dimanche 14 août 2011

| Avis ¦ La Planète des Singes : les origines, quand l'évolution se fait révolution



La Planète des Singes : les origines de Rupert Wyatt


SF-Aventure, USA, 2011, 2H00
Avec Andy Serkis, James Franco, John Lithgow
Sortie le 10 août 2011


L'objectif : Dans un laboratoire, des scientifiques expérimentent un traitement sur des singes pour vaincre la maladie d’Alzheimer. Mais leurs essais ont des effets secondaires inattendus : ils découvrent que la substance utilisée permet d’augmenter radicalement l’activité cérébrale de leurs sujets. César, est alors le premier jeune chimpanzé faisant preuve d’une intelligence remarquable. Mais trahi par les humains qui l’entourent et en qui il avait confiance, il va mener le soulèvement de toute son espèce contre l’Homme dans un combat spectaculaire.



Le subjectif : Alors que l'été annonçait une multitude de films prêts à tout casser (Super 8, Green Lantern, Captain America, Cowboys vs Aliens, etc.), une clameur sourde mais persistante s'est faite entendre. Une rumeur presque irréelle selon laquelle, au milieu de tous ces blockbusters aux noms clinquants (Abrams, Reynolds, Johnson, Favreau, etc.), une bête de poils remisée aux oubliettes cinématographiques allait se révéler. Mieux, on a vite prédit, sur les réseaux sociaux comme dans les magazines ciné (plus timides), que ce singe allait tous les faire grimacer. Rise of the Planet of the Apes, sorte de préquelle à toute la saga du même nom initiée par le roman de Pierre Boulle (sorti en 63), est dans les salles françaises depuis mercredi. Louanges méritées ?


Avant de s'attaquer au film de Rupert Wyatt (jeune réalisateur anglais de 38 ans, illustre inconnu), petit retour sur la fameuse saga. Et quelle saga ! Rise of the Planet of the Apes est tout simplement le 6e film de la franchise, sans compter celui de Tim Burton, reboot du premier sorti en 2001. Et comme son titre l'indique, il est censé relater des événements antérieurs au récit originel. Autrement dit, pas besoin d'avoir vu tout ce qui a été fait avant pour suivre tranquillement cet opus. Et heureusement, tant il est compliqué de ne pas s'embrouiller avec toutes ces histoires (les 5 films sont sortis entre 68 et 73, et se suivent tous). Pour la faire simple, le livre/film originel racontait l'histoire de plusieurs Terriens dont un certain Taylor, partis dans l'espace à bord d'une navette appelée Icare, passant dans une faille temporelle les projetant dans le futur et débarquant sur une planète... de singes. Sauf que, twist génial du premier film, cette planète s'avérait être en réalité la Terre.


L'objectif de Rise of the Planet of the Apes est donc clair : raconter comment les singes ont pu d'une part devenir l'espèce dominante sur Terre, et d'autre part comment ils ont acquis cette intelligence. Si le sous-texte des premiers films était lié à la guerre froide, ou la menace d'une guerre atomique, ici on va se focaliser sur le domaine de la science. En effet, Rupert Wyatt ne s'intéresse ni à l'armée, ni au spatial, mais à l'industrie pharmaceutique. Et au cœur de l'histoire, on a un chercheur, James Franco, sur le point de trouver un remède à la maladie d'Alzheimer. Rien de plus contemporain. Et le moins que l'on puisse dire est que cette idée colle parfaitement avec le singe, cobaye des nombreux tests nécessaires à la conception du médicament.

Le singe en question, c'est César.Ce prénom ne vous rappelle rien ? Non, je ne veux pas parler de l'empereur romain sodomisé en -80 avant notre hère par le roi Nicomède IV de Bithynie. Mais plutôt de César, personnage-clé de précédents épisodes de la saga. En réalité, il est le fruit de l'union de Zira et Cornélius, tous deux présents dès le premier film. Il apparait dans le 3e volet, Les Évadés de la planète des singes, sous le nom de Milo. Et, ne me demandez pas pourquoi, ce-même rejeton (j'imagine que c'est le même, puisque ses parents meurent dans le film) devient César, le personnage central des deux épisodes suivants. Anecdote, même si Rise of the Planet of the Apes n'est pas sensé s'inscrire dans la chronologie de la saga, les deux César ont quelques points communs. Exemple : ils sont en effet le leader de la révolte simiesque, et celui par qui tout va commencer.

Aux origines d'une (r)évolution

Car c'est véritablement de commencement dont il s'agit ici. On assiste à un tournant, une révolution qui change la face du monde dans lequel évoluent les personnages de Rise of the Planet of the Apes. En suivant l'histoire du personnage joué par James Franco et de ses recherches (ayant pour but principal de sauver son père atteint de la maladie d'Alzheimer), on va peu à peu sentir naître en César le sentiment de révolte contre l'espèce humaine. D'animal élevé en captivité, habillé et tenu en laisse, ce personnage à part entière (plus que brillamment interprété par le spécialiste de la technologie de la performance capture, déjà King Kong, Gollum et bientôt Capitaine Haddock, j'ai nommé Andy Serkis) va évoluer pour devenir le chef de file d'une véritable armée, prête à conquérir le monde. Et cette remarque n'a rien d'anecdotique, eu égard à ce que j'ai pu dire plus haut.

