dimanche 28 août 2011

| Série tv ¦ PLATANE, la preview exclusive de la saison 1





Pour la première fois sur Toxinémane, je ne vais pas vous parler de cinéma, mais de télévision. Pas de n'importe quelle télévision, ni même n'importe quelle série TV. Je vais vous parler de Platane, la nouvelle série de Canal + diffusée sur la chaîne cryptée dans une semaine. En avant-première mondiale, j'ai eu la chance de mettre les yeux sur les trois premiers épisodes de ce projet écrit, réalisé et interprété par Éric Judor. Pour vous, rien que pour vous, je vais tâcher de mettre des mots sur la claque, sur le bonheur, sur la jouissance vécus en regardant ces quelque 90 minutes. Attachez bien votre ceinture, agrippez vous au siège, sortez les sacs à vomis... C'est parti.

La musique

Toute bonne série mérite une bonne musique. Je dirais même plus : toute série se fait, s'inscrit dans l'imaginaire collectif grâce à son générique. Penser à Friends, c'est se souvenir du son de « I'll be there for you », pareil avec la mélodie enchanteresse de La Petite maison dans la prairie, ou encore l'épique chanson « J'ai pas le temps » de Faf Larage tirée de Prison Break... Oui, bon, vous voyez ce que je veux dire. Pour Platane, cette musique existe. C'est « Buona Sera » de Louis Prima : en trois épisodes, le générique s'est gravé en moi. Avec son ton très smooth, chaleureux, rythmé et qui donne envie de sourire, cette chanson est une réussite. Je vous laisse la (re)découvrir :




L'histoire

Le pitch est clair : le duo le plus célèbre du petit écran, Éric & Ramzy, revient sur Canal donner une suite à H. Intitulée simplement HP, elle met en scène les principaux personnages de H dans un hôpital psychiatrique. Or, patatras, peu après le lancement Éric a un accident de voiture (le platane). Il tombe dans un coma d'un an et, lorsqu'il se réveille, découvre que si HP a continué, il en a été logiquement évincé, faisant de Ramzy la seule et unique vedette. Éric est vexé d'être mis ainsi de côté. Il va alors tenter de prouver à tous qu'il peut exister en dehors de son binôme comique, en relevant le défi de réaliser un long-métrage dramatique : La Môme 2.0, next generation.

Cette vraie-fausse bande-annonce en parlera peut-être mieux que moi :



Le style

Pour une série française, le style est complètement novateur. Si on devait lui trouver des influences, il faudrait les chercher outre-Atlantique, sans doute du côté de Curb Your Enthousiasm. Affublée du nom de Larry et son nombril chez nous, cette production HBO, créée et jouée par Larry David (l'acteur principal de Whatever Works de Woody Allen), raconte des chroniques de sa propre vie. « Producteur hollywoodien riche et marié à une femme charmante, Larry mène une vie sans problème dans sa villa cossue de Los Angeles. Il suffit pourtant d'une soirée au cinéma et d'un pantalon trop grand, pour que sa vie se transforme en cauchemar », nous indique Wikipédia. Une histoire vraie dans une histoire fictive, ou l'inverse, de la fiction dans un contexte réel, c'est également ce que nous propose Platane. Avec, en prime, la touche Éric & Ramzy, même si l'humour absurde est moins présent. Ce qui ressort ici, c'est le talent d'acteur et de comédien de son créateur, désormais seul face à sa créature. Impressionnant.


Eric et... lui-même

Platane se focalise en effet sur l'histoire d'Éric, qui, vexé d'être considéré uniquement comme un acteur comique, va vouloir se lancer dans le cinéma dramatique. Les traits sont grossis, et bien évidemment l'histoire que raconte la série n'est pas une auto-biographie. Le but étant de réaliser une comédie, mais en s'appuyant sur certains caractères de l'acteur, ou sur certaines anecdotes. Sans qu'on sache ce qui pourrait être vrai, et ce qui est clairement inventé. Impossible de savoir, par exemple, si Éric connait untel ou unetelle des acteurs ou actrices invité(e)s dans la série, s'il a véritablement un problème avec l'alcool ou bien si Ramzy ne sait réellement pas faire l'accent brésilien (écoutez, c'est un massacre). Reste que certains aspects semblent être vrais, ou en tout cas sonnent comme tels : comme quand Éric s'intéresse à un projet lié au gospel (on se rappelle avoir vu une vidéo de lui en train de chanter, quand il avait encore des cheveux) ou lorsqu'on fait directement référence au passé du véritable Éric. Platane mélange ces deux aspects avec beaucoup de talent, sans jamais perdre le spectateur. Le but étant de divertir, surtout pas que le téléspectateur se demande, à chaque sketch : « c'est vraiment ce que pense le vrai Éric ? »

Les guests

Ce qui devrait créer le buzz autour de la série d'Éric Judor, et qui a déjà commencé à le faire, c'est l'apparition de guests (invités). Sont d'ores-et-déjà annoncés : Clotilde Courau, Monica Bellucci, Guillaume Canet, Vincent Cassel, Mathieu Amalric, etc. Ce principe de faire intervenir des acteurs, bien évidemment sous leurs vrais noms et fonctions, interagissant avec le héros comme s'ils le feraient dans la « vraie vie », se retrouve dans la série de Larry David, mais pas uniquement. C'est également l'un des points forts de Entourage, une autre série de HBO, ou encore de Extras de Ricky Gervais, une production BBC qui cartonne outre-Manche. Bref, si ce concept de mêler fiction et réalité n'est pas inventé ici, il apparaît comme une vraie bonne nouvelle, sorte de vent de fraîcheur sur la création française.



