vendredi 12 mars 2010

| Avis ¦ I Love You Phillip Morris, l'amour avec deux grands gars


I Love You Phillip Morris de Glenn Ficarra et John Requa


Comédie, USA, 2009, 1H36
Avec Jim Carrey, Ewan McGregor, Leslie Mann
Sortie le 10 février 2010


L'objectif : L'histoire vraie d'un ex-flic, ex-mari, ex-arnaqueur aux assurances, ex-prisonnier modèle et éternel amant du codétenu Philip Morris. Steven Russell est prêt à tout pour ne jamais être séparé de l'homme de sa vie. Ce qui implique notamment de ne pas moisir en prison... Jusqu'où peut-on aller par amour ? Très loin si l'on en croit l'histoire incroyable de Steven Russell, un génie de l'évasion rattrapé par son romantisme.


Le subjectif : Je t'aime Luc Besson ! Ce cri du cœur, il vient de loin, de l'intérieur. Il est venu au moment d'entre-apercevoir les dernières secondes de ce chef d'œuvre du 7e Art. Pour le remercier, aussi, et lui demander de m'excuser toutes les vacheries que j'avais pu sortir sur lui. Ses films d'actions à centaines de bastos, de taxis, transporteurs ou autres minis lui. I Love You Phillip Morris, qui a failli ne pas voir le jour, est devant nos yeux un peu grâce à cet homme, et mon premier paragraphe sera pour lui. Le gros bonhomme aux cheveux jaunes, pas affaibli par l'effroyable chemin que prend sa carrière, a sorti les euros de son Europacorp pour prendre le relais des majors ricaines, pas chaudes sur le coup. C'est vrai que le synopsis du film – deux mecs qui se bécotent sur le dos du trésor public – fait pas bander les Warner, Paramount ou Universal, plus habitués aux héros-flics testostéronés, affublés quand l'envie leur en prend (comprenez, souvent) de bombes sexuelles aussi inutiles qu'indispensables. On n'est pas dans l'ère du pop corn movie, mais plutôt dans celle désolante du « cop porn »... Mais comme a dit un jour le poète, il faut de tout pour faire un monde. Et, accessoirement, de frenchies aux couilles bien pendues, et d'acteurs exceptionnels.


Sur cet autre point, on se savait servis. C'est vrai quoi, Jim Carrey est LE type à même de porter ce genre de rôle, un peu fou, un peu déconneur, totalement excitant. Après les prestations des cowboys de Brokeback Mountain ou de Sean Penn en Harvey Milk, on pourrait se dire que les rôles gays sont des compositions plus aussi à risque qu'avant. Colin Firth dans A Single Man, en compétition aux Oscars pour la statuette du meilleur acteur (remis je vous le rappelle à Jeff « Big Lebowski » Bridges), est encore là pour en témoigner. Mais ici, la puissance du personnage joué par Jim Carrey est autrement plus explosive que tous les homos vus auparavant sur nos écrans. Ici, le coming out de Steven Russell (car c'est de lui qu'il s'agit, et de son « histoire vraie »), est plus comique et provocant que triste ou douloureux. D'ailleurs, la gay attitude n'est presque jamais montrée comme un fardeau ou un boulet pour notre égocentrique fraudeur. Son truc à lui, c'est escroquer de l'argent, et satisfaire les hommes qu'il aime. Comme le qualifie l'acteur, son personnage est « implacable en amour. » Il a fait le choix d'aimer, de ne plus se cacher (comme en témoigne la scène de la révélation après son accident, où il hurle aux ambulanciers qu'il est pédé, pédé, pédé!). Ce qui nous amène à ce fameux Phillip Morris, incarné à la perfection par Ewan McGregor – dont la trajectoire de la carrière est remarquable. I Love You Phillip Morris n'est donc pas une déclaration d'amour à la cigarette...



Les deux hommes vont jouer un amour sensible, à la fois drôle et très émouvant. Prenant racine dans une prison (habituellement liée au sexe – contraint ou forcé – entre détenus), cette histoire d'amour va se développer de façon exponentielle. D'abord tenté d'arrêter ses arnaques à l'assurance, Steven Russell va déborder d'idées pour gagner le plus d'argent possible, éviter à son compagnon plusieurs années de prison et, au final, s'organiser une histoire d'amour de grand luxe. Mais malgré tous ses excès, tant dans ses actes que dans ses attitudes (les traditionnelles mimiques de Carrey font mouche, comme toujours), on ressent une profondeur rarement égalée dans son jeu. L'importance qu'a ce film dans la carrière de Jim Carrey n'y est d'ailleurs peut-être pas étrangère : l'acteur du Mask a indiqué que ce long-métrage faisait partie des trois de sa carrière qu'il s'était senti obligé de tourner. Les deux autres étant The Truman Show et Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Deux autres films sur l'humanité, l'amour et qui ont été admirablement servis par le talent de cet acteur. En face, Ewan McGregor n'est pas en reste. Incarnant un homo réservé, timide et blondinet, il est loin des rôles de Trainspotting, Cassandra's Dream ou The Island. On sent d'ailleurs un potentiel en train d'exploser, et qu'on sera ravi de revoir bientôt dans The Ghost-Writer ou Les Chèvres du Pentagone.

I Love You Phillip Morris, c'est une histoire d'amour, une histoire sur l'humanité, mais aussi et surtout une comédie (noire). Adeptes du genre puisque scénaristes de l'excellent Bad Santa, les réalisateurs Glenn Ficarra et John Requa trouvent le dosage parfait entre dérision, burlesque, comique de situation et drame. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une histoire vraie, et quiconque connait la fin de cette trépidante histoire d'amour ne peut rester insensible face à tant de sentiments opposés et contraires. Il faut être forts pour savoir jouer avec les genres, savoir faire rire et pleurer à quelques minutes d'intervalles. C'est ce qui nous arrive ici, notamment dans la dernière partie du film. Et les dernières phrases qui viennent expliquer au spectateur l'état des véritables Steven Russell et Phillip Morris de finir de le clouer sur son siège. Après les rires, les fou-rires, les larmes, les crises de larmes provoqués par ces deux grands allumés, cette idée que tout cela a existé donne une tournure inattendue au film. On est attendris, émus, contents aussi d'avoir pu voir un tel spectacle, assurément un des meilleurs films de l'année. Alors, on dit merci qui ?

2 commentaires:

  1. La scène où Jim Carrey se rend chez sa mère pour savoir pourquoi elle l'a abandonnée est magique ... Il repart avec le paillasson, excellent ! Je sais pas pourquoi c'est cette scène qui m'est revenue en lisant ta critique !
    Sinon il est vrai que la magie de ce film c'est de faire rire et pleurer à quelques minutes d'intervalles (enfin je parle pas pour moi mais pour une certaine Coraline N qui était toute retournée) !!!
    Oui merci Luc Besson !

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  2. Ouais cette scène est énorme, on voit en arrière plan la famille qui fête un anniversaire et lui il est totalement ignoré! Cette scène avec un autre acteur aurait pu carrément être larmoyante, mais avec Jim Carrey ça en devient hilarant! A tel point qu'on se demande si l'idée de piquer le tapis n'était pas de l'impro... ^^

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