samedi 14 avril 2012

| Avis ¦ [REC]³ Genesis, mariage à la tronçonneuse



[REC]³ Genesis de Paco Plaza


Épouvante-horreur, Espagne, 2012, 1H20
Avec Leticia Dolera, Diego Martín, Ismael Martínez
Sortie le 4 avril 2012


L'objectif : C'est le plus beau jour de leur vie : Koldo et Clara se marient ! Entourés de leur famille et de tous leurs amis, ils célèbrent l'événement dans une somptueuse propriété à la campagne. Mais tandis que la soirée bat son plein, certains invités commencent à montrer les signes d'une étrange maladie. En quelques instants, une terrifiante vague de violence s'abat sur la fête et le rêve vire au cauchemar... Séparés au milieu de ce chaos, les mariés se lancent alors, au péril de leur vie, dans une quête désespérée pour se retrouver...



Le subjectif : [REC] c'était la claque, l'idée de génie, la peur basique, procurées par un procédé simple et implacable : la réalisation « en mode reportage ». Le « found-footage » adapté au film de zombies. Tout un (petit) métrage tourné avec ce concept efficace rendu célèbre par Cannibal Holocaust et repris plus tard par le Projet Blairwitch. Le spectateur voit ce que voit le personnage qui tient la caméra, ni plus, ni moins. Comprenez : une fois que ce protagoniste arrête de filmer (incident, panne de batterie, chute, etc.), l'image se fige. Pour réapparaître, ou pas. Cette idée, traitée sans tricher (contrairement au récent et insipide Chronicle, où la gentille ligue des adolescents extraordinaire pouvait filmer par télékinésie), a hissé le premier [REC] au rang de classique instantané. Sa suite, sortie seulement un an plus tard, moins pêchue mais tout autant subjective, a ennuyé autant qu'elle a déçu.


Trois ans après [REC]² , c'est Paco Plaza, coauteur des deux premiers avec Jaume Balagueró, qui complète la trilogie. Et, premier élément marquant, le réalisateur s'affranchit de l'héritage des deux préquelles en choisissant de délaisser leur façon de filmer. Pour autant, Paco Plaza n'oublie pas de leur rendre hommage, au travers des premières minutes de son [REC]³ Genesis. Celles-ci mettent en scène plusieurs protagonistes en train de réaliser un film de mariage, évidemment tourné en vue subjective. La suite retrouve une réalisation plus cinématographique, le réalisateur privilégiant le fond plutôt que la forme.



Comme son nom pouvait d'ailleurs l'indiquer, [REC]³ Genesis retourne, d'une certaine manière, aux sources du mal. Si elle n'apporte que peu d'éléments de réponse sur l'origine de l'épidémie (et c'est tant mieux, [REC]² nous ayant déjà assez fait dormir comme ça), l'histoire du film de Paco Plaza se place chronologiquement avant les deux premiers [REC]. Il y est effectivement question d'un chien, soit-disant mort et revenu à la vie pour croquer le tonton du marié (le début des emmerdes), tout comme dans l'épisode originel. Ce qui suit n'éclaire pas réellement nos lanternes, hormis quelques allusions religieuses, qui nous rappellent que l'épidémie n'est pas due à un virus à proprement parler.

C'est d'ailleurs l'autre interprétation du sous-titre "Genesis" : il peut tout aussi bien faire référence à La Genèse (et non pas au groupe de Phil Collins, désolé). Les références du personnage du prêtre aux anges déchus (les démons qui prennent possession du corps des contaminés), puis ses psalmodies chrétiennes (lesquelles figent ces derniers sur place) vont d'ailleurs dans ce sens. Et on retrouve succinctement l'univers du film zombiblique qu'on nous avait surexposé dans le second volet. Ici, heureusement, cet aspect se limite aux chants du curé. Les vilains restent des êtres mi-morts, mi-vivants, qu'il faut à tout prix exterminer.

Jusqu'à ce que la mort les sépare...

Et c'est là qu'un autre élément, inédit pour cette saga, entre en jeu : le bastonnage de zombies décomplexé. Contrairement à ce qui a pu être écrit, [REC]³ n'en devient pas pour autant une comédie horrifique. Juste un métrage d'épouvante, criblé de scènes d'une réjouissance inouïe... Et les protagonistes principaux, les deux mariés Koldo et Clara, y contribuent grandement. Le premier, affublé d'une armure de Saint-Georges (je veux d'ailleurs y voir un hommage à George Romero), se saisit par exemple, dans une scène d'une rare violence (voir photo), d'un mixeur pour réduire en bouillie le visage d'un assaillant. La seconde, Clara, interprétée par la sublime Leticia Dolera, est encore plus épique...

Dans le cœur des fans, celle-ci devrait s'installer en tête des meilleures tueuses de zombies, aux côtés de Michonne (The Walking Dead) ou Rose McGowan (Planète Terreur). Comme elles, Clara utilise une arme d'anthologie pour décimer de la goule à foison. Après le katana de la première, et la jambe-M16 de la seconde, la jeune mariée espagnole va opter pour une tronçonneuse ! Prête à tout pour retrouver son mari, l'héroïne va d'abord manier cette arme sans parvenir à l’enclencher, avant d'abattre sa foudre sur l'armée de zombies. C'est réjouissant, et clairement jouissif : c'est réjouissif ! On est pris dans cet enthousiasme complètement barré, en même temps qu'on tremble de terreur avec le couple, embrassant le même espoir de les voir se retrouver.  La promesse faite en début de film prenant une toute autre dimension : "Pour le meilleur et pour le pire [...] jusqu'à ce que la mort nous sépare"...




Et une chose est sûre, toutes ces idées fonctionnent à merveille. Car, au final, qu'est-ce qui fait un bon film de zombies ? Pour en avoir vu une tripotée, je dirais qu'il faut une bonne ambiance (donc qui tient en haleine), des personnages auxquels on peut s'identifier, de l'humour - ou en tout cas des instants de détente qui permettent de souffler, des actes de bravoure jouissifs, du sang, des morts-vivants bien flippants, un contexte et des explications crédibles (qui respectent le code d'éthique du zombie), mais une résolution qui reste volontairement dans le vague. Dans [REC]³, et ce, même si les vilains en décomposition ne sont pas à proprement parler des morts-vivants, on a droit à tous ces savoureux ingrédients.

Bref, entre hommage et transition, entre nouveautés et retour aux sources, ce troisième épisode est un maillon fort d'une saga qui n'est pas prête de s'arrêter. A l'heure où j'écris ces lignes, le quatrième volet, baptisé Apocalypse, est d'ores et déjà dans les cartons des producteurs pour l'année prochaine. A la baguette, on aura droit au retour de Jaume Balagueró. Avis à tous les adeptes de la série, retenez votre souffle... ils ne sont pas encore près de lâcher le bouton [REC] !

2 commentaires:

  1. Je pense que je finirai par le voir, mais peut-être pas en salles, parce que ça commence à me donner envie!
    Je suis par contre un peu sceptique sur le procédé de rompre avec les codes de la franchise. Dans ce cas, ce n'est plus un film Rec...j'en saurai plus après l'avoir vu.

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  2. Oui vraiment, il faut le voir! Car à propos du fait de rompre avec les codes de la franchise, la façon dont Paco Plaza le fait est assez intelligente, et rend hommage aux deux premiers [REC] !
    Du reste, le contexte (zombiblique) est le même que le 2, la lourdeur des explications en moins... ;)

    Merci d'avoir commenté !

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