Car, sans spoiler le film, son dénouement est assez bien pensé et s'inscrit réellement dans l'optique d'une préquelle. Si Rupert Wyatt revendique ne pas appartenir directement à la franchise, son histoire lui rend un hommage plus qu'appuyé. J'ai déjà parlé de César, on peut également revenir sur le surnom donné à sa mère, « beaux yeux », auparavant attribué au héros du premier film. Les plus attentifs n'auront pas non plus laissé passer un autre clin d’œil : un flash d'informations nous apprend qu'une navette spatiale s'est perdue dans l'espace. Son nom ? Icarus. Celui de son commandant ? Taylor... Coïncidence ?


Bref, Rise of the Planet of the Apes est un film bien pensé, et très bien interprété. Andy Serkis et James Franco ont d'ailleurs joué tous les deux en même temps, dans des décors naturels (c'est une première), ce qui a du faciliter les choses. Le premier rôle féminin, Freida Pinto, s'en sort en revanche sans trop briller. Mais il faut dire que l'histoire d'amour façonnée ici est plus un contexte obligatoire qu'autre chose. La véritable histoire de ce Rise of the Planet of the Apes, c'est la relation filiale entre James Franco et César. Sans oublier le père du chercheur, joué par John Lithgow, touché par la maladie et qui pourrait symboliser une Humanité sur le déclin. Du reste, l'animation de César est absolument bluffante de vérité et de réalisme. Tout sauf une surprise quand on sait qui était aux commandes : Weta Digital. Le studio néo-zélandais, déjà impressionnant sur Avatar, le Seigneur des Anneaux ou King Kong, nous offre une partition époustouflante. C'est à n'en pas douter un des gros points forts du film. La propagande promotionnelle ne s'y était d'ailleurs pas trompé, en vantant le film quasi uniquement sur ce point, allant jusqu'à omettre de mentionner les noms du réalisateur et des acteurs principaux sur les premières affiches.

En réalité, tout concorde parfaitement pour que ce film soit une totale réussite. Mais, petit problème, en prenant son temps et en narrant parfaitement les origines d'une saga désormais remise au goût du jour, Rupert Wyatt en oublie souvent de faire vivre son film. Bien sûr, Rise of the Planet of the Apes n'est pas un film d'action. C'est une aventure. Mais quand on voit les prouesses techniques réalisées dès lors que tous les singes descendent dans la rue et commencent à fomenter leur révolution, on ne peut que rester sur sa faim. Tant pis, car Rise of the Planet of the Apes reste malgré tout la plus belle surprise de l'été, se hissant sans soucis bien au dessus des autres blockbusters.

5 commentaires:

  1. Je vais essayer de ne pas répéter une nouvelle fois à quelle point ta critique déchire (oups trop tard) je vais juste laisser un petit ressenti sur ce film. Effectivement c'est très bien réalisé et les mecs qui gèrent les effets spéciaux et la performance capture se sont fait plaisir (on le constate dans la scène où césar se ballade dans la maison de James Franco au début du film) et les images des singes sont vraiment fascinantes, même si en voyant de telles prouesses on aurait aimé un peu plus de développement à ce niveau là. Pour le même prix on à même le droit à une critique de la société de consommation où le profit est la seule chose qui compte (prend ça le lobby pharmaceutique). Dans les points négatifs pour ma part je pense que freida pinto ne sert à rien dans le film( à part à être jolie, bon ok ça ça marche) et j'aurais préféré une fin plus intrigante qui offrirait la possibilités de faire plus de spéculations sur la suite des événements (en fait j'aurais aimé que le film continue plus que ça, j'ai pas été rassasié, j'en attendais plus, je suis trop exigeant, ça c'est la société de consommation qui m'a eu moi ^^)En résumé les 3 seringues me semble mérité (prend ça Super 8 ^^)

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  2. Ok donc j'ai envie de dire MERCI, BIG UP et BANLIEUE BRAX T'AS RAISON D'AVOIR PEUR !!!
    T'as tout à fait raison !
    J'avoue que Pinto sert à rien (on parle bien du second gardien du Barça là, hein?), et que MOI AUSSI PUTAIN TOUT PAREIL j'aurais voulu que ça continue encore et encore après la fin ! Parce que putain la scène du pont elle déchire, mais whaou! fallait pas s'arrêter en si bon chemin !!!

    Sinon, [/spoil mode on], la fin explique quand même comment vont arriver les films d'après : les explorateurs qui partent sur mars, l'épidémie qui se propage sur Terre (en contaminant le pilote qui se rend à NYC - qui est le centre du monde on le sait tous !) et qui va éteindre la race humaine... Ce qui donne en gros : les types vont sur mars, se perdent dans l'espace (sans Matt Le Blanc) et atterrissent 2000 ans et des poussières plus tard sur une planète mystérieuse pleine de singes..... la Terre ! [/spoil mode off]

    Je divague, mais je suis d'accord avec toi. C'est un très bon film, une excellente surprise, mais on en voulait encore PLUUUS !

    Et oui, prend ça Super 8 :)

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  3. Je partage plutôt ton avis, si ce n'est que j'appuierais plus fort sur le côté un peu longuet du film, c'est sur ce point là que l'on reste vraiment sur sa faim. Mais globalement le réalisateur fait le job.
    Bien ouéj mon poto !
    Juste pour le plaisir et surtout pour Adrien, en espérant qu'il lira ce commentaire : prend ça Super 8 !!! et bien profond dans ta boucle !

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  4. Long, un peu oui, mais c'est tellement bien amené, joli, que le temps passe bien vite.

    Et encore une fois, chapeau à Andy Serkis :)

    Et MERCI pour le com !

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  5. Après la lecture de cette critique, je suis rassurée, parce j'ai cru que c'était un film comique. En même temps cela explique pourquoi j'étais la seule à rire...
    Delphine.

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