jeudi 18 août 2011

| Avis ¦ Green Lantern, bague de mauvais goût

Green Lantern de Martin Campbell


Action-aventure DC Comics, USA, 2011, 1H54
Avec Ryan Reynolds, Blake Lively, Peter Sarsgaard
Sortie le 10 août 2011



L'objectif : Dans un univers aussi vaste que mystérieux, une force aussi petite que puissante est en place depuis des siècles : des protecteurs de la paix et de la justice appelés Green Lantern Corps, une confrérie de guerriers qui a juré de maintenir l’ordre intergalactique, et dont chaque membre porte un anneau lui conférant des super-pouvoirs. Mais quand un ennemi du nom de Parallax menace de rompre l’équilibre entre les forces de l’univers, leur destin et celui de la Terre repose sur leur dernière recrue, le premier humain jamais choisi : Hal Jordan. Hal est un pilote d’essai talentueux et imprudent, mais les Green Lanterns ont un peu de respect pour les humains, qui n’ont jamais exploité les pouvoirs infinis de l’anneau auparavant. Hal est clairement la pièce manquante du puzzle et il possède, en plus de sa détermination et de sa volonté, une chose qu’aucun des autres membres n’a jamais eu : son humanité. Soutenu par son amour d’enfance, le pilote Carol Ferris, Hal doit rapidement maîtriser ses nouveaux pouvoirs et vaincre ses peur, pour prouver qu’il n’est pas que la clé pour vaincre Parallax… mais peut-être le plus grand Green Lantern de tous les temps.



Le subjectif : Il faut croire que c'est l'année du vert. Après The Green Hornet de Michel Gondry (pas franchement grandiose), un autre personnage de comics verdâtre débarque sur nos écrans : Green Lantern. Membre de la Justice League of America (JLA), au même titre que Superman ou Batman, ce héros de DC Comics bénéficie de la volonté de l'éditeur de mettre en avant des personnages secondaires de son univers. En cela, DC suit la voie tracée par Marvel depuis quelques années, avec plus ou moins de succès, et prépare surtout le terrain d'une future production "crossover" type The Avengers, tout simplement baptisée Justice League, et qui devrait voir le jour à l'horizon 2013.


Pour porter sur les écrans ce super-héros aux pouvoirs récupérés de puissance extra-terrestre, DC a fait appel à Martin Campbell. Remplaçant au pied levé un Greg Berlanti relevé de ses fonctions, le Néo-zélandais, qui avait su redonner un souffle euphorique à la saga 007 (en 95 avec GoldenEye et en 2006 avec Casino Royale), dispose d'un budget conséquent (150 millions de $) pour assoir une toute nouvelle franchise. A l'image de Thor chez le concurrent Marvel, Green Lantern connait en effet cette année sa toute première adaptation sur grand écran. Et deux autres volets devraient suivre.



Qui dit nouvelle franchise, dit nouvelles têtes. C'est Ryan Reynolds qui a été choisi pour interpréter Hal Jordan, le héros du film. [Hors-sujet : si ce dernier est défini comme étant le premier Terrien choisi pour porter l'anneau vert, c'est le deuxième personnage à porter le "costume" de ce super-héros chez DC Comics, après Alan Scott.] Alors qu'il a hérité, bien malgré lui, de l'anneau d'un Abin Sur mourant, il va se confronter au Green Lantern Corps. Un groupement de « policiers intersidéraux verts », dixit lui-même dans le film, qui ne va pas l'épargner. Va s'en suivre alors des allez-retours entre la Terre et la planète Oa, antre de ces « justiciers intergalactiques verts » (toujours selon le personnage d'Hal Jordan), un peu à la manière de Thor. Sauf qu'ici Martin Campbell semble avoir compris qu'il lui serait trop compliqué de traiter uniformément des deux univers. Il choisit son camp, et opte pour les bouffonneries terrestres d'Hal Jordan, délaissant les contrées (désertiques) d'Oa, mais surtout les scènes primordiales qui sont censées s'y dérouler.

Les clichés habituels du nouveau super-héros (distance vis-à-vis des pouvoirs, incrédulité du héros, réflexion sur sa condition supérieure, rejet de ses nouveaux compères, incompréhension de ses amis humains, etc.) seraient agréables à voir traités, si seulement ils l'avaient été avec plus de finesse. Mais on a l'impression que le réalisateur filme en accéléré ces scènes de réflexion. C'est vrai quoi, faut pas être un génie pour nous sortir : un homme a peur, car « ce n'est qu'un homme », mais il a du courage pour affronter cette peur, et grâce à ce courage, lui, simple homme, il va apprendre la vie à ces bouffons verts qui ne jurent que par la volonté. Sans compter que chacune de ces séquences est contrebalancée d'une blague vaseuse, d'un sourire en coin de Ryan Reynolds ou d'un effet spécial... minable.

