dimanche 15 juillet 2012

| Avis ¦ La Part des Anges, l'élixir de bonheur selon Ken Loach


La Part des Anges de Ken Loach


Comédie dramatique, UK, 2012, 1H41
Avec Paul Brannigan, John Henshaw, Gary Maitland
Sortie le 27 juin 2012 


(Compétition officielle - Cannes 2012 : Prix du Jury)

L'objectif : A Glasgow, Robbie, tout jeune père de famille, est constamment rattrapé par son passé de délinquant. Il croise la route de Rhino, Albert et la jeune Mo lorsque, comme eux, il échappe de justesse à la prison mais écope d’une peine de travaux d’intérêts généraux. Harry, l’éducateur qu’on leur a assigné, devient alors leur nouveau mentor en les initiant secrètement… à l’art du whisky ! De distilleries en séances de dégustation huppées, Robbie se découvre un réel talent de dégustateur, bientôt capable d’identifier les cuvées les plus exceptionnelles, les plus chères. Avec ses trois compères, Robbie va-t-il se contenter de transformer ce don en arnaque - une étape de plus dans sa vie de petits délits et de violence ? Ou en avenir nouveau, plein de promesses ? Seuls les anges le savent…



Le subjectif : Deux ans seulement après Route Irish, mais aussi et surtout six ans après avoir glané la Palme d'or avec Le Vent se lève, Ken Loach était de retour à Cannes. Et le moins que l'on puisse dire c'est que son cinéma a de nouveau conquis ses pairs, La Part des Anges ayant reçu le Prix du Jury présidé par Nanni Moretti. Débarqué quelques semaines plus tard sur nos écrans, il n'a pas tardé non plus à s'imposer à la critique comme un nouveau grand cru du réalisateur anglais, qui aligne les films comme d'autres les perles. Et tandis que Woody Allen semble s'essouffler, Ken Loach continue de séduire avec, ici, une comédie dramatique et surtout sociale, sur fond de whisky et d'Highlands écossais.


Et pour une fois avec le réalisateur britannique, le ton y est léger, tout comme le propos. Dans La Part des Anges, loin des conflits armés présents ou passés, Ken Loach raconte l'histoire de plusieurs petit(e)s délinquant(e)s qui échappent à la prison, mais pas aux travaux d'intérêt général. Toute la "bande" est alors encadrée par Harry (excellent John Henshaw, déjà croisé dans Looking for Eric), et conviée notamment à une dégustation de whisky, qui va changer leur vie... La vie de l'un d'entre eux en particulier, pour commencer : Robbie. Ce jeune père de famille fraîchement condamné pour coups et blessures, et qui se sait habité par le démon de la baston, va se découvrir un véritable talent de "nez". Un atout olfactif qui lui permettra assurément de donner un nouveau sens à son existence. Seulement voilà, les habitudes sont ce qu'elles sont dans les bas quartiers de Glasgow, et les mauvais choix ont vite fait de s'imposer à Robbie...

Qui dit "comédie sociale", dit "comédie"

Et en fin de compte, même si la morale s'en trouve parfois chahutée, Ken Loach montre avec La Part des Anges comment une poignée de laissés pour compte parvient à s'en sortir. Le réalisateur est évidemment aidé par un quatuor de jeunes acteurs prometteurs, qui donnent de l'humanité et de l'émotion à ce récit social. C'est un peu le peuple d'en bas qui se débat pour s'en sortir, et qui, pour cela, tire profit des exubérances que provoquent parfois ceux d'en haut (je n'en dirai pas plus). Mais que les choses soient claires, si l'histoire de ces jeunes promet(tait) beaucoup de coups et de douleur, voire de larmes, force est de constater qu'elle produit également son lot de rires. Et c'est en grande partie dû aux acteurs, qui insufflent à ces personnages si différents un souffle et une énergie bienfaiteurs.


Dans la bande, justement, on retrouve d'abord Robbie, le leader naturel, sans doute le plus intelligent mais également celui qui a le plus de mal à se contrôler ; Mo, l'irréductible chapardeuse ; Albert, l'ahuri à lunettes et expert en pots cassés ; et Rhino, le bon gars. Embarqués dans leur folle aventure, ils vont parcourir l’Écosse, de Glasgow à Édimbourg, en passant par les "Hautes terres", pour tenter de goûter au plus grand "nectar des Dieux" en même temps qu'à une vie meilleure. Et que dire sinon que le spectateur, lui, en les voyant se balader en kilt, plein de mauvais plans en tête, prend un grand bol d'air frais. Mieux, il se délecte de cet élixir de bonheur concocté par Ken Loach. Un mélange de passion, de fougue et d'éclats de rires qui n'a rien à envier à la meilleure bouteille de whisky, voire d'Irn-Bru...


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