Comment tuer son boss ? de Seth Gordon
Comédie, USA, 2011, 1H40
Avec Jason Bateman, Jason Sudeikis, Charlie Day
L'objectif : Pour Nick, Kurt et Dale, la seule chose qui pourrait rendre le travail quotidien plus tolérable serait de réduire en poussière leurs intolérables patrons. Démissionner étant exclu, les trois copains échafaudent, avec l’aide de quelques verres de trop et les conseils douteux d’un ancien détenu, un plan quelque peu alambiqué, mais infaillible, pour se débarrasser de leurs employeurs respectifs... définitivement. Il n’y a qu’un problème : les plans les plus infaillibles ne le sont qu’autant que les cerveaux qui les ont conçus le sont.
Le subjectif : Décidément, l'humour américain a voulu se faire plaisir cet été ! Après l'excellent Mes Meilleures amies, et avant la sortie du très attendu Crazy Stupid Love à la rentrée, je n'espérais pourtant pas grand chose de ce Horrible Bosses (Comment tuer son boss ? en VF). Mis à part une forte envie de retrouver Jason Bateman dans une comédie pas forcément taillée pour lui, mais qui s'annonçait néanmoins cinglante. Résultat : un film absolument hilarant, plus encore que celui de Paul Feig. Le mérite en revient à un casting sans aucune fausse note, que ce soit au niveau des trois premiers rôles ou des seconds couteaux (les "bosses" en question). Sans oublier les partitions remarquées de Jamie "Muthafucka" Foxx, qui campe un conseiller en meurtre légèrement à la ramasse, ou le caméo décapant (l'urine ça décape, prenez note !) de l'acteur gallois Ioan Gruffudd. Qui ? Le Monsieur Fantastique des deux films Marvel, qui n'avaient de fantastique que le nom.
Côté réalisation, on retrouve (comme pour Mes meilleures amies) un petit nouveau aux manettes. Seth Gordon, même s'il n'a pas encore eu droit aux flashes des projecteurs (ni à une page wikipédia.fr), s'en sort avec les honneurs. Sa mise en scène, sobre, efficace et plutôt énergique, qu'il tient sans doute de la télé (ayant réalisé pas mal d'épisodes de The Office, Modern Family ou Park and Recreations), nous fait oublier qu'il est derrière le très moyen Tout... sauf en famille avec Vince Vaughn et Resse Witherspoon. Le rythme est soutenu et le film, contrairement à bon nombre de comédies, ne s’essouffle jamais. Les aventures de nos trois tueurs en herbe se déroulent sans temps mort, le scénario parfaitement calibré permettant aux acteurs de s'en donner à cœur joie tour à tour, sans détour. Et le moins que l'on puisse dire c'est que le résultat est défrisant.
Commençons par les trois "boss". Présentés chacun leur tour (comme le rappelle l'affiche, du reste), ils excellent tous les trois dans un genre particulier. Kevin Spacey est froid, rigide et étonnamment effrayant par moments. Je ne me rappelle plus le dernier film où cet acteur m'avait fait un tel effet positif... Même son de cloche du côté de Jennifer Aniston, qui ne s'est jamais vraiment remise de l'arrêt de Friends. Elle est très vulgaire (de nombreuses séquences cultes la mettent en scène, elle et son souffre-douleur) et, chose surprenante (pour moi), plutôt aguicheuse. Le troisième larron, Colin Farrell, semble s'éclater dans le rôle de Pellitt : vrai has-been qui n'aime que se "coker", se taper des putes et gagner des bénéfices en virant ses employés. Trois rôles définitivement de composition, comme on pouvait s'y attendre, qui donnent une sérieuse valeur au film. Un atout non négligeable pour le long-métrage, surtout quand on sait que ses trois acteurs principaux ne sont pas habitués à être des têtes d'affiche.
S'il on regarde le poster du film, ce sont en effet bien les portraits des trois boss qui "écrasent" leurs employés. Et pourtant, l'atout comique se situe bien dans chacun d'eux. Le personnage incarné par Jason Sudeikis, sous-fifre de Colin Farrell, apparaît comme un grand séducteur, presque obsédé par le sexe. Il est par le fait le "beau-parleur" du trio, offrant à Horrible Bosses quelques répliques bien senties et amenées à devenir cultes. C'est une des raisons pour lesquelles je conseillerai à toutes et tous de regarder ce film en VO, afin de mieux l'apprécier... A ses côtés, Jason Bateman livre sa meilleure partition comique depuis l'arrêt d'Arrested Development. Ni plus, ni moins. J'ai en tête une scène, qui fait suite à un passage délirant où son personnage et celui incarné par Charlie Day sniffent malgré eux la coke de Pellitt (Colin Farrell) et deviennent ultra-excités, qui propose de l'humour suggéré. En quelques mots : sans rien dire, Jason Bateman réussit à nous faire comprendre qu'il vient de réaliser pourquoi Pellitt a autant d'énergie en pleine nuit. Bref, un humour génial.
Le jour de Charlie
Et on en vient à Charlie Day, peut-être LA révélation du film. A 35 ans, celui qui est le créateur, producteur, scénariste et acteur de la série Philadelphia (véritable carton outre-Atlantique qui va entamer sa 7e saison), semble promis à un avenir radieux. Son timbre de voix, sa "touche", ses mimiques, sa bonhomie ou son humour corporel sont autant d'atouts dans sa manche. Comme dans celle de cet Horrible Bosses. La surprise de l'été, à n'en plus douter.
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