Les personnages

Outre les invités, plusieurs personnages gravitent autour de celui d'Éric, apparaissant comme son entourage proche (un peu à la manière de la série de HBO mentionnée plus haut), tout en n'existant pas en tant qu'eux-mêmes. Autrement dit, ils sont crédités au générique mais en tant qu'interprètes. Quelques uns sont des visages connus, en tout cas pour tous ceux qui s'intéressent à l'univers d'Éric & Ramzy. En effet, on retrouve dans ce groupe : Jean-Baptiste Shelmerdine (l'aubergiste dans Halal : Police d'Etat), Romain Berger (William dans Les Dalton) ou encore Hafid F. Benamar (co-créateur et co-scénariste de Platane, mais aussi la voix de Momo dans le film d'animation Lascars), Arnaud Henriet (le prisonnier dans Pur Week-end, vu dans Il reste du jambon ?) et Lilly-Fleur Pointeaux (qui m'était totalement inconnue). Une vraie belle équipe, qui m'a tout de suite charmé. J'ai tout particulièrement aimé la naïveté apparente de Romain Berger, la gouaille de Hafid F. Benamar (voir la séquence de battle hip-hop dans l'épisode 3, une pure merveille) ou le pessimiste mais néanmoins dévoué Arnaud Henriet.

Les craintes

Non, Platane n'est pas HP : ce n'est en rien la suite de la série à succès H. Et Éric Judor le sait, reprendre maintenant une série comme celle qui les avait rendu célèbres, lui et ses comparses Jamel ou Ramzy, serait comme faire de l'humour à l'envers. D'autres séries comiques sont passées par là, plus personnelles, plus imprégnées de la vie réelle. Attention, sans toutefois passer pour de la télé-réalité. On parle de vraies créations, à l'image du faux documentaire de bureau de The Office, ou même de séries comiques plus typées "sitcom" comme Philadelphia (par le génial Charlie Day) ou Spaced (qui a révélé le trio Pegg-Frost-Wright au début des années 2000). L'erreur serait peut-être de s'attendre à revoir Éric dans des délires presque improvisés, dans des numéros certes drôles mais assez semblables. H c'était de l'humour de scène, de l'instant, de l'instinct. Platane...



L'avis de la preview : l'avew


Platane... c'est de l'humour travaillé, une idée brute taillée, polie durant la trentaine de minutes de l'épisode. Éric y évolue, seul ou autour de personnages, avec ou sans guest, et nous fait rire. Par moments, il nous touche aussi. On l'a vu depuis Steak, Éric sait tout jouer : de l'idiot au pinailleur, de l'oppressant à l'homme pressé. Et puis, la volonté de son personnage de faire du burlesque avec du tragique, puis celle qu'il défend mordicus selon laquelle il pourrait parvenir à jouer un rôle dramatique, sont autant de pistes de réflexion sur le métier de comédien. Sur le fait que ces derniers sont souvent (presque toujours) cantonnés à des mêmes rôles, et que souvent (presque toujours) les comiques ne sont pas reconnus, dès lors qu'ils ne font plus rire des millions de gens.  

Platane c'est tout ça. De l'intelligence dans le contexte, de l'originalité dans le scénario, et de l'humour fin, mais toujours jubilatoire. Finalement, Platane c'est encore Éric qui en parle le mieux : « c'est de l'humour juif new-yorkais : on part d'un détail insignifiant (note de moi : un pull floqué en lettres de métal du nom de son ex, un vol de fauteuil roulant, un projet de film tellement ridicule qu'il en est crédible) et on fait en sorte qu'il se transforme en bombe à la fin de l'épisode. » Concernant la bombe, je vous laisse le soin de la désamorcer vous-même. En tout cas, vous êtes prévenus maintenant, Platane n'est pas exactement ce dont il a l'air. Comme dit le dicton, il ne faut pas juger de l'arbre par l'écorce. Mordez dedans à pleines dents, vous ne serez pas déçus.

4 commentaires:

  1. Très bel article, qui donne très envie :)

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  2. Très bien comme article, j'ai vu les 3 épisodes et j'ai les mêmes impressions que toi sur cette série =).
    Je suis bien content qu'Eric est abandonné son humour de Halal Police D'Etat, Dalton, Steak et Seuls Two.

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  3. Merci pour ton commentaire tout d'abord !
    Ensuite, même si j'aime aussi ce "nouvel" humour, j'adore Éric dans toutes ses formes de drôleries. C'est aussi pour ça que je trouve que c'est un brillant acteur comique ET comédien. Il sait tout jouer, et toujours nous (me) faire rire.

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