samedi 28 avril 2012

| Le Film du samedi soir ¦ La Nuit des loosers vivants

Avant-propos : Avec ce concept de « Film du samedi soir », je choisis de vous parler d'un petit métrage qui me tient à cœur. Il s'agit, chaque semaine, de fouiller mes étagères de DVD pour mettre en avant une petite comédie sans prétention, une série B bien barrée, un film d'horreur poussiéreux, une aventure de gosses oubliée... Bref, sortir du placard des trucs qui me font vibrer et aimer le cinéma, des productions totalement mésestimées, méprisées ou méconnues, et que j'estime être le remède parfait pour vos silencieuses soirées de samedi. Et vous savez quoi ? ça tombe bien, ce soir, on est justement samedi...

La Nuit des loosers vivants de Mathias Dinter

Comédie avec zombies, Allemagne, 2004, 1H29
Avec Tino Mewes, Manuel Cortez, Collien Fernandes
Sortie le 9 septembre 2008 (DVD)

L'histoire : Afin d'augmenter leur potentiel de séduction, trois amis tentent un rituel vaudou dans un cimetière qui ne marche apparemment pas. Mais sur le chemin du retour, leur voiture a un accident. A leur réveil, ils sont devenus des zombies et ils s'aperçoivent qu'ils peuvent tirer avantage de leurs nouveaux corps...




En matière de films de contaminés, la tendance est très largement à l'épouvante-horreur. Des classiques les plus connus (la première trilogie de Romero), aux nouvelles pépites contemporaines (28 Jours plus tard, [REC] ou L'Armée des morts), le genre laisse peu de place aux autres styles. Et si on s'en éloigne, avec Braindead de Peter Jackson par exemple, on entre plus dans une sorte de « gore foutraquement drôle » qu'autre chose. Pour que le monde acclame un nouveau type de film de zombies, il faut d'ailleurs attendre le troisième millénaire. Instantanément culte et unanimement salué par la critique et le public, Shaun of the Dead de l'anglais Edgar Wright invente la « comédie romantique avec des zombies ». Nous sommes alors en 2005. Un an plus tôt, pourtant, sortait dans l'ombre des salles obscures allemandes le méconnu Die Nacht der lebenden Loser.


La Nuit des loosers vivants, puisque c'est son titre français (sans savoir pourquoi le « o » de « loser » a doublé), pourrait se résumer à " un American Pie chez les zombies ". Le pitch ressemble en effet aux films avec Stiffler et sa bande : un jeune (Philip), amoureux de la bombe de son lycée (Uschi) et entouré de ses deux meilleurs amis - l'un fumeur et adepte des MILF (Wurst), l'autre à lunette et souffre-douleur (Konrad) - se retrouve à organiser une fête dans la baraque familiale. Sans oublier une ou deux paires de seins nus. Le décor est planté. Sauf que sur cette trame classique de la comédie d'ado en pleine puberté, le réalisateur et scénariste Mathias Dinter saupoudre un contexte zombiesque.

Hommage au mythe du zombi vaudou

Le film commence d'ailleurs par un hommage au mythe du zombie lui-même. On y voit, en Haïti, un mort-vivant être flambé au lance-flamme, avant que ses cendres passent de mains en mains jusqu'à tomber dans celles de jeunes gothiques teutons. Cette origine liée au vaudou - qui voudrait que le « zombi » soit un mort réanimé par un sorcier dans le but d'accomplir diverses tâches - est l'ancêtre de toutes les autres, qui mettent en scène virus et autres expositions radioactives. Ce détail permet en outre au réalisateur d'installer une ambiance liée à la sorcellerie, et d'imaginer – pourquoi pas – une éventuelle résolution. Après tout, si le vaudou a créé cette chose, elle pourrait vous en débarrasser...

Mais avant d'en arriver là, La Nuit des loosers vivants demeure un excellent divertissement, naturellement tourné vers la comédie. Mathias Dinter tourne en dérision le mythe du mort-vivant : les trois héros, en étant frappés de cette étrange malédiction, sont avant tout satisfaits de se sentir immortels. Leur état de contaminés devient leur force, d'autant qu'ils n'ont rien perdu de leurs capacités mentales. Sur ce point, le réalisateur n'est pas vraiment honnête avec le mythe du zombie. Mais qu'importe : on assiste à des passages comiques liés à la putréfaction de leur corps (des oreilles et des... sexes qui se décrochent, raccommodés à l'agrafeuse) ou à leur appétit incontrôlable. Incontrôlable, comme leur camarade Konrad qui est bien décidé à prendre sa revanche sur la vie, avec cette soudaine invincibilité.



En quelques mots, la force surhumaine du zombie sert aux trois jeunes losers à retourner l'ordre des choses. Et, sans plus de prétention que de reluquer la belle Collien Fernandes en sous-vêtements, cette comédie de zombies, ou « zom com », est un pur moment de distraction. Sans être jamais sombre, effrayante ou horrifique (la scène du début est la seule à mettre le zombie dans le rôle du vilain), La Nuit des loosers vivants s'impose comme un parfait complément d'une soirée assaisonnée de pop corn.

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