hanter quelque temps. Comme les premiers mots du film, les derniers d'un condamné :
Le film s'ouvre sur une voix grave et solennelle, qu'on devine être celle du héros, vivant ses derniers instants, qui prononce ce qui sont certainement des mots d'adieux. Puis il apparaît à l'écran, celui qui sera baptisé "Our Man" (Notre homme) dans le générique, se réveillant en sursaut à 1700 milles au large des eaux de Sumatra, en plein Océan Indien. La coque de son voilier, entré en collision avec un container, est percée, et l'eau entre à grands flots dans son "intérieur". L'urgence est déjà là, la tension et le stress l'accompagnent. Enfoncé au fond de son siège, on suit d'un regard fébrile la réaction d'un homme plein de maîtrise, perdu en plein océan mais qui sait visiblement ce qu'il a à faire : parer au plus pressé.
Le vieil homme et la mort
Il répare son bateau et l'écope tranquillement. Il profite d'un Soleil moqueur pour se sécher et sécher son matériel de communication. Et ces moments de calmes nous déroutent autant que ce qui va suivre. Car nous sentons, comme notre homme, poindre une tempête à l'horizon. Bientôt, le voilà livré à lui même, ballotté entre des eaux déchaînées, blessé, enragé, désespéré. Et le film, fascinant, continue de nous emporter dans cette mésaventure incroyable. Tout concourt à donner l'impression de vivre cette agonie maritime au plus près du héros. La mise en scène de J.C. Chandor est parfaitement maîtrisée. Elle ne tend jamais vers le spectaculaire, mais respecte plutôt un certain réalisme. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard, quand on sait que, si le film a été tourné en studio, de véritables voiliers ont été "malmenés" pour permettre à l'équipe d'obtenir un résultat crédible ; malmené c'est aussi ce qu'a été Robert Redford, qui a tourné toutes ses "cascades".
Réaliste, All Is Lost fascine aussi par ce qu'il dégage. Comme lors de ces rares moments de légèreté, non pas de ton, mais de forme. Lorsque la caméra prend de la hauteur, ou plonge sous le bateau - filmant au passage quelques scènes de vie sous-marines - comme pour nous dire que la gravité des événements est à relativiser. Comme si toute cette aventure, minable, pathétique, était bien désuète face à la marche perpétuelle de la nature (cette vie subaquatique) et même de l'Humanité (symbolisée par ces immenses cargos qui frôlent notre homme sans le voir). All Is Lost est beau et exaltant, bercé d'une superbe musique - discrète mais magnifique (quelle chanson finale, Amen d'Alex Ebert !) - et devrait vous hanter quelque temps. Comme les premiers mots du film, les derniers d'un condamné :
"Je suis désolé. J'ai essayé. D'être vrai, d'être fort, d'aimer."
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