mercredi 18 juillet 2012

| Avis ¦ Effraction, very bad twist(s)




Effraction de Joel Schumacher


Thriller dramatique, USA, 2011, 1H30
Avec Nicolas Cage, Nicole Kidman, Ben Mendelsohn
Sortie le 18 juillet 2012


L'objectif : L’existence de la famille Miller peut sans problème passer pour idéale. Kyle, négociant en diamants, et Sarah, architecte, vivent confortablement avec leur fille Avery, une adolescente un peu rebelle, dans une luxueuse demeure ultra sécurisée que Sarah a d’ailleurs dessinée. Un soir, après une dispute avec sa mère, Avery monte s’enfermer dans sa chambre. Lorsque deux policiers se présentent à la propriété en demandant à voir tout le monde, les Miller s’aperçoivent qu’Avery est partie… Kyle ouvre pour accueillir les policiers, et le cauchemar commence...



Le subjectif : Il y a quelques années, un projet réunissant Joel Schumacher, Nicolas Cage et Nicole Kidman aurait pu susciter émoi et excitation. Le premier a fait quelques bons films (Tigerland, Phone Game, Chute Libre...), les deux autres sont, ou ont été de grands acteurs. Seulement voilà, depuis quelques temps le réalisateur new-yorkais alterne le médiocre (Le Nombre 23, Blood Creek) et le mauvais (Le Fantôme de l'Opéra, Twelve), tandis que Kidman et Cage enchaînent les mauvais choix. Si c'est surprenant pour l'actrice d'Eyes Wide Shut, ça l'est moins pour le "ghost rider", décidément habitué à des rôles habités et imbitables. Rien qu'en 2012, Nicolas Cage aura montré sa tête dans cinq films. Et inutile de dire que depuis Kick-Ass, il y a deux ans, peu de ses prestations ont marqué les esprits. Soit, voilà dans quel état il faut appréhender ce projet : Effraction. Un film sorti l'automne dernier aux États-Unis, directement en DVD...




Le pitch ? Un thriller "dramatique" tourné en huis-clos, ou presque. La caméra s'extirpant une ou deux fois hors de la maison des Miller, interprétés par Nicolas Cage (le père) et Nicole Kidman (la mère). Avec leur jeune fille rebelle et fougueuse (attention, ceci n'est presque pas un cliché), ils vont subir l'assaut d'un quatuor de cambrioleurs bien décidés à leur faire la peau. A moins qu'ils ne veuillent simplement leur argent. Ou leurs bijoux. Ou un rein, pour sauver leur mère battue par un mari alcoolique... Attendez. Minute. Le scénario s'emballe (et cent balles, c'est déjà bien assez cher), les cheveux de notre cher Nicolas également, et les coups pleuvent. Les méchants tapent sur les gentils ; lesquels ont des choses à cacher, car ils sont pas si gentils ; en fait si, c'était juste un piège des méchants, dérangés psychologiquement ; enfin pas tous, il y a parmi les méchants des gentils ; et si on appelait Luc Besson ?

Une (mauvaise) leçon de twist

Perdus ? C'est normal, et je vous préviens, vous le serez sûrement en regardant Effraction. Car le script change d'orientation toutes les deux secondes. A ce rythme là, on ne parle plus de twist, mais de valse à mille temps. Heureusement, le lieu de l'intrigue varie peu. Mais les retournements de positions des personnages, eux, ne se privent pas. Plus rien n'a de sens, le spectateur ne peut croire en rien, car tout ce qui est dit ou montré comme solide et acquis disparaît l'instant d'après. Tout a l'air compliqué et imbriqué, alors qu'en réalité la résolution de chaque intrigue n'a aucune répercussion. Et le film est truffé de flashbacks inutiles, de plans foireux et d'aberrations. Exemple avec les cambrioleurs, qui s'infiltrent tout d'abord dans la maison des Miller grâce à d'astucieux déguisement (j'aime l'ironie), avant de progressivement "tomber le masque". Se montrer autant de fois à visage découvert quand on doit préserver son identité secrète relève du problème de comportement. Il faut absolument que ces jeunes gens aillent consulter, et qu'ils en profitent pour amener Peter Parker avec eux.



Bref, Effraction part dans tous les sens, et ne semble jamais vouloir en finir avec nous. Mais le pire, c'est que ce côté "foutraque" n'a rien de sympa, ou d'attrayant. Ce désordre n'est pas voulu par Schumacher, il dénote très clairement un manque de sérieux du réalisateur. Et la prestation des acteurs n'arrange en rien ce constat peu flatteur. Nicole Kidman est tout simplement ridicule en mère de famille tantôt effrayée, tantôt manipulatrice. Nicolas Cage, fidèle à lui même, se démène dans une chorégraphie faite de gesticulations et de grimaces, en vain. Autant dans Bad Lieutenant, avec un thérapeute comme Werner Herzog, la folie de son jeu se savourait avec délectation, autant dans Effraction, miné par la direction d'acteur "je-m'en-foutiste" de Schumacher, qui ne croyait vraisemblablement pas en ce projet, Nicolas Cage semble se débattre comme un acteur à l'agonie. Face aux dernières heures de sa vie, de sa carrière, cerclé de flammes telles les ailes de l'enfer, il cherche à s'en extirper pour renaître, une fois de plus, dans une nouvelle production. Enfin à la hauteur de son talent ?

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