lundi 18 février 2013

| Avis ¦ Flight, voyage intime et alcoolisme



Flight de Robert Zemeckis


Drame, USA, 2013, 2H02
Avec Denzel Washington, Don Cheadle, Kelly Reilly  
Sortie le 13 février 2013


L'objectif : Whip Whitaker, pilote de ligne chevronné, réussit miraculeusement à faire atterrir son avion en catastrophe après un accident en plein ciel… L’enquête qui suit fait naître de nombreuses interrogations… Que s’est-il réellement passé à bord du vol 227 ? Salué comme un héros après le crash, Whip va soudain voir sa vie entière être exposée en pleine lumière.



Le subjectif : Après Luke Skywalker et Indiana Jones, les années 1980 accueillaient un héros charismatique et aventurier : Marty McFly. Un personnage, campé par le regretté Michael J. Fox, qui évoluait dans un univers SF rendu crédible grâce à des techniques avant-gardistes. La trilogie Retour Vers le Futur marquait ainsi les esprits de toute une génération, en même temps qu'il y faisait entrer son jeune réalisateur : Robert Zemeckis, âgé de 34 ans au moment de la sortie du premier épisode. Tout au long de sa carrière, ce grand ami de George Lucas et Steven Spielberg n'a eu de cesse de réinventer le cinéma à grand spectacle. Après avoir fait voyager Tom Hanks à travers l'Histoire (Forrest Gump), ou l'avoir abandonné sur une île déserte (Seul au Monde), après avoir mêlé Bob Hoskins à des personnages de dessin animé (Qui veut la peau de Roger Rabbit ?) et s'être attelé - avec plus ou moins de réussite - à façonner des films en motion capture (Le Pôle express, Beowulf, Le Drôle de Noël de Scrooge), Robert Zemeckis nous convie à un nouveau voyage.


Quatre ans après son dernier essai en images de synthèse, le réalisateur revient au "vrai" cinéma. Flight est un drame qui raconte la descente aux enfers d'un pilote de ligne (Whip Whitaker, incarné par Denzel Washington), passé de héros à criminel en quelques minutes. Son exploit ? Avoir posé un avion voué au crash, et sauvé de nombreuses vies humaines. Son tort ? L'avoir fait sous l'empire de l'alcool. Dès lors, l'extraordinaire pilote qui a sauvé 98 passagers (et qui n'aura plus jamais à se payer un verre, dixit son ami Harling Mays, joué par John Goodman) devient celui qui a causé la mort de six d'entre eux. Il est la cible d'une enquêtrice teigneuse (Ellen Block, alias l'excellente Melissa Leo), et se retrouve de plus en plus isolé. Sans famille (son ex-femme ne veut plus le voir ; son fils le rejette violemment), et presque sans ami, le commandant de bord n'est plus maître de rien. D'autant que son problème d'alcool n'est pas qu'une circonstance aggravante dans un procès à venir, mais un mal bien profond.

Boire et conduire

Le spectacle entrevu au début du film - l'exceptionnelle séquence du crash, qui scotche le spectateur à son strapontin - laisse place à un drame poignant sur l’alcoolisme. Seul et malhabile avec les rares personnes qui lui tendent une main (son ancien collègue, son avocat et Nicole, une jeune héroïnomane), le personnage de Whip Whitaker est bouleversant. A ce titre, le jeu de Denzel Washington (coqueluche de Tony Scott, et oscarisé pour Training Day en 2002) est fabuleux de réalisme. On est peut-être loin de la performance théâtrale d'un Daniel Day Lewis, mais les mimiques, le comportement de l'acteur sont remarquables. On sent parfaitement la détresse de cet homme abandonné et malade, en proie aux mensonges, aux alibis, aux accès de rage et de violence que lui causent l'alcool. A ses côtés, les belles performances de tous les autres acteurs sont elles aussi à souligner, à commencer par son avocat (Don Cheadle, qu'on retrouvera au printemps dans Iron Man 3) et Nicole, la jeune toxicomane qui cherche à l'entraîner avec elle vers la guérison. Elle est incarnée par la suave Kelly Reilly, que Cédric Klapish avait révélé dans L'Auberge espagnole.



Si l'on ferme les yeux sur quelques défauts ou facilités scénaristiques (comme le sauvetage aérien, peu probable au vu de la situation de l'aéronef), la force de Flight réside dans sa faculté de passionner le spectateur pour son histoire forte et intime, en lui transmettant beaucoup d'émotions. Loin de faire pousser la "larmichette" à ses personnages à tout bout de champ, Robert Zemeckis y parvient notamment en ajoutant à son récit une chouette bande-son, et certaines scènes clés. Drôles (presque toutes celles où John Goodman apparaît) ou surréalistes (la rencontre de Nicole et Whip dans les escaliers de l'hôpital, où surgit un étrange et loquace cancéreux en phase terminale), elles viennent confirmer le retour en forme du conteur d'histoire de génie qu'il n'a jamais cessé d'être. Alors un conseil : attachez bien votre ceinture, et décollez avec lui. Vous ne serez pas déçus du voyage.

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