jeudi 21 février 2013

| Avis ¦ Les Misérables, une (mauvaise) chanson sans fin





Les Misérables de Tom Hooper


Drame musical, UK, 2012, 2H30
Avec Hugh Jackman, Russell Crowe, Anne Hathaway
Sortie le 13 février 2013


L'objectif : Dans la France du XIXe siècle, une histoire poignante de rêves brisés, d'amour malheureux, de passion, de sacrifice et de rédemption : l'affirmation intemporelle de la force inépuisable de l'âme humaine.  Quand Jean Valjean promet à Fantine de sauver sa fille Cosette du destin tragique dont elle est elle-même victime, la vie du forçat et de la gamine va en être changée à tout jamais.



Le subjectif : C'est avec appréhension et envie que je suis allé voir Les Misérables. D'un côté, cette énième adaptation du roman homonyme de Victor Hugo (adaptation de la comédie musicale tirée de l’œuvre de l'écrivain français, plus précisément), qui plus est en langue anglaise, m'inquiétait comme bon nombre de spectateurs français, j'imagine. D'un autre côté, la bande-annonce et sa chanson poignante (I Dreamed a Dream, interprétée par Anne Hathaway, nommée aux Oscars pour ce rôle) avaient fini par me convaincre. Après tout, j'ai adoré les comédies musicales Hairspray et Hair, ainsi que d'autres productions chantées (le film South Park, l'épisode My Musical de la série Scrubs, et bien d'autres), alors pourquoi pas l'histoire de Jean Valjean ?



Malheureusement, j'étais dans l'erreur. Et je m'en suis rendu compte rapidement, dès que j'ai compris que l'histoire allait se résumer à des chansons pleines de bons sentiments, de lieux communs et autres bondieuseries... L'histoire de ces Misérables se résume à ses dizaines de passages chantés et ronflants, qui "rythment" ses 2h30. Un engrenage fort désagréable, d'autant plus que l'air de I Dreamed a Dream (la chanson de la bande-annonce) est repris de nombreuses fois, comme pour souligner le cruel manque d'originalité et d'ambition du film. Au final, seule la dernière chanson (et sa mise en scène), portée par tous les protagonistes, a réveillé en moi un semblant d'émotion. Le reste du temps, la manière qu'a Tom Hooper (pourtant oscarisé en 2011 pour Le Discours d'un Roi) de filmer en gros plan ses acteurs, et de leur tourner autour alors qu'ils s'époumonent, m'a laissé de marbre. Un ennui profond bien loin de l'émoi que devrait susciter une œuvre inspirée des Misérables de Victor Hugo.

Pas un brin de causette !

Il faut dire qu'à force de chanter à tout va sur la vie, l'amour, l'amitié, la mort, le repentir, la justice, etc., les personnages de Tom Hooper ne révèlent aucune profondeur. Pire, ils restent "dans leur monde", n’interagissant presque jamais avec leurs congénères, si ce n'est pour leur crier à la figure (quelle salle manie de faire chanter deux protagonistes en même temps !). Résultat : même si le film dure, dure, dure (2h30), rien ou peu de chose s'y passe. Ce pourrait être un détail pour n'importe quel long-métrage, mais il s'agit des Misérables. Le réalisateur se contente d'enchaîner les scénettes comme autant de peintures vides. L'absence de scènes d'explication, plus historiques que jolies à regarder (ou écouter) se fait cruellement sentir. Et je passerai sous silence certaines erreurs ou oublis (Fantine n'est pas brune mais blonde, Gavroche est le fils des Thénardier, etc.) On a la désagréable impression que tout ne sert qu'à dévoiler, petit à petit et dans les meilleures conditions, chacun des (nombreux) acteurs à l'affiche.

Le casting, justement, est un élément important de toute comédie musicale. Ici, on se doute que le film reposera sur la dualité Valjean / Javert, comme c'est le cas dans chaque version des Misérables. D'ailleurs, dès les premières minutes, on assiste aux tours de chants de l'un (Valjean, incarné par Hugh Jackman, qui succède ainsi à Gabin, Ventura, Belmondo et Depardieu), et de l'autre (Javert, campé par Russell Crowe). Outre ces deux personnages (dont les prestations, déjà pas exceptionnelles, se délitent au fil de l'intrigue), nos oreilles découvrent les voix d'Anne Hathaway (la dernière Catwoman reprend le rôle de Fantine, pour lequel elle a perdu beaucoup de poids, de larmes et de cheveux), ou encore de l'insignifiante Amanda Seyfried, qui joue Cosette. Seule celle qui incarne Eponine, la jeune chanteuse Samantha Barks, sort son épingle du jeu. Comme pour rappeler aux producteurs qu'une bonne comédie musicale doit, faute d'autres choses, être portée par de bons interprètes. Heureusement, de tout ce marasme sortent quelques instants de bravoure, comme tous les passages où apparaît le couple Thénardier. Le jeu des deux acteurs (Helena Bonham Carter et Sacha Baron Cohen) rappelle avec délice Sweeney Todd (la comédie musicale très noire de Tim Burton), et m'a personnellement fait sortir de ma torpeur.

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