Green pisse

Car si le scénario est loin de tenir la route – en comparaison, la crise existentielle d'un Bruce Wayne chez Nolan ou celle, pourtant pas très poussée, d'un Bruce Banner chez Leterrier, ressemblent à des modèles du genre – les effets spéciaux ont foutu le camp au premier virage. Clairement, dès les premières minutes, on sent que nos pires craintes vont se réaliser. L'apparition du « grand » méchant Parallax, sorte de tête de Beetlejuice flottant sur un nuage couleur merde (et sans le charme gothique de Michael Keaton), fait rire. Ou pleurer. Que le reste des personnages reste fidèle au character design des comics, soit. Mais franchement, ce super-vilain est absolument ridicule. Et mal foutu :




Et la suite n'est pas mieux. Le costume du héros, qui scintille sans arrêt, fait passer celui de Robin (dans le film de Schumacher) pour une combinaison estampillée Alexander McQueen. Et puis ce vert, cette green pisse qui tapisse tout le long-métrage, quelle horreur ! Sans parler des formes pas toujours très sérieuses données aux armes ou apparitions créées par le héros, ni de son masque qui apparaît et disparaît selon une règle aléatoire, ni des décors vides et stoïques d'Oa, ni de l'absence de poids donné au super-vilain-bis (Dr Hammond, joué par Peter Sarsgaard), ni d'ailleurs du vide scénaristique total consacré aux autres seconds rôles (le plus tragique et dommageable étant Sinestro, qui sera LE super-vilain d'une éventuelle suite), ni de l'emploi fictif qui a conçu tous les vaisseaux du film. Finalement, sans parler de tout ça, Green Lantern serait presque un bon divertissement.


Car, en effet, Green Lantern reste un film. Qui se regarde, et se laisse même apprécier par moments (notamment ceux où la sublime Blake Lively – je n'ai pas retenu le nom de son personnage, mais qu'importe – fait une apparition). Malgré tous ses défauts (en résumé : absence quasi totale d'action, de scénario, SFX vraiment moches et seconds rôles inexistants), Green Lantern n'ennuie pas. Certes, on aurait envie que l'histoire avance plus vite et que le changement de couleur de Sinestro intervienne plus tôt, mais l'ensemble reste touchant, et sincère. Martin Campbell introduit un nouvel univers, et même si dans la forme il s'est totalement planté, le fond reste appréciable. Ce n'est pas le film de l'année, mais il y a eu tellement pire... On se contera donc de peu, en attendant la suite. Et, promis, je serai moins indulgent.

Je pourrai finir cette critique en vous balançant la fin du film version voix off, « l'Humanité devait être sa faiblesse, mais elle se révéla être sa plus grande force ». Mais je n'en ferai rien, préférant vous livrer LA phrase classe du film, du comics et qui m'a fait, finalement, prendre mon pied devant cet amas de mauvaises idées mal réalisées, j'ai nommé le sermon d'Hal Jordan :

In brightest day, in blackest night,
No evil shall escape my sight
Let those who worship evil's might,
Beware my power...Green Lantern's light!

Prends ça, Thor !

7 commentaires:

  1. Je serais moins dur que toi. Le film n'a certes rien de l’œuvre cinématographique de l'année, mais je me suis tout de même régalé. Il m'a bien diverti. Je n'ai pas vraiment remarqué tous les détails (effets spéciaux nuls, selon toi, notamment), sans doute y suis-je allé pour me détendre, rien d'autre, ce en quoi le film est plutôt bon.
    Pour ce qui est du scénario, je ne le trouve pas trop mal, effectivement, il semble que l'histoire va plus vite que la pellicule, mais cela permet de ne pas s'ennuyer. D'autre part, en ce qui concerne la question de l'introspection, si propre à Batman, ne connaissant pas le comics d'origine, je me garderai bien de commenter, mais, simplement, on ne peut pas attendre la même chose d'un héros comme green lantern, éminemment moins charismatique que la chauve-souris (bon j'avoue, mon argument est dévoyé par l'amour et le fanatisme sans borne que je voue à Bruce Wayne et son alter ego de noir vétu), tu peux pas test !
    Pour la couleur verte, c'est vraiment très subjectif, car moi, cela m'a plu.
    Enfin, je partage totalement ta "prise de pied", je crois même que j'ai eu des frissons quand il a prononcé cette putain de phrase.
    Je veux cette bague !

    RépondreSupprimer
  2. En fin de compte on est d'accord, car 2/5 ce n'est pas non plus 0 ou 1...

    Green Lantern reste un bon divertissement, mais bâclé, avec des SFX pas géniaux (remarque à côté de Transformers 3 tout me semble mal fait maintenant...). Alors forcément je ne pense pas comme tout le monde, que ce film est une sombre bouse (à l'image de son super-vilain), mais même si je n'en attendais pas une claque intersidérale, j'ai été déçu. C'est vrai quoi, on a l'impression que les scénaristes n'ont vraiment pas d'idées, qu'ils ont peur de trop en dévoiler dans un premier épisode !

    Pourtant le principe de comics c'est qu'il y a plein d'histoire à raconter !

    Y a qu'à (re)voir le premier Spider-Man, le scénario était en tous points génial. Il introduisait le super-héros, mais aussi le méchant, et tout le reste. Tout ce qui faisait la force du comics. Et la suite n'en a été que meilleure (même si les avis divergent sur le 3, pour moi la trilogie est un succès).

    Je ne connais pas non plus trop en profondeur Green Lantern. Mais j'imagine que depuis les années 50, il s'en est passé des choses à raconter !

    Donc voilà, j'ai peut-être été un peu dur avec ses défauts, mais je ne me suis pas ennuyer en le regardant, et je le dis bien dans ma critique.

    En tout cas merci de commenter :)

    RépondreSupprimer
  3. Je ne tolère pas trop cet humour nauséabond. Attention. J'ai pas de bague verte, mais j'ai un chien, et je crois qu'il t'a dans le nez. Au sens propre.

    RépondreSupprimer
  4. c'est un hommage le "prends ça thor"??

    RépondreSupprimer
  5. Je dirais plus un "big up", une méga cace-dédi ;)

    RépondreSupprimer

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...