mercredi 24 août 2011

| Avis ¦ Cowboys et Envahisseurs, western digital



Cowboys et Envahisseurs de Jon Favreau


Western, SF, action, USA, 2011, 1H57
Avec Daniel Craig, Harrison Ford, Olivia Wilde
Sortie le 24 août 2011


L'objectif : Arizona, 1873. Un homme qui a perdu tout souvenir de son passé se retrouve à Absolution, petite ville austère perdue en plein désert. Le seul indice relatif à son histoire est un mystérieux bracelet qui enserre son poignet. Alors que la ville est sous l’emprise du terrible colonel Dolarhyde, les habitants d’Absolution vont être confrontés à une menace bien plus inquiétante, venue d’ailleurs...



Le subjectif : Une chose marrante m'est arrivée ce lundi soir, en me rendant au cinéma. Sans raison particulière, je me suis demandé pourquoi Alien : le huitième passager ne s'était pas appelé Envahisseur : le huitième passager. Après quoi j'ai répété plusieurs fois dans ma tête « Vachers et Envahisseurs », pensant que ça avait quand même moins de gueule. J'ai acheté ma place pour le dernier projet de Jon Favreau, un gars du Queens au prénom scandinave qui joue dans ses propres films, souvent des aventures spatiales d'ailleurs. J'y ai réfléchi encore un peu, au moment de me faufiler entre deux boutonneux métalliques pour trouver un siège. Et puis la bande-annonce d'un film avec Franck Dubosc sur un gros bateau corse m'a retourné le cerveau, et la première pensée comme la deuxième ont disparu. Le film a commencé. Un film avec des cowboys et, donc, des envahisseurs.


Western teinté de SF, à moins que ce ne soit l'inverse, Cowboys et Envahisseurs débarque sur nos écrans à la fin d'un été chargé. Deux films ont d'ores et déjà dépassé le milliard de $ de recettes (Transformers 3 et Harry Potter 8), et de nombreux autres ont occupé les esprits et les salles obscures. Quelle place accorder à ce film, sachant que la SF est partout en ce moment (Super 8, Green Lantern, Attack the Block...) et que Jon Favreau reste sur le très médiocre Iron Man 2 ? Difficile à dire. Reste que le casting est alléchant (Harrison Ford, Daniel Craig, Paul Dano, Sam Rockwell, Clancy Brown, Keith Carradine ou Olivia Wilde) et que le western, revisité ces derniers mois avec succès (Red Hill, True Grit, voire Rango), peut apporter une touche d'originalité et de fraîcheur bienvenue en cette période caniculaire.



Côté scénario - écrit notamment par Roberto Orci et Alex Kurtzman, les deux têtes pensantes de beaucoup de projets de J.J. Abrams, d'après le roman graphique de Scott Mitchell Rosenberg – pas de surprise : l'histoire est dans le titre. Fin du 19e siècle, en Arizona, des envahisseurs débarquent sur Terre. Pas de bol, ils en ont après notre or. Face à eux : un homme solitaire, amnésique et doté d'un étrange bracelet-désintégrateur (Craig), un ancien militaire, éleveur de bétail, riche et tout puissant, arrogant et intraitable (Ford), son fils idiot et misérable (Dano), une étrange femme en robe-pyjama à fleurs (Wilde), un docteur, également tenancier du saloon (Rockwell), un révérend aux répliques aussi mortelles que de l'eau bénite pour les démons (Brown), un shérif pas très sauvage (Carradine, qui joue le père dans la série Savages)... Une brochette de « gueules », qui fait mouche. Sauf peut-être Daniel Craig, aussi raide qu'un piquet quand il est immobile et à la démarche saccadée d'un robot quand il se déplace, et Olivia Wilde, au regard vide. Même le chien est plus expressif. Et puis franchement, le coup du baiser-qui-dévérouille-le-bracelet quoi...

« C'est un peu brutal, non ? »

Contrairement à ces deux personnages (pourtant très important dans le récit), celui campé par Harrison Ford fait plaisir à voir. Si on excepte quelques incohérences (c'est incroyable comme ses vêtements restent impeccables tout au long du film), la prestation pleine de dureté (commentée par un personnage : "c'est un peu brutal, non?") jouée par l'immense Han Solo relève à elle seule d'une seringue ma notation. Et l'intérêt du film. Certes, ce dernier est plein de bons sentiments et le personnage taciturne et maugréant joué par Harrison Ford est parfait pour étendre cette bonne parole : il finira par aimer cet étranger qu'est Daniel Craig, son sous-fifre d'indien de même que son peuple, ainsi que son propre fils qu'il traitait jusque là pour un moins que rien. Les autres acteurs surjouent un peu, mais c'est de bonne guerre. Tout le monde n'est pas Indiana Jones. A ce propos, on relèvera un petit clin d'oeil le temps d'une séquence d'attrapage d'alien au lasso. J.J. Abrams n'est pas le seul à rendre des hommages.



En ce qui concerne l'action et les effets spéciaux, le film tient plus que bien la route. Les envahisseurs sont vraiment effrayants, et même si l'animation de leurs petits vaisseaux n'est pas toujours parfaite, les scènes d'attaques et surtout les explosions sont criantes de vérité. On reconnaît bien là la patte du papa d'Iron Man. Le rythme est soutenu, le long-métrage ne perd pas trop de temps en explications annexes (sur l'origine de certains personnages ou des envahisseurs par exemple), ce qui immerge parfaitement le spectateur dans la quête des héros. Ils partent en chasse pour retrouver les leurs enlevés : c'est primitif, c'est sauvage, c'est du western. Point. On prend un plaisir non dissimulé à suivre l'évolution de cette aventure, par moments sombre et violente (la toute première scène où le personnage interprété par Daniel Craig tue de façon très crue ses assaillants met d'ailleurs bien dans le bain), mais qui garde toujours cette dimension de divertissement.

Jon Favreau s'était véritablement perdu avec sa dernière super-production, il retrouve ici quelques couleurs. Au moyen notamment d'une bande-son magistrale signée Harry Gregson-Williams, qui rend grâce à cette union paradoxale entre western et science-fiction. Et qu'importe si les gentils se multiplient comme les Gremlins au contact de l'eau quand surgissent de nouvelles vagues d'ennemis. Qu'importe que les dents des personnages restent blanches alors que leurs ongles et habits font l'effort de se salir. Qu'importe que la gentille morale d'universalité, qui voudrait que tous les hommes, quelques soient leurs origines et leurs croyances, s'unissent pour bouter l'ennemi hors de Terre, ne soit qu'une gentille morale d'universalité. Cowboys et Envahisseurs, puisqu'il faut l'appeler ainsi, est agréable à regarder. Alors après les déceptions de ces derniers jours (suivez mon regard), on ne va pas bouder notre plaisir.

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