mercredi 6 février 2013

| Avis ¦ Gangster Squad, L.A. noire et stylisée

Gangster Squad de Ruben Fleischer

Action, thriller, drame, USA, 2013, 1H53
Avec Ryan Gosling, Josh Brolin, Sean Penn   
Sortie le 6 février 2013


L'objectif : Los Angeles, 1949. Mickey Cohen, originaire de Brooklyn, est un parrain impitoyable de la mafia qui dirige la ville et récolte les biens mal acquis de la drogue, des armes, des prostituées et – s’il arrive à ses fins – de tous les paris à l’ouest de Chicago. Tout ceci est rendu possible par la protection, non seulement des hommes de mains à sa solde, mais également de la police et des hommes politiques qui sont sous sa coupe. Cela suffit à intimider les policiers les plus courageux et les plus endurcis… sauf, peut-être, les membres de la petite brigade officieuse de la LAPD dirigée par les Sergents John O’Mara et Jerry Wooters qui, ensemble, vont tenter de détruire l’empire de Cohen.



Le subjectif : Ceux qui ont vu les deux premiers films de Ruben Fleischer (Zombieland et 30 Minutes Maximum) s'en sont rendu compte : le gamin de Washington (38 ans tout de même) est un adepte du cinéma stylisé. Au même titre que Zack Snyder ou Joe Carnahan, Ruben Fleischer use (et abuse, parfois) d'effets visuels en tous genres pour ses productions. On se rappelle par exemple du superbe générique d'introduction de Zombieland, plein de lettres de sang, de ralentis et de bon gros son (Metallica - For Whom The Bell Tolls). Pour tous ceux qui ne l'auraient pas (encore) vu, et puis pour faire plaisir aux autres, un petit rappel de cette magnifique scène :




Dès le début de son troisième long-métrage, on reconnait ainsi la patte du réalisateur. Sa caméra s'attarde sur un Sean Penn en plein effort, prenant bien soin de capter toute la tension et la force que rejette l'acteur : ses poings qui s'abattent sur un sac de boxe, ses muscles qui se bandent et se débandent, les grimaces qui tuméfient son visage plein de prothèses. Après ce passage, ce même personnage (Mickey Cohen, parrain juif de la mafia du Los Angeles des années 1940) ordonne l'exécution par écartèlement d'un de ses ennemis : le spectateur bascule avec Ruben Fleischer dans un tout autre registre. Exit le monde post-apocalyptique dominé par les zombies. Oubliées, les frasques d'apprentis preneurs d'otages. Gangster Squad raconte l'histoire vraie d'une bande de flics de Los Angeles déterminée à faire tomber la mafia.



A l'origine de cette traque, il y a le chef de la police de LA, Bill Parker (campé par un Nick Nolte qu'on avait perdu de vue). Alors que toute la ville semble être corrompue par Mickey Cohen et ses hommes, Parker demande à son officier le plus virulent de mettre un terme aux agissements de la mafia. Au lieu d'ordonner la chasse de Cohen, il préconise le sabotage de toutes ses opérations, afin d'anéantir son influence à Los Angeles. L'heureux élu est le sergent John O'Mara, incarné par le magnifique et imposant Josh Brolin (No Country For Old Men, Men In Black 3). Ce dernier réunit alors une équipe de choc, une escouade de grandes gueules et de francs tireurs pour délivrer sa ville de la pègre. La mission s'avère délicate et risquée, d'autant plus que la "Gangster Squad" n'agira pas en tant que force de police. O'Mara met ainsi ses hommes en garde : "Il n'y aura pas de médailles, pas de promotion, pas d'insigne. On ne résout pas une enquête, on part en guerre !"

You lose everything and you win the war : you're a hero. You lose everything and you lose the war : you're a fool.* - John O'Mara (Josh Brolin)

Les six justiciers présentent chacun des caractéristiques différentes. Et, même si l'on sait que le récit de Ruben Fleischer est calqué sur l'histoire vraie - révélée dans le Los Angeles Times en 2008, soit après six décennies de silence - on sait aussi que ce défilé de personnages fonctionne très bien au cinéma. On a donc, dans le désordre : le gros dur à la gueule d'ange (Ryan Gosling, monstrueux dans Drive), le flic noir intègre (Anthony Mackie, l'acteur qui monte depuis Démineurs), le petit génie de service (Giovanni Ribisi), la fine gâchette (Robert Patrick, le T-1000 de Terminator 2) et son acolyte issu de la minorité visible (Michael Peña). En sus, Ruben Fleischer ressort du placard une actrice qu'il a aidé à révéler : Emma Stone. Dans Gangster Squad, elle joue la femme fatale (une Jessica Rabbit en chair et en os), objet de convoitise et de courroux entre Mickey Cohen et la belle gueule de l'escouade (Jerry Wooters, incarné par Gosling).



Très vite, la sauce prend entre des acteurs talentueux et une mise en scène racée et audacieuse (la séquence de l'évasion, avec ses nombreux arrêts sur images est, à ce titre, fabuleuse). Le rythme est pêchu : la traque est semée d'embuches pour les hommes du sergent O'Mara, et tout est très bien orchestré par Ruben Fleischer. De plus, même si les décors sont limités, l'immersion dans le Los Angeles du milieu du siècle dernier est assez réussie. Seule ombre au tableau : l'apparente incapacité qu'a le réalisateur à filmer les scènes touchantes. Sans rien révéler du scénario, il est évident que Gangster Squad est un film noir et réaliste et que, par conséquent, il ne ménage pas le spectateur. Or, s'il est clair qu'il sait le divertir et le faire rire, on a l'impression qu'il peine à l'émouvoir. Dommage, le troisième long-métrage de Ruben Fleischer avait de beaux arguments, malheureusement encore une fois trop superficiels.

* Tu perds tout et tu gagnes la guerre : tu es un héros. Tu perds tout et tu perds la guerre : tu es un imbécile.

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