Le Prénom d'Alexandre et Matthieu
Comédie, France, 2012, 1H49
Avec Charles, Patrick, Judith, Valérie, Guillaume
Sortie le 25 avril 2012
L'objectif : Vincent (Bruel), la quarantaine triomphante, va être père pour la première fois. Invité à dîner chez Élisabeth (Benguigui) et Pierre (Berling), sa sœur et son beau-frère, il y retrouve Claude (De Tonquédec), un ami d’enfance. En attendant l’arrivée d’Anna (El Zein), sa jeune épouse éternellement en retard, on le presse de questions sur sa future paternité dans la bonne humeur générale... Mais quand on demande à Vincent s’il a déjà choisi un prénom pour l’enfant à naître, sa réponse plonge la famille dans le chaos.
Le subjectif : Au même titre qu'un bon roman, une bonne série ou un bon jeu de plateau avec des navires en plastiques, des chiffres et des lettres, une bonne pièce de théâtre est souvent la cible d'une adaptation cinématographique. En France, les plus connues se nomment La Cage aux folles, Le Père-Noël est une ordure ou encore Le Dîner de cons. Et si ces titres ont marqué les esprits, c'est bien souvent car le succès sur les planches s'est répercuté dans les salles obscures. Pour Le Prénom, pièce représentée à Paris plus de 250 fois entre 2010 et 2011, le défi était donc de taille. Se faire une place et un nom, parmi les adaptations réussies.
Premier élément positif en ce qui concerne le portage : l'équipe. Outre les deux réalisateurs, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, qui ont signé eux-mêmes la mise en scène de leur pièce, le casting est quasiment identique à l'original. Dans le produit filmique de 2012, Charles Berling, qui remplace remarquablement Jean-Michel Dupuis (rare sur grand-écran), est le seul nouveau visage. Tous les autres remettent le couvert. Et cet aspect est indéniablement le point fort du film : les acteurs - tous excellents - se connaissent sur le bout du texte, ça se sent et ça se vit. Le spectateur assiste à une énième représentation, à un repas entre amis qui se connaissent et s'apprécient.
En tout cas, jusqu'à un certain point. Le thème du film et de la pièce, la divulgation du prénom de l'enfant de Vincent (superbe Patrick Bruel, aux interventions drôles et cyniques), étant l'élément déclencheur d'une avalanche de révélations entre ces divers protagonistes. Personnages qui se côtoient et qui sont censés s'aimer. Il y a la sœur et le beau-frère du futur papa, sa femme, et l'ami d'enfance. Tout ce beau monde va basculer dans une sorte d'allégorie de la loi de Murphy, enchaînant chaque réconciliation par un nouveau sujet de dispute. Les actrices et acteurs, ahurissants de sincérité et de justesse à ce jeu-là, rappellent en outre les partitions admirables du Carnage de Roman Polanski. Adaptation d'une pièce à succès, elle aussi.
Pour autant, si le script du film fonctionne aussi bien, en réglant son tempo sur celui du produit originel, la mise en scène, elle, pâtit souvent de la comparaison. On reste sur des plans fixes, sur du quasi huis clos. On n'imagine pas l'action se dérouler ailleurs que dans un salon à murs ouverts, comme un décor fixé sur l'estrade. Et les astuces cinématographiques (l'arrivée du livreur de pizza, les flash-back ou fantasmes des personnages) ne font pas oublier au spectateur qu'il est devant une pièce de théâtre cadrée, montée et projetée sur grand écran. Il n'en reste pas moins que le résultat est réussi, drôle et jouissif. Mieux, avec ce tout premier film, les deux réalisateurs ont relevé le défi du coup d'essai. Plus qu'un coup de maître, Le Prénom est un coup de théâtre !
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