mercredi 25 juillet 2012

| Avis ¦ The Dark Knight Rises, le meilleur pour la fin ?



The Dark Knight Rises de Christopher Nolan

 

Action, thriller, USA, 2012, 2H44
Avec Christian Bale, Gary Oldman, Tom Hardy 
Sortie le 25 juillet 2012



L'objectif : Il y a huit ans, Batman a disparu dans la nuit : lui qui était un héros est alors devenu un fugitif. S'accusant de la mort du procureur-adjoint Harvey Dent, le Chevalier Noir a tout sacrifié au nom de ce que le commissaire Gordon et lui-même considéraient être une noble cause. Et leurs actions conjointes se sont avérées efficaces pour un temps puisque la criminalité a été éradiquée à Gotham City grâce à l'arsenal de lois répressif initié par Dent. Mais c'est un chat – aux intentions obscures – aussi rusé que voleur qui va tout bouleverser. À moins que ce ne soit l'arrivée à Gotham de Bane, terroriste masqué, qui compte bien arracher Bruce à l'exil qu'il s'est imposé. Pourtant, même si ce dernier est prêt à endosser de nouveau la cape et le casque du Chevalier Noir, Batman n'est peut-être plus de taille à affronter Bane… 



Le subjectif : C'est bon, nous y voilà. Nous vivons les derniers instants du Chevalier noir. A l'issue de ce Dark Knight Rises, Batman rendra sa cape, et sa tenue de combat. En tout cas, c'est ce que Christopher Nolan a laissé entendre avant la sortie de ce troisième film tourné sous sa direction. Et avant de regarder, savourer et commenter cet ultime opus, force est de constater que le chemin parcouru par Nolan et son équipe, jusqu'ici, fût semé de lauriers. Des louanges à la pelle, des records tombés les uns après les autres (notamment pour le second volet), et des milliards de dollars engrangés ont installé la nouvelle ère de Batman dans le cœur des amateurs de Bruce Wayne, autant que dans l'histoire du cinéma. The Dark Knight Rises, qui s'annonçait à la hauteur de ses deux prédécesseurs, arguant d'un budget colossal (250 millions de $) et d'une promotion phénoménale, clôt-il la trilogie avec classe et beauté ?


Oui. La réponse est oui, et elle est sans équivoque. Même si on s'y attendait, ce dernier épisode se permet le luxe de surpasser les deux premiers. Et ce, malgré l'absence du Joker, ennemi intime et emblématique de Batman, ôté de l'équation par la tragédie de la mort de son magnifique interprète, Heath Ledger. Christopher Nolan et son frère Jonathan, co-scénariste fidèle depuis l'excellent thriller Memento, aidés de David S. Goyer, spécialiste de l'adaptation de comics, ont ainsi dû se mettre au travail pour façonner une dernière pierre à leur édifice. Exit le vilain aux cheveux verts et au sourire forcé, exit aussi Harvey Dent, alias Double-Face. On retrouve Gotham huit ans après sa mort, et la retraite contrainte du Chevalier noir. Et on retrouve un Gotham plongé dans le noir et la terreur, symbolisé par un des plus terrifiant méchants de l'univers de Bob Kane : le mercenaire Bane. Campé par un impressionnant Tom Hardy - que Nolan a déjà dirigé dans Inception - celui-ci rêve de lever une armée, briser Batman et détruire sa ville.

Comme dans le précédent opus, The Dark Knight Rises doit beaucoup à la performance hallucinante de son super-vilain. Moins sadique qu'avec le Joker, la guerre que mène Bane n'en pas moins dénuée d'horreur : le personnage que joue Tom Hardy est le mal incarné. Ou, du point de vue de l'intéressé lui-même, "le mal nécessaire". Cette noirceur plonge d'ailleurs progressivement le film de Nolan dans les ténèbres. Des ténèbres d'où le Chevalier noir, épris de doutes sur le bien-fondé de sa mission de protecteur de Gotham, et sur sa propre existence, a du mal à l'en déloger. Les états d'âme du héros sont ici encore plus chahutés que dans les deux précédents volets de la trilogie. Et si Batman sort de sa réserve et porte à nouveau le masque, il se pourrait que ce soit pour les mauvaises raisons. La prestation de ce protagoniste protéiforme, entre héros mystérieux et milliardaire fantasque, est toujours aussi bien maîtrisée par un Christian Bale sobre, mais efficace. Alternant plusieurs postures et visages différents (du reclus accablé au sauveur musclé, en passant par le prisonnier résigné), l'acteur signe certainement son rôle le plus abouti de la franchise.

Film de super-héros ou super film de héros ?

Face au duo Bane / Batman, quelques autres personnages font leur apparition. La plus connue étant sans doute Catwoman, immortalisée avec charme et sensualité par Michelle Pfeiffer, dans Batman : Le Défi de Tim Burton. Loin d'être aussi féline, Anne Hathaway convainc pourtant dans un rôle espiègle et acrobatique, qui relègue souvent les personnages masculins au rang de faire-valoir. Citons aussi Miranda Tate et John Blake, respectivement Marion Cotillard et Joseph Gordon-Levitt, deux petits rôles en apparence, mais diablement importants pour le déroulement de l'intrigue. Du côté des revenants, on retrouve avec plaisir le trio des indémodables : Alfred, le commissaire Gordon et Lucius Fox, tous trois servis par des acteurs de grand talent. Enfin, The Dark Knight Rises possède son petit lot d'apparitions, comme le retour, dans un rôle de "juge", du Dr Crane, alias l’Épouvantail. S'ils ne sont pas tous travaillés avec le même soin, ces personnages ont le même but : servir un récit encore une fois ultra-réaliste, et calibré à la perfection.

Sans trop en dévoiler, on peut dire que The Dark Knight Rises brille, outre par son excellence esthétique et son gigantisme technique, par quelques prises de positions politiques. Le film met en scène une révolution fomentée par Bane, qui vise, avant de détruire la ville de Gotham, à "la rendre au peuple". Bien évidemment servi par des moyens sanglants, ce dessein se traduit par un bouleversement de l'échelle sociale : les riches sont montrés du doigt, harcelés, exilés ou tués ; au profit des "gens d'en bas". L'emblème du capitalisme, Wall Street, en prend d'ailleurs pour son grade. Face à cette révolte orchestrée par Bane, subsiste la foi en l'ordre et la morale incarnée un temps par Batman - dont le statut de héros et le désir d'être un homme ordinaire s'entrechoquent - mais surtout par le jeune inspecteur Blake, que Gordon prend sous son aile. Avec eux, c'est l'ensemble des policiers de Gotham qui décident de se dresser contre cette nouvelle menace, donnant lieu à une scène de bataille aussi surréaliste que mémorable. Tous ces aspects nous rappelant qu'avant d'être une histoire ou un film de super-héros, Batman est un super film, ou une superbe histoire de héros.

Malheureusement, ces propos pourront être jugés trop minimalistes, ou insignifiants au vu de certains virages entrepris par le scénario. Si ceux-ci s'avèrent être trépidants et excitants par moments (notamment pour tous les fans de l'univers de Batman), ils peuvent lasser quand ils sont trop prévisibles. Car si le film semble être taillé pour s'inscrire dans l'histoire du septième art, satisfaisant autant les critiques que le public, il souffre encore de quelques maladresses. Ellipses ou mauvaises idées, elles ne plombent pas le travail de Christopher Nolan mais, au contraire, nous font espérer, ou rêver, qu'un jour, peut-être, nous aurons droit à un encore plus beau spectacle. Et après tout, le rêve, c'est un concept que maîtrise plutôt bien le réalisateur d'Inception, non ?

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