mardi 16 juillet 2013

| Avis ¦ Pacific Rim, quand l'action épique tutoie le sublime


Pacific Rim de Guillermo del Toro 

 

Action, fantastique, SF, USA, 2013, 2H10
Avec Charlie Hunnam, Idris Elba, Rinko Kikuchi
Sortie le 17 juillet 2013


L'objectif : Surgies des flots, des hordes de créatures monstrueuses venues d’ailleurs, les «Kaiju», ont déclenché une guerre qui a fait des millions de victimes et épuisé les ressources naturelles de l’humanité pendant des années. Pour les combattre, une arme d’un genre nouveau a été mise au point : de gigantesques robots, les «Jaegers», contrôlés simultanément par deux pilotes qui communiquent par télépathie grâce à une passerelle neuronale baptisée le «courant». Mais même les Jaegers semblent impuissants face aux redoutables Kaiju. Alors que la défaite paraît inéluctable, les forces armées qui protègent l’humanité n’ont d’autre choix que d’avoir recours à deux héros hors normes : un ancien pilote au bout du rouleau (Charlie Hunnam) et une jeune femme en cours d’entraînement (Rinko Kikuchi) qui font équipe pour manoeuvrer un Jaeger d’apparence obsolète. Ensemble, ils incarnent désormais le dernier rempart de l’humanité contre une apocalypse de plus en plus imminente….



Le subjectif : Depuis Blade II, en 2002, Guillermo del Toro avait pris la bonne habitude de sortir un nouveau film tous les deux ans. Le réalisateur mexicain, auteur auparavant de Mimic ou L'Echine du diable, s'était ainsi fait connaître du grand public, mais s'était surtout constitué son "fan club". Après le vampire incarné par Wesley Snipes, del Toro a mis tout le monde d'accord avec un autre super-héros : Hellboy. Le temps de deux films aussi géniaux que boudés par le public, Guillermo del Toro s'est forgé une étiquette de "faiseur de monstres" qui n'a pas disparu - loin de là - avec Le Labyrinthe de Pan, son film le plus personnel. Sorti en 2006 et acclamé par la critique, il a précédé un Hellboy II : Les Légions d'or maudites, qui fût une déception au box-office. Après cinq années de silence (et le projet avorté de Bilbo le Hobbit), le Mexicain est de retour avec le long-métrage le plus ambitieux, le plus cher et le plus attendu de sa longue carrière : Pacific Rim.




Doté d'un budget de près de 200 millions de $ (quand Hellboy 2 en avait coûté 80), ce film est surtout une histoire originale, coécrite par Guillermo del Toro. Pacific Rim met en scène notre planète, confrontée à une invasion extra-terrestre pour le moins surprenante, puisque celle-ci s'organise depuis les profondeurs de l'océan Pacifique. Depuis une brèche, plus précisément, où un portail vers un autre monde laisse échapper de terribles monstres géants. Pour combattre ces "Kaijus" (en japonais : "bêtes mystérieuses"),  les Hommes de tous pays s'unissent pour créer des robots tout aussi énormes, contrôlés simultanément par deux pilotes inter-connectés : les "Jaegers" (de l'allemand "chasseurs"). Malheureusement, le projet est abandonné au profit de la construction d'un mur censé retenir les monstres. Une résistance va alors se former, sous les ordres d'un militaire haut-gradé (Idris Elba), et grâce à la réunion des meilleurs (et des derniers) pilotes de Jaegers. Après une introduction assez courte (mais bien plus intense que le reste du film, scénaristiquement parlant - j'y reviendrai), on entre dans le vif su sujet : des combats entre monstres et robots, entre "Godzillas" de toutes sortes et colosses de métal encore plus stylés et énormes que les Transformers de Michael Bay...

Un cadeau cinématographique en 3D mais sans relief

Prenant place dans un univers pré-apocalyptique situé dans un futur très proche, Pacific Rim contient tout ce dont Guillermo del Toro affectionne : des (gros) monstres, une atmosphère et des décors sombres (pas une fois on ne verra le Soleil), un monde mêlant fantastique et réalisme (un robot et un monstre géant qui s'empoignent sur la baie de Hong-Kong, par exemple), et, surtout, une succession de "choses" organiques et mécaniques. Des larves et des insectes, mais aussi des armes rutilantes et des usines, bref, du gluant et de l'acier : on retrouve tous les attributs visuels du réalisateur. L'horloge, si chère à Guillermo del Toro, est même présente sous la forme d'un énorme compte-à-rebours qui est remis à zéro après chaque attaque de Kaiju... Toute sa patte se retrouve donc dans Pacific Rim. A une différence près, peut-être : ici, tout est plus grand.

Pacific Rim réalisera d'ailleurs le rêve de nombreux spectateurs, qui auront à n'en pas douter les yeux grands ouverts devant tant d'action et de spectacle "bigger than life". Car les affrontements entre Kaijus (tous plus hideux et terrifiants les uns que les autres) et Jaegers (au nombre de quatre : australien, russe, chinois et américain, celui du héros) n'arrêtent (presque) jamais. Ces combats, dans l'eau, dans les airs ou en pleine ville, laissant admirer le talent de Guillermo del Toro pour la mise en scène de ces séquences nerveuses et violentes, qui en mettent plein la vue. Visuellement et techniquement, c'est tout simplement bluffant. Grisant, car fluide et terriblement fun, Pacific Rim est donc un spectacle cinématographique que les amateurs d'animation et de "mecha" japonais (Evangelion, Gantz, Akira, etc.), ou de monstres géants (Godzilla, entre autres) devraient savourer à sa juste valeur.

Mais, parallèlement à tous ces atouts esthétiques, le long-métrage pèche sur plusieurs points. Déjà, son histoire ne parvient jamais à bouleverser le spectateur : l'émotion n'est tout simplement pas au rendez-vous. De plus, le scénario est très classique, sans aucune surprise (le dénouement, vu et revu, en est presque comique), et, s'il introduit un nouvel univers et des personnages originaux, il ne prend jamais le temps de les approfondir. Le héros paraît du reste bien fade, campé par un illustre inconnu (Charlie Hunnam), si bien qu'on n'arrive jamais à croire en son histoire. Côté casting, les rares satisfactions viennent de la jeune japonaise Rinko Kikuchi et de l'immense Idris Elba (qui s'offre le luxe de stopper l'apocalypse), ou, brièvement, de quelques seconds rôles (Charlie Day et Ron Perlman), même si leur potentiel comique finit par s'essouffler. Dommage, car Pacific Rim, avec une histoire un peu plus travaillée, des relations entre personnages plus approfondies et des écueils scénaristiques évités, aurait pu être bien plus que le meilleur blockbuster d'un été.

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